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Welbi: Une plateforme pour le bien-être des aînés 

Welbi: Une plateforme pour le bien-être des aînés 

Avec le vieillissement de la population et l’explosion subséquente de logements destinés aux aînés, Elizabeth Audette-Bourdeau ne risque pas de manquer de pain sur la planche. Cherchant à briser l’isolement social, sa plateforme Welbi a été implantée dans près de 250 résidences pour les séniors. 

Elizabeth Audette-Bourdeau quitte son Québec natal en 2011 pour s’installer à Ottawa pendant ses études. À la même époque, après un ACV, son grand-père déménage dans une résidence pour aînés. Ses parents habitaient trop loin et sa grand-mère n’avait plus assez de forces pour s’occuper de lui. Loin de ses proches, sa santé a continué de se détériorer avec le temps. Quelques mois plus tard, il s’est éteint. «J’ai réfléchi à ce qu’on aurait pu faire pour lui offrir une meilleure qualité [de vie] durant ses derniers jours», avoue l’entrepreneure.

L’étincelle s’amplifie au Startup Weekend de l’Université d’Ottawa où elle termine la spécialisation entrepreneuriat du baccalauréat en administration des affaires. Elle propose alors un prototype servant à améliorer les soins prodigués aux aînés en résidence. Le projet remporte la compétition. «Je me disais qu’il y avait quelque chose derrière cette idée», se rappelle-t-elle.

Elizabeth Audette-Bourdeau, cofondatrice de Welbi

À la sortie de l’université, la jeune femme propose l’idée à certains établissements. Elizabeth Audette-Bourdeau va même jusqu’à dormir dans les établissements, question de mieux s’imprégner de leur réalité. Or, elle réalise vite que le plus gros problème auquel le personnel de soin fait face est de s’assurer que les résidents sortent de leurs chambres et socialisent suffisamment.

«L’isolement social est plus mortel qu’on le croit et les récréologues sont débordés. La plupart passent trente heures par mois au travail administratif, à compiler la participation de centaines de résidents. C’est impossible pour eux de faire un suivi étroit», observe-t-elle.

L’application Welbi souhaite faciliter ce processus chronophage en automatisant la prise des présences aux différentes activités. «S’il y a un changement de comportement, on va s’en rendre tout de suite compte. Par exemple, si une personne joue toujours au bowling les mardis et jeudis, puis qu’elle ne se présente plus soudainement, on pourra faire le suivi avec elle.»

«On peut trouver des solutions pour que leurs derniers jours soient aussi beaux que leurs premiers.»

Selon la fondatrice, les premiers clients de Welbi ont sauvé près de 25h de travaux administratifs par mois. Les professionnels disposent ainsi de plus de temps pour échanger et tisser des liens avec leurs bénéficiaires.

Elizabeth Audette-Bourdeau et son grand-père.

Divertir et briser la solitude des aînés

Grâce à l’intelligence artificielle, Welbi dresse également des recommandations et programmes personnalisés qui visent à augmenter la qualité de vie des résident.es. «Le programme va combiner la participation passée avec le profil de la personne. À partir de cette évaluation, on va pouvoir émettre des suggestions d’activité.»

L’application prend aussi compte des personnes qui font des activités ensemble. Si on voit que deux personnes participent souvent aux mêmes activités, on va conseiller des activités où l’une d’elles participe déjà.

Les personnes responsables de la programmation pourront aussi ajuster le calendrier en fonction des goûts de la communauté.

«Rejoindre une résidence, c’est comme arriver dans une nouvelle école. Il y a déjà des cliques formées, donc c’est difficile pour quelqu’un de s’intégrer.» C’est pourquoi le logiciel permet aussi de créer des liens entre résidents, par exemple entre ceux qui sont nés dans la même région – des similarités qu’un humain peut avoir beaucoup de difficulté à se souvenir dans des établissements hébergeant des centaines d’individus.

Les récréologues ont de plus accès à un portrait démographique de la résidence et à des suggestions de liste d’invités en fonction de l’activité à organiser. «Les résidences pour aînés ne sont plus seulement des endroits où prodiguer des soins, ce sont des centres pour retraités. Il faut les traiter comme des communautés à part entière», exprime l’entrepreneure.

La COVID-19 a selon elle éveillé une conscience collective des besoins criants de la clientèle de Welbi. Jusque-là, les récréologues étaient vus comme la dernière priorité.«En tant que société, on a souvent vu les jeunes comme étant extrêmement importants, et que c’est là qu’il faut dépenser nos ressources. Au contraire, on peut trouver des solutions pour que leurs derniers jours soient aussi beaux que leurs premiers», insiste Elizabeth Audette-Bourdeau.

«Présentement, confinement oblige, plusieurs décès dans les résidences sont liés à la solution, et non à la COVID-19», ajoute-t-elle, en espérant que les personnes responsables des loisirs seront davantage prises au sérieux et disposeront d’un plus grand budget d’exécution à l’avenir.

Pendant la pandémie, Welbi s’évertue à adapter sa plateforme à la nouvelle réalité en différenciant les interactions en personne et celles par téléphone ou Internet, de sorte que le vrai contact humain ne soit pas négligé.

À la fin de l’année, Welbi sera implantée dans plus de 250 résidences au pays. Sa fondatrice espère faire une première incursion au Québec prochainement.

👩‍🦳👨‍🦳 Welbi

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