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Tero: Transformer ses déchets alimentaires en fertilisant

Tero: Transformer ses déchets alimentaires en fertilisant

Valérie Laliberté et Elizabeth Coulombe se sont rencontrées lors de leur baccalauréat en Design de produits à l’Université Laval. Elles ont choisi en 2016 de faire leur projet de fin d’études, ensemble, sur la gestion des déchets. En rencontrant des centaines de citoyens, elles ont vu une opportunité de travailler sur le compostage pour le rendre accessible et ont développé Tero.

«On se rendait compte que le gouvernement au Québec voulait bannir les matières organiques des lieux d’enfouissement, mais c’était au départ 2018, puis 2020, et là c’est rendu 2022, souligne Valérie Laliberté. Il faut faire quelque chose parce que les matières organiques, une fois à l’enfouissement, dégagent du méthane qui est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2.»

Les cofondatrices de Tero s’entendent pour dire que si les gens s’intéressent au compostage, ils ont toutefois de très gros freins, comme la peur des odeurs et l’apparition des mouches, le nombre de connaissances requises, ou encore le manque d’espace en appartement. Elles ont donc choisi de développer un appareil qui transforme en trois heures les résidus alimentaires en un fertilisant naturel qui peut servir à nourrir les plantes, la pelouse et le jardin. 

Parcours accompagné

«La première chose qu’on a faite, c’est rencontrer les conseillers Entrepreneuriat Laval, qui sont affiliés à l’Université Laval et qui sont là pour accompagner les anciens étudiants à lancer leur projet d’affaires. On a tout de suite réalisé qu’on ne serait jamais toutes seules. Notre conseillère nous a offert son réseau, donné ses conseils sur les étapes pour qu’on soit certaines d’être sur la bonne voie», insiste-t-elle.

Elle ajoute que leur jeune âge ou leur peu d’expérience n’a pas été un problème puisqu’elles ont su s’entourer et se remettre en question. «En tant qu’entrepreneures, on est vraiment occupées, mais c’est un monde tellement difficile qu’il y a énormément d’entraide, raconte Mme Laliberté. C’est la chose qui m’a le plus frappée, je pense. Les gens sont prêts à t’encourager et à t’aider, donc les difficultés, tu les vis, mais pas tant que ça parce que tu trouves tout le temps des solutions autour de toi.»

Évolution du projet

La première année a principalement servi à développer leur plan d’affaires. Elle a aussi donné lieu à des concours pour obtenir du financement, faire parler de leur projet et bâtir un réseau pour obtenir de l’aide lors du développement de l’appareil. Parallèlement, Elizabeth Coulombe a effectué un MBA en Gestion des entreprises et Valérie Laliberté est allée chercher de l’expérience dans le monde professionnel avec plusieurs contrats.
Les fondatrices de Tero.

Depuis 2018, elles travaillent à temps plein sur Tero. Elles ont commencé à le développer en faisant appel à une firme d’ingénierie externe qui possède de l’expérience et des outils nécessaires à la fabrication, notamment de prototypes.

«Nous, on a designé l’extérieur, explique Mme Laliberté. On savait que ça allait fonctionner, on a pris des appareils qui existaient, on a combiné des procédés [du séchage et du broyage, entre autres]. Ce qu’on avait besoin de faire pour développer le produit, c’était de créer un tout-en-un, d’être sûres que chaque composante est la bonne, qu’elle va être durable et qu’on va être capable de la fabriquer industriellement.»

Les entrepreneures ont, entre autres, dû valider les performances de l’appareil, passer des certifications pour répondre aux normes de sécurité, développer une technologie puis la breveter. 

«Par exemple, on savait qu’un filtre au charbon était une valeur sûre parce que le charbon joue un rôle dans l’élimination des odeurs. Mais maintenant sous quelle forme? Quelle quantité? Est-ce qu’on peut innover pour rendre ça encore plus performant, plus durable, plus écologique? Ce sont plein de tests que l’on doit faire pour être sûres que l’on se positionne bien sur le marché avec un produit qui réponde bien aux attentes», rapporte-t-elle.

Engouement ressenti

Elle rappelle que Tero a été créé à partir d’un problème qu’elle vivait personnellement, comme plusieurs personnes, ce qui expliquerait l’engouement du public. Elle ajoute que le produit innovant, design et technologique se prête bien à une campagne de sociofinancement.

«Ce qui est intéressant avec une campagne de sociofinancement, c’est que ça va le valider pour vrai, estime Valérie Laliberté. On reçoit des gens qui nous encouragent. Il y en a beaucoup du Québec qui sont fiers que ce soit québécois. Maintenant, comment la population va-t-elle réagir? Est-ce qu’elle est prête à payer le vrai montant?»

Lancées au mois d’octobre, plusieurs récompenses de leur campagne sur Kickstarter ont déjà été épuisées, mais il en reste encore et la plateforme est disponible jusqu’au 14 novembre.

Le duo s’attend à obtenir des retours de la part des clients qui ont fait des précommandes. Une dizaine de prototypes sera aussi remise dans les mains d’usagers pour tester Tero. L’objectif est de récolter des commentaires avant la mise en production.

«On va aussi commencer à faire des partenariats de distribution. On veut travailler directement avec des municipalités qui nous disent qu’elles n’ont pas les ressources nécessaires pour installer une collecte de compost, donc elles sont en recherche active de solutions», soutient la cofondatrice.

À l’avenir, d’autres produits seront développés, dont certains plus industriels destinés aux écoles et restaurants.

♻️ Tero

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