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«Comme pour des sushis, on utilise des ingrédients à l’état brut pour en faire un tout assez moderne» – L’entrevue bouffe non conventionnelle de Bears of Legend

«Comme pour des sushis, on utilise des ingrédients à l’état brut pour en faire un tout assez moderne» – L’entrevue bouffe non conventionnelle de Bears of Legend

Bears of Legend récidive dans le style folk rock qu’on lui connait avec «A Million Lives». Avant d’entamer une tournée à travers la Belle Province, le septuor s’est amusé à répondre à notre questionnaire irrévérencieux.

Le son du groupe originaire de la Mauricie possède un je-ne-sais-quoi qui évoque celui d’un certain Arcade Fire. Parions qu’un aussi bel avenir se profile pour la formation qui donnera le coup d’envoi d’une tournée québécoise au Théâtre Petit Champlain de Québec le 3 novembre prochain. Jusqu’au printemps, ils donneront près d’une trentaine de concerts qui seront assurément entrecoupés de pauses-repas exquises et nutritives. C’est David Lavergne, le chanteur du band qui se confie à nous et nous jase de nourriture et de «fails».

Qui es-tu et quel est ton parcours? Comment a démarré l’aventure de ta formation?

Je m’appelle David et je suis le chanteur de Bears of Legend. D’aussi loin que je me souvienne, j’aime chanter, écrire et lire. Plus jeune, j’aimais surtout lire des livrets de paroles et j’adorais Green Day. J’éprouvais un plaisir fou à percer le mystère du sens des paroles d’un groupe de musique. Je me fascinais pour les mots percutants qui tombaient presque toujours sur les derniers mots des phrases. L’album «Dookie» a carrément contribué à mon premier éveil musical. Le punk rock a été pour moi une école alternative dans laquelle j’ai surtout appris à me contenter de peu, à vivre en groupe serré et à trouver du confort là où souvent il n’y en avait pas. Timide de nature, j’exprimais mes pensées d’adolescent en plaquant quatre «power chords» dans un groupe plutôt marginal à une époque où l’on cherchait si fort à se forger une identité propre, à être quelqu’un de «spécial» et, avec du recul, à s’aimer.

Lorsque j’ai commencé à écrire mes propres chansons, j’étais plutôt attiré par une démarche introspective. C’est là que l’idée de réunir des gens qui jouent le violoncelle, le piano, l’accordéon, le banjo, la mandoline et tous ces instruments qui étaient loin de ce qui m’était familier comme punk rocker m’est venue. Au départ, nous n’étions qu’une gang d’amis aux affinités musicales évidentes, mais aux personnalités complètement différentes. On se réunissait chaque vendredi soir dans un dépanneur converti en local de pratique pour des raisons différentes, mais on se faisait tellement du bien. Je pouvais passer une heure avant que tout le monde arrive pour faire le ménage, passer l’aspirateur, allumer des chandelles, tamiser les lumières et préparer l’équipement pour ma gang. C’était un rituel auquel on s’adonnait sans le savoir qui se rapproche de la méditation. On pouvait passer des heures à discuter sur ce qu’on avait envie de se faire vivre à travers les arrangements musicaux et de nos voix. On le faisait, sans but précis, chaque vendredi, un peu comme si on faisait partie d’une ligue de garage au hockey!

Est venu ensuite le moment où on a réellement eu envie de le partager avec des gens et c’est là que nous sommes tombés dans le panneau. La journée où on a commencé à faire entendre nos chansons, on sentait que d’autres, comme nous, avaient ce besoin d’évasion, de recueillement et d’abandon. Comme dans n’importe quoi, je crois qu’on a tous et toutes notre façon de se rapprocher de cet état-là. Un état dans lequel on oublie un peu les couches superficielles qu’on s’oblige à porter chaque jour et qui nous fait sentir bien sans trop savoir pourquoi. La musique en est une, et elle parle à certains, tout comme peut l’être le sport, par exemple, pour d’autres.

Dans notre cas, je crois que la contagion s’est faite de manière autant progressive que démesurée. C’est comme si on avait toujours la pédale de gaz dans le fond, mais le «break» à moitié. Nous voici donc maintenant sept ans plus tard avec un band qui nous allume toujours autant, qui fait environ 80 spectacles dans une année, ici comme en Europe, mais qui restera toujours, pour nous, un trip parmi tant d’autres dans une vie.

