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OCNI: Marier saveurs et innovation pour égayer les repas

OCNI: Marier saveurs et innovation pour égayer les repas

En mai 2016, nous avions rencontré l’équipe qui se faisait connaître grâce à ses installations multisensorielles au sein de plusieurs festivals. Le projet en était alors à ses premiers pas, mais l’audace des trois entrepreneurs était palpable. Aujourd’hui, c’est toujours la même mission qui anime l’équipe, à savoir celle de sortir la nourriture et la gastronomie des sentiers battus, celle de mêler la créativité aux technicités culinaires pour réjouir les assiettes. Toutefois, depuis deux ans, c’est à l’aide d’un produit accessible au plus grand nombre que ces «ovnis» du design alimentaire innovent.

En effet, les assaisonnements à tailler sont devenus les vedettes d’OCNI (pour Objets Comestibles Non Identifiés). À la fois ludiques, naturels et gouteux, ces produits alimentaires inusités en forme de crayon ont été lancés par les trois fondateurs de la compagnie en décembre 2016.

OCNI, c’est la réalisation d’une Québécoise, Nadia Lahrichi, et de deux Français, Benoit Le Guein et Tristan Cano, qui oeuvrent dans la même direction malgré l’océan qui les sépare. À Montréal, la startup s’est notamment fait repérer par la Fondation Montréal inc. et PME MTL. Alors si la gestion et les ingrédients varient quelque peu selon le continent, la passion et le développement d’affaires demeurent semblables. Rencontre avec la cofondatrice et directrice générale d’OCNI Canada, Nadia Lahrichi.

Bonjour Nadia! Il y a eu plusieurs changements majeurs en 2017 au sein d’OCNI. Comment êtes-vous passé des expériences en groupe à un produit unique? Et à un produit qui aujourd’hui se décline en plusieurs saveurs?

Pour plusieurs raisons! Le produit est né en fait lors d’un événement il y a bien longtemps, avant qu’OCNI ne soit fondé officiellement. On avait pensé à créer un crayon comestible, grâce à Benoit et sa créativité sans limites, et les gens ont tellement été intéressés par l’objet que pendant des mois on nous en a parlé! Benoit, lors de ses études, avait en fait beaucoup travaillé cette matière qui est l’agar-agar, utilisé aujourd’hui pour gélifier les assaisonnements, c’est une algue rouge cultivée dans les eaux chaudes. Nous on l’importe du Chili pour le Canada et OCNI France l’importe d’Espagne ou encore du Maroc.

Donc pendant toutes ces années, on travaillait, on développait des événements avec des expériences conviviales, mais à côté de ça, on faisait plein de tests en cuisine pour mettre au point la recette de ces crayons afin qu’ils soient suffisamment longs en conservation, période qui est de 9 mois aujourd’hui. On voulait que ce soit un produit 100% naturel, et on a travaillé fort pour le goût, il fallait bien sûr que ce soit bon! On veut que les gens se disent «on n’a jamais eu cette sensation!». C’est pourquoi, une fois le produit final au point, on l’a lancé, car ça été longuement pensé et travaillé.

De plus, par rapport à l’événementiel, on a un revenu qui est plus stable maintenant, avec des clients qui recommandent chaque mois, des stocks à gérer. On sait combien ça coûte à produire et combien ça rapporte, on peut établir des prévisions financières. L’événementiel on adore ça, mais c’était un éternel recommencement! À présent, les assaisonnements nous donnent un socle tangible, mais qu’il faut toujours faire avancer.

En effet, vous avez sorti une large gamme de saveurs depuis le lancement des crayons.

On a aujourd’hui 9 saveurs à Montréal et on en sortira des nouvelles d’ici le printemps 2019. Mais pour développer chaque nouveau goût, on a dû tester une bonne soixantaine de recettes! [rires] C’est beaucoup de travail! C’est issu de la cuisine moléculaire donc parfois avec certains produits bruts (jus de gingembre, jus de cèpe, pulpes de piment, par exemple), ça ne fonctionne pas. De plus, on souhaite que ce soit 100% naturel donc ça vient avec son lot de contraintes et d’essais.

