«Ce n’est pas un récital de poésie, ce n’est pas une pièce de théâtre non plus, précise Loui Mauffette. C’est de la poésie théâtralisé. Les textes s’emboitent les uns avec les autres comme dans un road-trip poétique.» Pendant trois heures, quinze comédiens vont se succéder, interagir, se renvoyer la balle dans une mise en scène originale et percutante.
«La première partie dure deux heures et la seconde une heure. Moi j’appelle ça une stonerie car à force de recevoir des mots, on est comme enivré, assure le metteur en scène. Parfois, il y a des monologues, parfois il y a des interventions plus originales comme des statuts Facebook d’auteurs que je trouvais pertinents, révèle l’artiste. Comme on reste dans le même pays, il faut trouver des couleurs différentes malgré tout.»
Un hommage au pluriel
Le titre de la pièce est une référence directe à une œuvre de son père, Guy Mauffette, célèbre homme de radio, poète et chanteur. «Je me suis emparé du titre d’une de ses chansons Chanson pour garçon perdu, puis j’ai décidé d’en faire Chansons pour filles et garçons perdus. À partir de ça, c’est comme une espèce de happening poétique autour de la poésie québécoise, de la chanson québécoise et même canadienne, affirme Loui Mauffette. On passe de Claude Gauvreau avec La jeune fille et la lune et après on peut aller dans le plus réaliste avec des textes d’Alfred DesRochers ou encore Dédé Fortin avec un extrait de Dehors novembre des Colocs, qui est quelque chose de plus dur, de plus cruel.»
Au-delà d’un hommage assumé à la poésie québécoise, Chansons pour filles et garçons perdus se veut également un appel désespéré à la jeunesse. «C’est un questionnement sur la mort et l’enfance, car plus on vieillit, plus on retourne à l’enfance, souligne l’homme de théâtre. On fait le parallèle avec les années 70, le manifeste du FLQ, un gars qui souffre d’une maladie. C’est cette convergence des luttes, cette urgence de jeunesse que j’ai voulu montrer.»
Et un hymne à l’amour
«Je ne suis pas dans la revendication, moi mon implication c’est l’amour, confie Loui Mauffette. Ce que je veux, c’est qu’en sortant du spectacle, les gens ont envie d’être avec quelqu’un. C’est devenu tabou de parler d’amour. On peut dire que ça fait “cheesy”, ça fait fleur bleue de parler d’amour parce qu’aujourd’hui on est dans la revendication, on est dans la dénonciation. J’ai 61 ans, je viens des années 60/70, moi ma dénonciation c’est de parler d’amour. Sinon qu’est-ce qu’on fait avant de crever, si on n’a pas d’amour?»
Chansons pour filles et garçons perdus est également une déclaration à sa bande d’acteurs qui le suit depuis longtemps, la plupart faisant déjà partie de la distribution de Poésie, Sandwichs et autres soirs qui penchent, une précédente pièce élaborée par Loui Mauffette, une décennie auparavant. «Il y a des acteurs comme Kathleen Fortin, Roger Larue ou Natalie Breuer; ce sont des acteurs qui m’ont suivi depuis toujours. C’est comme une famille.»
Pour rappel, Chansons pour filles et garçons perdus, se jouera au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, du 23 avril au 4 mai, et à la Cinquième Salle de la Place des Arts, du 9 au 19 mai. Une pièce originale, pétillante et colorée empreinte de mélancolie. «Malheureusement, c’est dans le forfait», conclut d’ailleurs Loui Mauffette dans un éclat de rire.