Notre aventure évolue au rythme de nos vies. On trouve toujours le temps qui faut pour la garder bien vivante, c’est juste que le dépanneur abandonné s’est maintenant transformé en voyage outre-mer, en salles de spectacle et en festival! Les gens qui sont attirés par notre musique nous renvoient une image de nous-mêmes qui nous semble vraie. On n’a pas l’impression de devoir jouer aux stars inaccessibles du rock pour se faire apprécier et on en est hyper reconnaissant. Qui se ressemble s’assemble.

Comment décrirais-tu l’univers musical de Bears of Legend?

Imprévisible. Depuis nos débuts, on n’a jamais voulu se confiner dans une catégorie particulière. On aime se laisser surprendre par nos inspirations spontanées, l’espèce de frénésie à l’idée d’ignorer totalement le style des chansons qui vont naître en période d’écriture. On aime aussi se sentir libres de changer quand bon nous semble et ceux qui nous connaissent savent déjà qu’il ne faudra jamais s’attendre à deux albums identiques de notre part. En ce moment, nous sommes un septuor plutôt indie-pop qui crée une musique essentiellement vaporeuse à dimension introspective et parfois même un peu ésotérique sur les bords!

Quelle est ta relation avec la nourriture?

Notre relation est hyper saine. Pas trop restrictive ni trop naïve. Personnellement, j’adore la bouffe et c’est peut-être mon plus grand plaisir. Le déjeuner, c’est le plus beau moment d’une journée. Chaque matin, on s’assoit tous les quatre ensemble, ma blonde, mes deux enfants et moi, et comme c’est comme si je poussais chaque fois un grand soupir de contentement et d’enthousiasme devant ma journée, mais aussi devant ma vie. Demandez à n’importe qui, il me faut un bon repas avec une belle ambiance chaque soir. Je suis totalement incapable de manger sur le coin de la table. Je pense que chaque repas agit un peu comme une récompense après une journée de travail. Par exemple, il n’est pas rare de me voir sauter dans les plats du traiteur immédiatement après le spectacle dans les loges. La bouffe, c’est comme mon temps d’arrêt.

Si vos chansons étaient un plat ou une saveur, quels seraient-ils?

Des sushis. D’un côté, j’ai l’impression que peu importe ce que tu vas mettre dedans, ça va toujours goûter bon. D’un autre côté, tu peux tomber sur des saveurs surprenantes. Comme pour des sushis, on utilise des ingrédients à l’état brut pour en faire un tout assez moderne. Bref, j’capote sur les sushis!

Parmi vous, qui est le plus doué aux fourneaux?

Claudine, la pianiste du groupe et Antoine, notre sonorisateur en Europe. Je vous avoue qu’ils cuisinent, surtout des pâtes, mais des pâtes SUR-LA-COCHE!

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David adore le Spaghetti ! Bon appétit 😋

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Quels sont les aliments dont vous ne pourriez jamais vous passer et pourquoi?

Le fromage. Jacynthe (à l’accordéon) et moi sommes un peu accros. Le mot s’est passé vraisemblablement, parce qu’on est souvent gâtés en la matière en tournée. Message aux diffuseurs, on peut quand même s’en passer un concert sur trois. On ne se rendra pas au bout sinon!

Avez-vous des demandes alimentaires spécifiques lorsque vous êtes en tournée?

Oui, on demande surtout à avoir accès à des repas santé. Il existe plusieurs défis dans une tournée et je vous dirais que les plus difficiles à affronter sont surtout liés aux habitudes de vie. Faire de l’activité physique, bien dormir et surtout bien s’alimenter deviennent souvent un casse-tête pour nous avec les longues heures de route et les horaires bizarres, mais lorsque le diffuseur du spectacle peut nous accueillir avec des fruits, des légumes et d’autres aliments légers, on règle déjà une partie du problème!

On est aussi super influençables, alors si vous nous parlez de votre casse-croûte du coin qui fait vraiment les meilleures poutines, c’est É-VI-DENT qu’on va aller essayer. Souvent, on le regrette!

Quel est votre pire «fail» culinaire?

