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Dispatch Coffee: Du fruit à la tasse, en toute transparence

Dispatch Coffee: Du fruit à la tasse, en toute transparence

Enseigne bien connue des Montréalais, Dispatch souhaite rendre accessible des cafés de grande qualité. La fondatrice Chrissy Durcak continue de réinventer la troisième vague jusque dans le domicile de ses clients. Rencontre avec celle qui a démarré l’aventure chez elle et est désormais à la tête de 3 succursales dans la métropole.

En 2010, Chrissy Durcak se retrouve à la croisée des chemins. La jeune diplômée oeuvrait dans le documentaire social tout en gérant un café à Montréal pour arrondir les fins de mois. La femme est barista depuis ses 15 ans. «J’ai toujours adoré le café pour sa valeur gustative. Puis le métier m’a attiré par la manière dont les gens connectent dans les cafés et à travers la chaîne d’approvisionnement.» En parallèle de ses études en communication à Concordia, elle se plonge alors dans l’histoire et la politique derrière la boisson amère. 

«Mes clients se montraient très curieux du latte art et des nouvelles saveurs. Puis, j’ai réalisé que les acteurs de la troisième vague laissaient les clients derrière en ne partageant pas les conséquences sociales et environnementales de la culture du café ni les raisons pourquoi ce type de culture était plus cher. Le mouvement m’a semblé peu accueillant et très exclusif», raconte-t-elle.

L’idée d’un café à la fois socialement responsable et accessible fait son chemin dans l’esprit de l’entrepreneure en devenir. 

En 2012, à défaut de pouvoir contracter un prêt, la barista puise dans ses économies pour vendre du café infusé à froid préparé dans sa cuisine. Elle réceptionne les commandes par texto ou via Facebook pour les livrer à domicile ou au bureau. «C’était un début un peu décousu, mais la marque est née de ce concept d’offrir du café de qualité issu d’une chaîne d’approvisionnement la plus transparente possible.»

«Je préfère positionner la marque dans la haute qualité via la sphère virtuelle, plutôt que d’ouvrir un maximum de points de vente comme les Starbucks de ce monde.»

En 2014, Chrissy Durcak fait le saut et achète un camion ainsi qu’une machine espresso. Elle repeint le bolide pour en faire sa boutique ambulante. À l’époque, les camions de cuisine de rue étaient interdits à Montréal. Après une première année ardue, Dispatch obtient finalement un permis. «J’ai dû prouver à la Ville que le café faisait partie de la définition de nourriture, puisqu’il provient de la graine d’un fruit», évoque Chrissy Durcak. 

Stationnée illégalement sur la rue Van Horne, la marchande fait la rencontre d’investisseurs privés parmi sa clientèle grandissante. Ces derniers lui donnent les moyens d’ouvrir un premier point de vente dans le quartier alors naissant du Mile-Ex en 2014. La même année, elle inaugure un comptoir au campus de l’Université McGill. La troisième succursale ayant pignon sur le boulevard Saint-Laurent ouvre ses portes en 2016. 

L’entrepreneure concentre désormais ses efforts sur le commerce en ligne afin de livrer du café et de l’équipement pour l’infusion au Canada et aux États-Unis. «Je préfère positionner la marque dans la haute qualité via la sphère virtuelle, plutôt que d’ouvrir un maximum de points de vente comme les Starbucks de ce monde», explique la propriétaire. 

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Promouvoir une chaîne de distribution minimaliste

Une fois la commande complétée, l’entreprise apporte directement les grains du torréfacteur au pas de la porte. «Dispatch est notre manifeste pour des façons plus écoresponsables de boire du café, de son cycle de vie à la chaîne d’approvisionnement.»

Dans ce parcours, elle souligne que plusieurs acteurs se prennent une marge de profits, et c’est le fermier qui se retrouve avec le plus petit pourcentage. «Comme le sucre, le tabac et le coton, le café est enraciné dans le capitalisme colonial, et sa culture est problématique depuis des centaines d’années. Nous avons maintenant l’opportunité de cultiver une clientèle plus consciente de ces enjeux. Nous tentons de construire une distribution plus juste en faisant nous-mêmes la torréfaction et la distribution. Ainsi, les agriculteurs rapportent plus et les clients économisent. Au lieu de payer un latte à 5$, les gens peuvent se le concocter pour 80 sous la tasse à la maison, parce qu’il n’y a plus le besoin de payer les baristas, le loyer, l’électricité, l’équipement et ainsi de suite», détaille Chrissy Durcak. 

Les cafés restent de grands émetteurs d’émissions de carbone selon elle. «Le détail a le plus grand impact avec ses tasses à usage unique, l’éclairage, les machines à espresso constamment en marche, l’eau en ébullition perpétuelle. J’adore l’expérience du café, et nous avons besoin de ces espaces de rencontre, mais nous voulons davantage nous positionner en tant que distributeur responsable du café à la maison, qu’un carrefour pour emporter», pense l’entrepreneure.

La COVID-19 et la montée de la vente en ligne

Comme beaucoup de services alimentaires québécois, Dispatch Coffee a pris la décision de fermer ses portes le temps d’éradiquer le coronavirus et de développer son offre en ligne.

«Nous avons dû mettre à pied beaucoup d’employés, et nous tentons de préserver les salaires de quelques-uns grâce à l’aide gouvernementale, déplore la femme d’affaires. Cette crise est intéressante, car elle force les gens à préparer leur café à la maison. Elle démocratisera probablement la préparation de la boisson, ce qui peut s’avérer plus responsable et réduire le gaspillage. La récession économique va aussi certainement bouleverser la façon dont on consomme notre nourriture et nos boissons.»

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