Une tartinade réalisée uniquement avec des ingrédients naturels, qu’est-ce que ça donne? Quentin Ryckaert et Vincent Coja en ont conçu trois à base de chocolat et de noisette sous l’appellation Allo Simonne. Les deux Belges installés à Montréal ont depuis 2017 développé des collaborations et huit recettes sont aujourd’hui disponibles en magasin ainsi que sur leur site internet.
Quentin Ryckaert est diplômé de l’École Hôtelière Provinciale de Namur et a travaillé pour le chocolatier Frédéric Blondel avant d’arriver au Canada. Ce dernier a développé un grand intérêt pour les tartinades, mais n’en trouvait pas à son goût ici. Qu’à cela ne tienne, il décide d’en fabriquer à la maison avec son conjoint Vincent Coja, qui à l’époque était couvreur. Parallèlement, ses emplois à la Pâtisserie Rhubarbe puis chez Patrice Pâtisserie [la pâtisserie de Patrice Demers] lui donnent l’occasion de rencontrer plusieurs fournisseurs, dont le chocolatier Daniel Haran de Chocolats Monarque.
«C’est parce que Daniel Haran nous a dit d’envoyer nos tartinades au Concours international du chocolat qu’on a eu un feedback de professionnels, souligne M. Ryckaert. On a donc envoyé trois de nos produits, on ne s’attendait pas à grand-chose, mais on a reçu trois médailles. [La tartinade au chocolat au lait a remporté la médaille d’or tandis que celle au sarrasin et celle au chocolat noir ont décroché une médaille d’argent.]»
Depuis, Quentin Ryckaert prend en charge la partie production et développement de la marque tandis que Vincent Coja s’occupe des affaires administratives et de la comptabilité. Le duo propose aujourd’hui 8 tartinades qui rencontrent chacune leur succès.
«Il y avait une réelle opportunité, insiste M. Ryckaert. On avait fait une petite étude de marché et tout ce qui était dans le commerce sont des produits industriels qui sont bourrés d’huiles, de conservateurs ou de saveurs artificielles. On voulait un retour à l’essentiel avec de la noisette, du chocolat, du sucre de canne et de la vraie vanille. Ça fait toute la différence et on se rend compte qu’il y avait une demande.»
Allo Simonne a participé l’an dernier à une trentaine d’événements pour rencontrer le public et souhaite poursuivre en ce sens pour garder un contact étroit avec ses consommateurs.
«On joue beaucoup sur le “sans huile de palme” parce que c’est ce qui attire directement l’attention des gens, mais en fait, c’est “sans huile” tout court.»
L’humain avant tout
Le nom de la jeune marque est d’ailleurs un hommage à la grand-mère de Quentin Ryckaert qui se nommait Simonne Allo et avec qui il a partagé les deux dernières années de sa vie à Bruxelles. «Elle était diabétique, mais elle mangeait tout le temps du chocolat, raconte-t-il. Mon intérêt pour les desserts, ça vient vraiment d’elle. Quand j’allais la voir, il y avait toujours un gâteau ou quelque chose de sucré.»
Le partage est une valeur que le couple entretient avec des artisans locaux tels que Daniel Haran de Chocolats Monarque pour le chocolat biologique et équitable, Nathalie Simoneau du Domaine des 15 lots pour le sucre d’érable, ou encore Marc-Alexandre Emond-Boisjoly de 94 Celsius pour le café.
Leur démarche se veut aussi écoresponsable. «On joue beaucoup sur le “sans huile de palme” parce que c’est ce qui attire directement l’attention des gens, mais en fait, c’est “sans huile” tout court. On a juste beaucoup de noisettes, ce qui est naturellement très huileux», explique M. Ryckaert.
Vincent Coja est également en cours de processus pour compenser les gaz à effet de serre liés à leurs activités.
Augmentation de la production
Les premières tartinades avaient été réalisées dans la cuisine de leur appartement. Une fois lancée la vente en détails, les entrepreneurs louent pendant plus d’un an l’espace de Rhubarbe lors des heures de fermeture, et y travaillent après leur journée de travail respective. C’est en mars 2019 qu’ils se lancent à temps plein et confectionnent désormais leurs produits gourmands dans un atelier bien à eux du quartier Rosemont.
«On a pris le temps d’y aller petit à petit, soutient Quentin Ryckaert. On a commencé avec l’argent qu’on avait de côté, on a acheté une caisse de noisettes, puis deux, puis trois, etc. Et maintenant on est rendu à 500kg de noisettes. C’est comme les pots dont l’achat est beaucoup plus intéressant si on en achète une palette, donc on en avait 25 qu’on stockait dans l’appartement, puis on est passé à 50, puis à 75, etc. Jusqu’à pouvoir louer un espace de stockage.»
La prudente stratégie porte ses fruits puisqu’un an plus tard, les tartinades Allo Simonne se retrouvent sur les tablettes de 48 magasins. Un chiffre qui s’élève aujourd’hui à 120.
«L’année passée, pendant deux semaines, le prix de la noisette a fortement augmenté, donc on s’est un peu remis en question, on s’est dit: “si demain le prix augmente considérablement, il va falloir qu’on trouve une alternative”. On a fait des tests avec des noix du Brésil, mais c’était très huileux et on n’a pas retravaillé la recette pour le moment. On s’est alors tourné vers les amandes qui étaient moins chères à ce moment-là», affirme le cofondateur qui ne souhaitait surtout pas augmenter ses prix.
L’envie de créer d’autres tartinades se fait ressentir, mais le temps leur manque. Le couple a déjà une employée et il vient d’investir en équipements pour augmenter leur production ainsi que gagner du temps en recherche et développement.
Parallèlement, le duo augmente sa présence sur le web et alimente un blogue. C’est une façon de donner des idées sur les utilisations possibles des tartinades, par exemple avec une recette de brownie au chocolat accompagné du praliné noisette.
Leur objectif? Exporter leurs tartinades naturelles à New York en 2020, puis d’ici deux à trois ans, en Belgique et en France.