Sérieusement, je pense qu’on s’est jamais planté à ce niveau-là. En tournée, on est souvent accueillis par les gens de la place et on nous gâte beaucoup avec des saveurs locales ou des plats maison. C’est ce qu’on apprécie le plus. On cuisine une ou deux fois par tournée de 15 jours, surtout lorsque nous avons un congé le lendemain, alors on y met tout notre amour et tous les ingrédients qu’on aime! On agrémente le tout des meilleures bières du coin, une bonne bouteille de vin et Francis fait jouer les albums les plus éclatés des Beatles, les plus récents de Queens of the Stone Age et les chansons moins connues de Michael Jackson.

Et votre pire «fail» musical?

Définitivement notre lancement d’album en Mauricie en 2015! Pour une raison qu’on ignore encore, on n’avait pas entendu le célèbre «stand-by 5 minutes» qui nous pousse hors des loges vers la scène. Tout ce qu’on a entendu c’est «Mesdames et messieurs, Bears of Legend!». Les lumières s’éteignent et notre intro démarre. Plus de 800 spectateurs applaudissent, le Centre des Arts de Shawinigan est à pleine capacité. À ce moment précis, les filles étaient encore au maquillage et la plupart d’entre nous n’avions même pas le bon chandail sur le dos. De mémoire, j’étais aux toilettes!

On finit par monter sur scène, mais Claudine trébuche dans ses fils en s’asseyant au piano à queue qu’on avait pris soin d’installer pour l’occasion et je la vois «battre des ailes» comme si elle ramait avec ses bras pour se sortir d’un tourbillon marin et elle s’écrit «J’pas prête!J’pas prête!». «Fail» majeur. La chanson ne démarre pas sans notre pianiste adorée, alors je coupe l’ambiance de fou créée par notre trame sonore et nos jeux de lumière mystérieux pour entrer dans une conversation maladroite avec le public. Si j’avais eu un boule de ninja qui fait de la fumée, c’est le moment dans ma vie où je l’aurais utilisé sans hésiter. Sûrement que je n’aurais pas été le seul non plus!

Si on vous invite à souper, qu’est-ce qu’on devrait cuisiner et passer comme musique pour vous impressionner?

On aime la bouffe, mais on a aussi un fort penchant pour l’alcool. Il faudra donc nous impressionner avec votre sélection de bières. Bières vieillies et bières sures pour moi. Les IPA pour Jacynthe, Christelle et JF. Du bon vin rouge pour les autres!

Pour la musique, vous ne pouvez pas vous tromper, on écoute sincèrement de tout. Je partage peut-être davantage mon plaisir coupable d’écouter de la pop avec JF, Claudine et Guillaume, alors que les autres sont assez éclectiques dans leurs goûts. Pour faire planer carrément tout le monde, il faut s’en tenir aux classiques des années 1970. Simon & Garfunkel fera l’unanimité, mais vous nous surprendrez avec Lana Del Rey, Bon Iver, Björk, etc. Ça peut vraiment aller dans toutes les directions!

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Accordion love ❤️ / 📸 Annie Leblanc

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Votre dernier repas et la dernière musique que vous écouteriez… Si vous deviez mourir demain?!

J’utiliserais le truc de la salade de choux à volonté pour que mon repas dure une éternité et j’écouterais vraisemblablement la discographie complète de Bright Eyes. Plus honnêtement, j’écouterais candidement nos trois derniers disques. Pas pour en être fier nécessairement, mais surtout pour les histoires qui y sont racontées.

Je suis probablement la personne qui a la mémoire la plus défaillante que vous connaissez et j’ai souvent besoin de me relire, de revoir des photos de jeunesse ou qu’on me raconte certains passages de ma vie pour que je puisse m’en souvenir. Ça peut même être un événement qui ne date pas vraiment de plus tard que la semaine passée. Je ne sais pas combien de fois ma blonde m’a raconté notre première rencontre. C’est honteux de ne pas se souvenir, mais je laisse au moins des traces éloquentes dans chacune des chansons que j’écris.

Quels sont vos projets futurs?

Avoir un troisième enfant en décembre, l’aimer comme les deux autres, être fier et leur transmettre tout ce que j’ai pu cueillir de bon.

Vivre heureux. Manger. Ouvrir un gîte avec ma blonde. Acheter une résidence secondaire sur le bord de l’eau. Réaliser que je suis trop bien ici en campagne et y rester. Finalement, partir. Revenir… ou pas. Rester près de ma famille. On va faire une tournée de spectacles aussi là!

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