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L’entrevue bouffe non conventionnelle avec Moran, «l’épicurien reconnaissant»

L’entrevue bouffe non conventionnelle avec Moran, «l’épicurien reconnaissant»

Depuis l’année dernière, Moran verse tous les mois les profits de ses concerts intimes au Verre Bouteille à l’Accueil Bonneau. Pour souligner le 141e anniversaire du refuge destiné aux personnes sans-abris, l’auteur-compositeur-interprète s’entourera de Daniel Boucher, Catherine Major, Émile Proulx-Cloutier, Martha Wainwright et plusieurs autres artistes au Club Soda le 6 novembre prochain. À la manière des plats mitonnés par les bénévoles de l’organisme, le concert apportera solidarité et réconfort aux plus démunis.

C’est lors du tournage de son vidéoclip «Merveilleux» que Moran a côtoyé de près le dur quotidien des personnes itinérantes à l’Accueil Bonneau. Déterminé à faire une différence, il décide de retrouver le guitariste Thomas Carbou au Verre Bouteille un dimanche par mois pour donner ce qu’ils ont de mieux à offrir: des concerts. Sans prétention et avec authenticité, les soirées acoustiques accueillent différents artistes pour amasser des dons pour la cause.

À l’occasion du spectacle-bénéfice du 6 novembre prochain au Club Soda dans le cadre de Coup de coeur francophone, on a discuté de nourriture et de bonheur avec cet artiste au grand coeur…

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

Je m’appelle Jeff Moran. Papa, poète, chanteur, musicien, directeur artistique et… rescapé. J’ai signé 4 albums dans les 10 dernières années. En mars prochain, j’en serai à mon 120ème concert en Europe avec mon complice de toujours, Thomas Carbou, depuis la sortie du Le silence des chiens il y a deux ans. J’aimerais pouvoir un jour faire la même chose dans mon pays. Plus près de ma famille. Mais au Québec, je suis mieux connu comme étant le gars qui écrit beaucoup de textes pour Catherine Major et qui, accessoirement, lui fait des enfants! Si tel est mon destin. Il me convient très bien. Je n’ai pas de parcours en particulier. Il y a longtemps que j’ai trouvé mon bonheur en général.

Comment décririez-vous votre univers musical?

Hmmm… Je crois être la personne la mieux mal placée pour décrire mon univers musical. D’abord, parce que je déteste ce terme. Il est galvaudé et surtout très mal utilisé quand on parle d’art, qu’importe la forme. L’Univers par définition, c’est infini. Le décrire, c’est lui imposer des limites. La musique pour moi est libre. Faire la description de ce qui se passe dans mon cœur au moment de créer, ça serait de l’autodestruction. Je préfère mon bonheur. Et si je comprends la question, je dirai quand même que je n’ai pas d’univers musical. J’envoie plutôt volontiers ma musique dans l’univers. Je dirai aussi pour finir que «galvaudé», est probablement l’expression la plus galvaudée qui soit.

En quoi consiste le show Pro Bonneau? Comment ont été sélectionnés les musiciens qui se rassembleront sur scène?

C’est un grand rassemblement d’humains pour amasser des fonds pour un organisme qui fait beaucoup avec presque rien depuis 140 ans. Je trouve anormal qu’il y ait encore dans une société supposément civilisée des gens qui dorment dehors. Je trouve anormal aussi que l’Accueil Bonneau dépende à 95 % de dons privés pour réussir à servir 800 repas par jour 365 jours par année, à offrir des services de réintégration en société, des soins de santé physique et mentale… La liste est longue. Les besoins sont criants et bien que la population ait déjà entendu le nom, personne ne réalise vraiment l’ampleur de l’œuvre avant d’y avoir mis les pieds. J’ai donc envie qu’on en parle et que l’Accueil puisse continuer d’aider en attendant le jour – bien loin j’en ai bien peur – où il n’aura plus besoin d’exister.

J’ai pensé à Philippe Brach, Luce Dufault, Antoine Gratton, Daran, Catherine Major, Martha Wainwright, Ingrid St-Pierre, Émile Proulx-Cloutier et Daniel Boucher pour m’aider à faire passer le message. Je les ai appelés et ils seront là.

Quelle est votre relation avec la nourriture?

Je suis un épicurien reconnaissant.

Si le show Pro Bonneau était un plat ou une saveur, quels seraient-ils?

Une fondue au fromage avec beaucoup de kirsh. Un plat rassembleur et réconfortant.

Quels sont les aliments dont vous ne pourriez jamais vous passer?

L’amour et l’eau fraîche. Pour des raisons évidentes.

Quel est votre pire «fail» culinaire?

Honnêtement, je ne cuisine pas assez depuis dix ans pour le savoir. Ma blonde cuisine comme un chef de grand resto et je donne un coup de main au besoin. Je sais où se trouve mon bonheur. Sinon, je trouve qu’on pourrait faire un effort plus important dans les restaurants québécois pour cuisiner plus local et plus frais. Libérez-nous des sauces en canne et des fritures, SVP!

Et votre pire «fail» musical?

Un concert en 2008 à Cap-Breton. C’est la dernière fois que j’ai été de mauvaise humeur assez longtemps pour traîner ça sur scène avec moi. La vie est trop courte pour être de mauvaise humeur et les gens viennent voir des concerts pour rêver. On peut pleurer, mais pas faire la gueule. Plus jamais.

Si on vous invite à souper, qu’est-ce qu’on devrait cuisiner et passer comme musique pour vous impressionner?

Ce qui m’impressionne le plus, c’est quand on ne tente pas d’impressionner. J’aime m’imprégner des gens, des odeurs et des sons: un plat qui mijote dans une marmite posée sur un poêle à bois, de l’agneau avec les légumes du potager de la maison et un petit rouge bourgogne premier cru avec l’album Hard Believer de Fink en trame de fond. S’il y a un gros câlin en arrivant, et tout ça derrière, c’est le paradis.

Votre dernier repas et la dernière musique que vous écouteriez… Si vous deviez mourir demain?!

Je voudrais que ça soit un pâté chinois, parce que je voudrais que mes enfants soient avec moi et qu’ils soient heureux d’en manger. Je fermerais les yeux et rendrais volontiers mon dernier souffle avec La mémoire et la mer de Léo Ferré.

Moran

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⏩ Le spectacle-bénéfice Pro Bonneau aura lieu le 6 novembre au Club Soda. 

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