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Dans l’atelier de Karine Demers: Le papier comme art-thérapie

Dans l’atelier de Karine Demers: Le papier comme art-thérapie

Maîtrisant l’art du pliage et du collage, Karine Demers est une artiste visuelle dont le travail artistique exige temps et passion. Triturer la matière fait partie du quotidien de l’artiste qui se plait à créer des toiles tridimensionnelles spectaculaires marquées par la précision et la délicatesse des formes géométriques, la répétition des couleurs et le jeu d’ombre et de lumière.

Karine Demers a d’abord fait des études collégiales en art visuel pour ensuite s’orienter en design, en aménagement intérieur et en dessin de bâtiment. L’artiste a toujours eu l’impression, pour chacun de ses emplois passés, que quelque chose clochait comme s’il lui manquait une pièce à son casse-tête. Un jour, son amour profond pour l’art et le bricolage l’amène à se lancer, à faire un «saut dans le vide», comme elle le dit si bien. Médium de prédilection, le papier s’est alors placé au cœur de sa vie comme un besoin vital en 2013.

 

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Vernissage; Architecture des forêts, Merci 24 au 28 avril🖤

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«Je me dis maintenant que j’aurais dû respecter mes envies plus tôt parce qu’il était là le secret de mon bonheur.»

À la recherche d’une qualité de vie 

Dans une nécessité d’occuper son esprit et ses mains, Karine Demers trouve dans la manipulation du papier une démarche méditative, une sorte de thérapie, lui permettant de canaliser ses pensées obsessives et compulsives et d’accueillir une forme de sérénité dans ses journées. Pour son plus grand bonheur, elle quitte son emploi afin de prendre du temps pour elle et de s’immerger dans l’art.

Afin qu’elle puisse atteindre son objectif et pouvoir un jour en vivre, Karine Demers a dû réaménager sa vie, faire des sacrifices financiers entre autres et déménager dans un espace plus petit. L’encouragement de sa famille a évidemment été un coup de pouce majeur dans sa prise de décision.

Depuis un an et demi, Karine Demers se consacre à temps plein à son art. «Ma démarche se précise de plus en plus et je parviens aussi à me définir bien plus qu’avant. Ces sacrifices n’ont fait qu’augmenter ma qualité de vie. Il n’y a rien de comparable. Je vois la vie sous un autre œil, je me sens très chanceuse. Je me dis maintenant que j’aurais dû respecter mes envies plus tôt parce qu’il était là le secret de mon bonheur, même si c’est cliché à dire», soutient l’artiste.

Courtoisie: Karine Demers. Pliage 77 (81x81cm-32x32po) 2018.

Exposer le papier

L’atelier de Karine Demers se compose d’outils miniatures tels que des pinces à sourcils, des équerres, de la colle, une variété de papiers, de magazines et de cartes postales. Pour créer une œuvre de grand format, l’artiste s’y attelle tous les jours pendant deux à trois mois. La toile se mue au gré du temps puisque le pliage de chaque pièce exige de la patience ainsi qu’une grande minutie.

«Le plus dur est de montrer ses toiles, de se dévoiler. Je me dis souvent que la reconnaissance des galeries, tout comme celle des musées, n’est pas une finalité en soi.»

Au-delà de son parcours académique atypique, ses compétences particulières ont de prime abord ravivé son syndrome de l’imposteur: «Être trop précise et trop méticuleuse, j’ai longtemps perçu cela comme un défaut parce que ça ne rimait avec une perception des arts où la spontanéité prend une grande place, souligne Karine Demers. Je ne devais donc pas être une artiste! Puis, avec le temps, j’ai compris que ça se pouvait, que toute sorte d’artistes différents se trouvent dans le bassin des arts visuels.» En effet, sa passion pour l’architecture n’a pas totalement été mise de côté, mais se manifeste dans chacune de ses toiles.

En 2015, elle entreprend de présenter publiquement ses œuvres et, en 2018, réalise une exposition solo intitulée Séquence à la Galerie Marc Gosselin. «Le plus dur est de montrer ses toiles, de se dévoiler. Je me dis souvent que la reconnaissance des galeries, tout comme celle des musées, n’est pas une finalité en soi. Tant que je peux subsister à mes besoins, je suis choyée. Je dois dire que le solo est arrivé vite! Marc Gosselin m’a ouvert une porte. C’est beaucoup de bienveillance de vouloir encourager quelqu’un qui est à ses débuts. D’où je venais, je n’avais pas de contacts dans le domaine, tout était à bâtir», affirme-t-elle.

D’autres expositions ont eu lieu depuis à la galerie Marc Gosselin, mais aussi à la Galerie Martine Hénault et à la Foire d’art contemporain à Saint-Lambert en 2019 où elle a notamment gagné le prix du public.

Des projets emballants

Bien que les bureaux de design et d’architecture la contactent régulièrement pour ses toiles, Karine Demers fait surtout du sur mesure. L’artiste est très emballé par les demandes des particuliers, surtout celles qu’elle surnomme affectueusement «ses projets mémoire ou hommage». Recréer la silhouette du mont Saint-Hilaire à partir du Manifeste du Refus global ou encore réaliser une œuvre contemporaine à partir de billets de stationnement d’une personne en rémission d’un cancer sont des requêtes recouvrant pour elle des sens profonds et intimes.

«La contrainte me rend créative. J’aime laisser une trace significative comme celle d’incorporer des dessins d’enfants ou encore des lettres dans mes œuvres», déclare l’artiste, inspirée par l’idée du souvenir et de la mémoire.

Depuis avril 2019, Karine Demers travaille sur une création personnelle intitulée Coup de théâtre. Elle façonne ses toiles à partir de dépliants recyclés du Théâtre Denise-Pelletier de la saison 2018-2019. «Je volais en cachette les brochures que je trouvais magnifiques! Finalement, une amie qui y travaille de concert avec la directrice m’en a donné des milliers. Je ne crois pas être en mesure de passer au travers des boîtes reçues. J’en ai un peu partout!», relève-t-elle en riant.

Courtoisie: Karine Demers. Tableau sculpture «Le potager», série «Les Jardins» (40×60).
Courtoisie: Karine Demers. LÉGO I-II 2x(23x23cm) 2019.

En ce qui concerne ses prochaines expositions, les œuvres de Karine Demers seront présentées à la Galerie D’Este en février 2020 au côté de celles de Megan Erwig, artiste dont les créations font également écho à l’architecture. Elle a également reçu une invitation pour participer à la Foire Papier qui se déroulera en avril 2020.

Nous attendons avec impatience ses nouvelles toiles et nous lui souhaitons une nouvelle année aussi inspirante et créative que la précédente!

✂️ Karine Demers

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