La danseuse Sandy Bessette et le comédien Simon Fournier se sont rencontrés en partageant un intérêt pour l’acrobatie. Les cofondateurs de La marche du crabe allient ces trois disciplines dans leur travail à l’approche kinesthésique (la perception du corps en mouvement). «Les tout-petits, c’est une petit jauge, raconte-t-elle. Ils sont toujours sur scène avec nous, soit sur le plateau, soit couchés sur des agrès de cirque. On est sur les sensations, sur les textures. Pour l’un des spectacles présentés, on travaille aussi avec les odeurs afin de se plonger dans une expérience globale du corps.»
Sandy Bessette affirme qu’il est plus excitant d’écrire pour la jeunesse parce que ce dernier n’est pas encore conditionné à vivre ces sensations d’une manière précise. «Je trouve ça vraiment important d’offrir, dès leur plus jeune âge, un accès aux différentes formes d’arts. Comme humain, c’est normal de bouger, de chanter, d’inventer des histoires, mais rapidement avec les exigences de la vie, on perd accès à cette partie de nous-mêmes ou on ne la favorise pas nécessairement. Je veux offrir les clés à cette ouverture», souligne-t-elle.
Accompagnement dans la création
Si la compagnie La marche du crabe a été incorporée en 2012 pour avoir une structure et être eligible aux subventions, Sandy Bessette oeuvre en création depuis 2007, année pendant laquelle l’artiste réalise un stage pour la petite-enfance des Petits Bonheurs.
«Ça m’a donné le courage de me lancer dans une première pièce, témoigne-t-elle. Depuis mes débuts, le festival a toujours programmé mes oeuvres en bande essai, c’est-à-dire pendant qu’elles étaient en rodage. Ils m’ont offert la chance d’expérimenter, de m’ajuster, puis de le présenter l’année suivante à l’horaire régulier. Cette confiance de la part de mes accompagnateurs m’a servi de pilier pour arriver où j’en suis aujourd’hui.»
La marche du crabe proposera divers spectacles dont sa dernière création Amarelinha qui se déroulera au sein de ruelles. La compagnie tiendra également des ateliers durant lesquels les enfants transformeront par exemple des objets du quotidien en utilisant leur imaginaire, ainsi qu’une rencontre professionnelle portant sur les ateliers de sensibilisation aux arts.
Recherche de complémentarité
Plusieurs habitués du festival seront de retour sur les planches tels la chorégraphe Karine Cloutier et la compagnie de théâtre Le Carrousel. Des artistes moins connus du grand public seront également présents, par exemple Emmanuelle Lizère qui présentera deux nouvelles offrandes, Babila Laina et Arbres.
Des nouveautés sont attendues, incluant la première création d’Ariane Voineau et Josué Beaucage, Sous la feuille. Elle transportera les participants et participantes en forêt où ils aborderont la question «Suis-je grand ou petit?». Le Collectif Myriade sera aussi de passage avec Migraphonie qui traitera des mouvements migratoires au son de flûtes, du piano, de l’accordéon et d’une trame immersive électroacoustique.
«Mon plus grand défi quand je concocte ma programmation est d’inclure toutes les formes d’art, insiste la directrice générale et artistique des Petits Bonheurs Marion Delpierre. Si je n’ai pas un médium en spectacle, il faut qu’on puisse le retrouve dans le volet des ateliers.» La gestionnaire ajoute que chaque journée du festival est conçue pour rejoindre toutes les tranches d’âge.
Spécificités d’Hochelaga
«D’année en année, nous travaillons depuis 15 ans avec les organismes communautaires et culturels de la Ville. Nous avons aussi la chance d’être présent durant toute l’année comme organisme. Nous cultivons donc un lien fort avec eux et quand on leur demande d’accueillir une activité, ils nous ouvrent grand leurs portes. Ceci dit, l’engouement est fort et les gens veulent plus d’activités, mais nous ne disposons pas de budget, ni de lieux suffisants pour combler la demande», déplore Mme Delpierre.
De nouveaux partenariats se sont tout de même formés dans l’objectif d’élargir la programmation et accueillir des artistes internationaux.
«Cette année, nous présenterons aussi bien le spectacle français, un classique européen en matière de dramaturgie, que le spectacle danois aux teintes plus nordiques, décrit la directrice générale. Nous recevons en primeur un spectacle de l’Amérique du Sud, provenant du Costa Rica, une occasion pour le jeune public de découvrir une autre histoire théâtrale.»
Kembly Aguilar, artiste de la compagnie costaricaine La Bicicleta, a participé à une résidence destiné aux marionnettistes avec les Petits Bonheurs deux ans auparavant. Celle qui est restée en contact avec le festival revient cette édition à Montréal pour présenter son spectacle.
Enfin, deux nouvelles expositions investiront le quartier d’Hochelaga: La nature en ville de Daniel Bennett avec des modules sensoriels disposés sur le parvis de la Maison de la culture et Je suis chantier de Cédric Delorme-Bouchard et Kévin Pinvidic, un jeu de textures, reflets et de miroirs, qui se retrouvera à l’intérieur.
Petits bonheurs
Du 3 au 12 mai
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