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Route des Arts 2018: Rencontre avec l’artiste Catherine Bossé

Route des Arts 2018: Rencontre avec l’artiste Catherine Bossé

Directrice et éco-designer pour TriCycle, Catherine Bossé est également peintre. Installée au 478, rue Principale à Lachute, elle accueille le public à l’occasion de Route des Arts. Nous l’avons rencontrée.

Qui êtes-vous et qu’est-ce qui vous a amené à devenir artiste?

Je suis née en 1972 à Montréal. Petite, je m’isolais dans ma chambre pendant des heures pour dessiner ou peindre. Disons que je ne m’ennuyais jamais avec mes pinceaux. Créer, c’est la nourriture de mon énergie vitale, depuis toujours. Parallèlement aux arts, j’ai toujours été attirée par la mode. Pendant plusieurs années, j’ai poursuivi une carrière d’artiste-peintre où j’ai présenté quatre expositions solos et participé à plus d’une quinzaine d’expositions collectives, dont les «Femmeuses» chez Pratt & Withney Canada. Mes œuvres font partie de nombreuses collections privées et publiques dont la Banque Nationale, la Fondation Jean Coutu, Les Chaussures Browns et la Fiducie Desjardins.

Il y a plusieurs années, après un déménagement à Lachute dans les Basses-Laurentides, j’avais besoin de nouveaux défis, et surtout une forte envie de m’impliquer activement dans mon milieu de vie. C’est à ce moment que j’ai retrouvé par hasard (ou était-ce plutôt un rendez-vous) une amie de l’école secondaire que je n’avais pas vue depuis plus de 25 ans, Marie-Josée Clermont. À ce moment-là, Marie-Josée me propose de mettre à profit mes connaissances en arts en jumelant couture, récupération et insertion sociale pour les jeunes de la région. C’est ainsi que TriCycle est né en 2009. TriCycle récupère, recycle et réinvente vêtements et accessoires grâce au travail et à la créativité de personnes se trouvant en situation socioéconomique précaire. Pendant une période de six mois, notre mission est d’encourager leur imagination et leur créativité. Nous leur enseignons à créer et à coudre des pièces uniques et inspirées à partir de tissus et matériaux récupérés afin de réaliser une collection de vêtements, bijoux, sacs à main et accessoires de haute qualité.

Même si Tricycle et la couture prennent maintenant l’essentiel de mon temps, je réussis tout de même à consacrer plusieurs heures par semaine à la peinture. Je prépare d’ailleurs une exposition solo pour le printemps prochain.

Comment décririez-vous votre univers artistique?

Mon univers, je le veux coloré, féminin, ludique, parfois avec une pointe d’humour et sans prétention. Que ce soit en peinture ou en couture, j’aime mixer les matières, les textures ou mettre en opposition couleurs et motifs.

En peinture, j’aime raconter de petites histoires. Je réalise des mises en scène de natures mortes avec des fruits, des fleurs et des objets favoris comme les robes ou les corsets qui font partie de mon univers pictural depuis toujours. J’adore apporter du bonheur aux gens. Lorsqu’ils achètent une de mes pièces, je veux qu’ils y trouvent une résonance, que cela provoque une émotion positive ou que cela leur rappelle un souvenir d’enfance, par exemple.

«Mon univers, je le veux coloré, féminin, ludique, parfois avec une pointe d’humour et sans prétention.» 

De même en couture, je fais beaucoup de «sur mesure» avec du textile apporté par le client, ce qui permet d’offrir un produit unique selon les goûts précis de celui-ci. Une dame m’a déjà apporté les vêtements de son mari décédé. Ces pièces sont devenues des sacs offerts aux membres de sa famille qui l’avait beaucoup soutenue dans son deuil. Ces créations «émotives» peuvent servir à préserver et perpétuer les souvenirs de manière originale et écologique.

Un mot pour définir quel type d’artiste vous êtes…

Un mot? Ce serait probablement «miniweat».

Un côté givré: c’est mon côté fou, ludique, allumé et brouillon qui s’exprime peut-être un peu plus en peinture.

Et un côté santé: c’est mon côté plus rationnel et mental. Il s’applique plus en couture, car ça demande plus de précision, de la logique et de la patience. De plus, je dois transmettre ces connaissances à mes employés, je me dois d’être rigoureuse et organisée.

Qu’est-ce qui vous inspire essentiellement à créer?

Malgré que leur univers pictural soit très éloigné du mien, je trouve beaucoup d’influence dans le travail des peintres tels que Frida Kahlo, Egon Schiele, Kent Williams, Jules Arthur ou Dominique Fortin. Les oeuvres «mixed media» de l’artiste Heather Murray qui sont autant de petites scènes d’un autre temps sont aussi très inspirantes.

Puis, il y a certains artistes comme Cecile Perra, Annie Montgomerie, Winnie Bryony Rose ou Mister Finch qui travaillent tous les «Art Doll» d’une manière parfois assez délirante et inventive.

Tous ces artistes sont autant de source de motivation et d’enthousiasme pour moi. Je me suis fait un tableau Pinterest qui les rassemble tous, je le consulte souvent pour me donner un souffle, un petit boost de beauté pour me stimuler avant de me plonger dans ma prochaine création!

Quel genre de musique écoutez-vous lorsque vous travaillez?

Lorsque je crée chez moi, disons que je suis assez fidèle aux mêmes choses depuis plusieurs années… La radio de Radio-Canada et mes deux idoles de toujours; Joseph Arthur et Leonard Cohen. J’ai découvert récemment l’électro swing (Caravan Palace, Parov Stelar…). C’est pétillant, entraînant et j’adore l’influence rétro de ce genre.

Et, lorsque je suis à mon atelier-boutique TriCycle, comme nous sommes une équipe et que l’atelier a pignon sur rue, on est plutôt dans l’éclectisme «soft»: musique du monde, un peu de classique, un peu de pop, on varie les genres, question de plaire à tout le monde et de ne pas gêner nos échanges avec les clients!

«La créativité pour moi, c’est comme un muscle. Il faut l’entraîner, le réchauffer, l’étirer… Il faut s’exercer le plus souvent possible, tel un athlète.» 

Quelles astuces donneriez-vous pour améliorer la productivité et la créativité?

La créativité pour moi, c’est comme un muscle. Il faut l’entraîner, le réchauffer, l’étirer… Il faut s’exercer le plus souvent possible, tel un athlète. Avant de débuter une nouvelle création, j’essaie de visualiser mon oeuvre finie, je place les couleurs, les formes, je «vois» les mélanges de textures, de motifs. Puis, je crée mentalement le parcours que je dois suivre pour atteindre mon objectif. J’élimine par la pensée les difficultés que je pourrais rencontrer. C’est une façon pour moi de me centrer et de me connecter à mon énergie créative.

Il y a quelques années, j’ai eu quelques petits problèmes de santé et j’ai dû complètement changer mon hygiène de vie. Je me suis entre autres mis au végétarisme, au yoga et je ne bois plus d’alcool. Évidemment, je me suis rétablie côté santé, mais, à ma grande surprise, j’ai réalisé que ces changements avaient beaucoup amélioré ma créativité. L’inspiration est devenue beaucoup plus facile à aller chercher. Ma capacité à produire sur de plus longues périodes a augmenté drastiquement. Et cela m’aide grandement à avoir une idée et un état d’esprit clair, vif et rapide sur ce que je désire réaliser comme œuvre ou établir comme message dans ma création.

Vivre mieux, manger mieux, créer mieux…

Catherine Bossé

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