On imagine et on élabore des nouvelles recettes en s’inspirant des goûts des gens. Les recettes ne sont pas exactement les mêmes pour OCNI France et OCNI Canada. Par exemple ici on a le chipotle, les Français ont le piment d’Espelette. Mais on trouve aussi des idées en rencontrant des producteurs locaux sur les marchés, ils nous inspirent. On a fait affaire avec la miellerie Les Trois Acres de Dunham par exemple.

À ce propos, à partir du moment où vous avez sorti vos assaisonnements à tailler, on a commencé à vous voir et à vous découvrir sur divers marchés.

Oui, c’est vraiment comme ça qu’on s’est fait connaître parce qu’on avait tellement investi de temps et d’argent dans la mise au point du processus de fabrication, de la recette, etc, que lorsqu’on a eu le produit dans les mains en décembre 2016, on n’avait plus de fonds pour aller le vendre!

On s’est alors dit que certains événements n’étaient pas si chers et on voulait avoir le retour des consommateurs directement aussi. On a fait YUL EAT, des marchés d’artisans, dont les Puces Pop, entre autres, et ça a été un succès. On est rentré au sein de cette belle communauté de créateurs locaux qui se soutient beaucoup.

Vos produits sont disponibles dans certaines boutiques également.

Oui! On a commencé par une petite boutique au coin de la rue puis une seconde, et ainsi de suite. Actuellement, on est rendus à une quarantaine de points de vente au Canada, entre le Québec et l’Ontario. Un plan de commercialisation pour Toronto est présentement en cours, car c’est une autre clientèle et il faut s’adapter.

Et comment ça se passe, produire et vendre dans deux pays différents à la fois?

Le développement s’est fait de manière parallèle en France et au Canada. En fait, les deux marchés se répondent. Parfois je fais du commercial pour la France ici, car des personnes sont de passage à Montréal et nous découvrent au Québec. Et inversement!

C’est certain qu’il y a parfois des inconvénients à être loin pour prendre des décisions, et parfois on n’a pas le temps de s’appeler, mais on est très solidaires, on est sur la même longueur d’onde et on se voit 3 ou 4 fois par an, c’est très important.

Est-ce que vous pensez créer à nouveau un jour des installations culinaires immersives pour divers événements? Vous aviez eu l’occasion pendant votre première année d’en faire énormément à Paris et Montréal…

C’est en stand-by car on ne peut pas tout faire, mais on continue de réfléchir à un volet OCNI événementiel et il verra sûrement le jour, car on a des demandes. On s’est fait repérer à Montréal en 2016 lors de MTL À Table, du Startupfest et de Chromatic, notamment.

On a dû dire non à certains contrats, car on ne veut pas mal faire les choses, on recommencera quand on sera prêts. Mais à Montréal, il y a un tel engouement pour l’expérience et dans le culinaire, il reste beaucoup à faire. Donc on n’abandonne pas, non! On attend d’avoir les moyens adéquats pour faire quelque chose de gros. Dans toutes nos installations, on raconte une histoire, et on n’a pas perdu cette envie.

Quels sont aujourd’hui les principaux défis qui se présentent à vous?

Continuer à innover, avoir toujours de nouvelles choses à présenter au public. Mais aussi bâtir des équipes solides de part et d’autre de l’Atlantique, car depuis plusieurs mois, les deux branches ont des employés en production et développement d’affaires, en communication, marketing et ventes.

Aussi, l’un de nos défis principaux, c’est d’expliquer que nous ne sommes pas une entreprise française. Les gens pensent beaucoup cela, mais non, il y a OCNI France et OCNI Canada, nous sommes les deux à la fois!

Malgré les défis qui jalonnent le parcours croissant de la compagnie, sa cofondatrice nous annonce que son équipe travaille présentement à la création d’un nouvel objet comestible pour 2019. Il ne s’agira pas d’un assaisonnement, car OCNI poursuit avant tout le challenge. De plus, découvert lors de la Foire de Paris par des importateurs japonais, OCNI France a commencé à envoyer des assaisonnements à Tokyo, nous précise Nadia Lahrichi, ravie que ses marchandises alimentaires atypiques puissent conquérir de lointains territoires. 

OCNI Canada

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