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Artch, synonyme d’artiste-entrepreneur

Artch, synonyme d’artiste-entrepreneur

Depuis le 9 et jusqu’au 13 septembre, Artch, art contemporain émergent réinvestit le centre-ville montréalais par le biais du Square Dorchester pour la troisième édition de son exposition à ciel ouvert. Depuis son lancement en 2018, née d’une collaboration entre Art Souterrain, JACK Marketing et le Carrefour jeunesse-emploi Montréal Centre-Ville, l’initiative se donne pour mission d’identifier, de former et de diffuser l’art émergent contemporain ainsi que les artistes qui se cachent derrière. La particularité d’Artch? Son programme de formation en entrepreneuriat culturel pour les artistes sélectionnés, une bourse de 1000$ et un cursus de 52 heures dont l’aboutissement se reflète au sein de l’exposition.

Rencontre avec Sarah Kitzy Gineau-Delyon, directrice d’Artch.

Sarah Kitzy Gineau-Delyon, directrice d’Artch. Crédit photo: Céline Sarr

Peux-tu nous en dire plus sur la formation d’Artch en entreprenariat culturel: ses particularités, ses bénéfices?

On a remarqué que c’était difficile pour les finissants de l’UQAM et Concordia – les deux universités avec des baccalauréats en arts – de se professionnaliser et de devenir un artiste. L’université leur apprend à théoriser leur pratique, à avoir une production solide et à approfondir leur pensée, mais on ne leur apprend pas à vendre une œuvre, faire des factures ou un site internet, à gérer des droits d’auteur ou à négocier un contrat.

C’est là qu’on intervient pour faire comprendre aux artistes qu’ils sont des auto entrepreneurs. Ils ont leurs œuvres, des stocks, une boutique, des ventes et une image de marque à gérer. Il faut budgétiser, réfléchir aux coûts de production, aux revenus et aux dépenses, donc c’est ce qu’on essaie de leur transmettre: réfléchir à sa carrière artistique comme un entrepreneur. Quel artiste voudrais-je devenir dans dix ans? Est-ce que je veux être un artiste international, local, enseignant ou qui s’intégrera dans les marchés de l’art? Il y a plusieurs profils de carrière et on les aide à clarifier leur projet.

À quoi peut-on s’attendre pour la troisième édition de l’exposition?

Il y a 19 artistes dont trois performeurs. Sur les seize qui font des pratiques «objets» pour ainsi dire, il y a de tout. Cette année, les médiums sont de plus en plus éclectiques. Je dirais que ce sont des artistes multimédiums, il n’y a plus d’artiste qui fait juste une chose: on a des artistes qui font de la peinture, du textile appliqué, etc. C’est ce qui est intéressant: on a encore un large panel de profil d’artistes.

Pour cette année – un peu particulière avec la COVID – toutes les activités se feront en ligne. On a quand même des activités sur place avec des médiateurs. Toutes les œuvres seront à vendre sur place mais aussi à partir du 13 septembre via une plateforme en ligne.

MONTREAL, CANADA, 09 SEPTEMBRE 2020. Art Souterrain, le Carrefour jeunesse-emploi Montreal Centre-Ville (CJE) et Jack Marketing dévoilent aujourd’hui le programme Artch 3e edition. Destiné aux artistes émergents québécois en art contemporain, ce programme a pour mission d’outiller et d’accompagner les artistes dans leurs projets d’entrepreneuriat artistique.
Crédit photo: Thierry du Bois

Comment les artistes sont-ils sélectionnés? Est-ce aussi en collaboration avec le Carrefour jeunesse-emploi?

Pour la sélection, il y a chaque année cinq membres qui constituent le jury, souvent des artistes, des commissaires d’exposition ou des travailleurs culturels. Cette année, on a reçu près de 200 dossiers et il y en a 19 qui ont été retenus. L’implication du Carrefour jeunesse-emploi Montréal Centre-Ville est toute autre, car Artch est aussi un projet d’insertion professionnelle. Il est important de dire qu’il n’y a pas de bénévolat. Tous les gens qui sont embauchés à Artch sont des jeunes entre 18 et 35 ans qui peuvent ne pas parler français ou pour qui il s’agit de leur premier emploi.

Qu’est-ce qui, par ton expérience, t’as donné envie de rejoindre un projet comme Artch? 

Art Souterrain et le Carrefour jeunesse-emploi Montréal Centre-Ville sont venus me trouver pour monter ce projet quand il n’était encore que poussière. Quand on m’en a parlé, j’ai tout de suite embarqué, car il y a un côté social qui m’intéresse. Je fais partie de ces gens qui pensent que l’art peut changer le monde. C’est ce côté un peu idéaliste et social qui me plaît beaucoup dans ce projet.

En tant que travailleuse culturelle, c’est du pain béni pour moi, il y a tout à faire et ça fonctionne bien. Les artistes sont très contents et on est très satisfaits de l’aboutissement du projet à sa troisième année!

Crédit photo: Thierry du Bois

Avez-vous des retours d’expériences d’artistes des précédentes éditions?

Oui, beaucoup! Il y a plusieurs artistes qui ont beaucoup exposé par la suite. On essaie de garder des relations avec les artistes, on continue de leur proposer des contrats pour des expositions, on met encore beaucoup en relation les artistes avec le milieu des affaires ou avec les lieux culturels, ils ont donc pas mal de débouchés après Artch.

Encore hier, un artiste de la cohorte de 2019 me disait qu’un galeriste est venu faire une visite d’atelier chez lui. Il avait entendu parler de lui à Artch. On a beaucoup de paroles d’artistes qui nous disent qu’Artch les a vraiment aidés à s’organiser, à avoir le déclic sur le fait qu’être artiste c’est presque 50% de production et 50% d’entrepreneuriat.

Artch

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