Comment Made with love a évolué au fil des ans?
Ça a suivi la grande vague de la culture cocktail qui a beaucoup gagné en popularité, que ce soit chez les propriétaires de bars et de restaurants, chez les mixologues ou chez le grand public en général. Il y a eu un effet boule de neige, ce qui fait en sorte qu’aujourd’hui la culture cocktail canadienne est pas mal plus importante que lorsqu’on a commencé.
Un autre gros changement, c’est la qualité des cocktails qu’on boit naturellement. Ce n’est pas juste plus gros et populaire, c’est meilleur aussi. Les bartenders professionnels mettent de plus en plus d’importance à la qualité de ce qu’ils font et à la connaissance derrière leurs créations et on s’en rend compte. Finalement en ce moment, c’est une grosse tendance de l’éducation. Les bartenders veulent en savoir plus et aiment ça communiquer ce qu’ils savent et ils aiment ça le mettre en valeur dans leurs cocktails.
Est-ce ce qui a motivé peu l’ouverture de votre école-bar?
Entre autres. L’école Made with love a été motivée surtout par le besoin d’ouvrir une porte vers le futur. On voulait vraiment pouvoir dire qu’on s’adressait aux nouvelles générations et qu’on leur montrait ce qu’on avait fait dans les 10 dernières années et comment on voulait continuer à le faire.
C’est dans une école de bar qu’on va avoir l’occasion d’accueillir des jeunes qui ne se connaissent pas et qu’on va avoir l’infrastructure pour leur montrer ce beau métier. On reçoit des gens qui veulent devenir bartenders, mais aussi des gens qui s’intéressent simplement à créer des cocktails et qui aiment faire des formations ateliers. Et ça nous permet de faire grandir notre communauté!
Et comment définiriez-vous l’art de faire un cocktail?
Pour moi, c’est d’essayer de trouver l’inspiration et essayer de bâtir un cocktail autour de cette inspiration et être capable de raconter une histoire autour de ça pour avoir un produit balancé et qui est beau, qui paraît bien. Et ça dépend des créateurs, il y a du monde qui vont penser différemment, qui vont partir avec une feuille trouvée dans la forêt et qui vont bâtir autour de cette feuille-là et ça va donner un cocktail incroyable!

Pour est-ce important d’avoir une compétition qui célèbre l’art de la mixologie?
C’est très important, et ce n’est pas par rapport à l’aspect compétitif nécessairement, mais c’est plus l’aspect de l’intérêt du public en général. Le fait que ce soit une compétition, ça va beaucoup piquer l’intérêt des gens. Il y un aspect excitant autour de l’événement qui fait en sorte que l’événement est très populaire un lundi soir. C’est le côté divertissant de la chose. Naturellement, ceux qui gagnent sont dans les tops, mais il y en a plein qui n’ont pas participé ou qui ont fait d’autres compétitions. Pour nous, il s’agit d’être les plus fous, les plus extravagants et d’aller chercher l’intérêt des médias et du public en général.
Par rapport aux accords cocktails et mets, est-ce que c’est quelque chose qui est en train de se développer?
Il y a de fortes tendances ces dernières années, et je pense dans les années à venir. On l’exploite déjà depuis quelques années, au moins 4 ans, parce que c’est la suite logique des choses. Les bartenders s’intéressent de plus en plus à ce qui se passe dans la cuisine et à travailler avec les chefs cuisiniers, à utiliser les différents outils et différents ingrédients qui se trouvent dans la cuisine. Aller voir le chef et lui demander ce qu’il fait par exemple comme dessert et s’il y avait possibilité de créer un cocktail qui fitte avec ce dessert-là. Le bartender n’est pas pâtissier et le pâtissier n’est pas bartender, mais s’ils se mettent ensemble ils peuvent créer un dessert et un cocktail qui fonctionnent ensemble.
Pour les 10 ans de l’événement, nous avons demandé à Pierre-Oliver de nous partager les 10 cocktails qui l’ont marqué au fil des éditions…
2009: Le Coco par Laurence Picard (Gin Fizz au taro)
2010: Apfelwein par Brynley Leach (Hot German Mulled Sider, Rye Whisky, spiced dulche de leche mousse, crumbled caramel rim and a maple syrup instant-infused apple slice frozen on the spot on the Anti-griddle)
2011: Le Caribou Crossing par Nishantha Nepulongoda (Vodka, Cointreau house made lime cordial, lime, housemade jalapeño black pepper syrup, fresh grapefruit juice, grapefruit, hop bitters)
2012: Nicest Pear in the Club par Rachel Osborne (Cocktail body (shake) Rye Whisky, fresh pear juice with lemon. Foam (egg white foam in siphon): Fresh raspberry with sage, maple syrup and lemon)
2013: Betty’s par Sarah Castonguay (Vodka Campari, jus de betterave, jus de carotte, Homemade bitter à la baie de genièvre, menthe, piment la Jamaïque, caviar de betterave, nuage de menthe, spicy sucre d’orge à la citronelle)

2014: Gentleman Lumberjack par Romain Cavelier (Pineau des Charentes, poire, jus de citron fumé à froid, jus de poires maison, amer réglisse, sirop de bouleau)
2015: Banksy Par Pierre Gadouas (Gin, Sirop de kafir & camomille, jus de lime frais, jus de concombre)

2016: Éden par Maximiliano Vallée Valletta (Gin Ungava, réduction de pomme à l’eau de rose, jus d’abricot infusé à la lavande, teinture de mélilot et hibiscus, blanc d’œuf)
2017: L’oro Cristobal par Antoine Vendette (Flor de Caña Rum, sirop de maïs, café, feuilles de lime kaffir fumé, cordial d’agrumes caféiné, amertume d’armoise, soda 1642 au gingembre)
2017: Somber Woods par Jey Laflamme (Bourbon Woodford Reserve, sirop de pelure de banane et bière noire, beurre de banane, amers)