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Hugo Américi: Globe-trotter épicurien et fondateur de Camellia Sinensis

Hugo Américi: Globe-trotter épicurien et fondateur de Camellia Sinensis

D’emblée, Hugo Américi explique qu’il revient d’un voyage de trois semaines en Taïwan et en Corée. Il prend le soin de nous préparer un thé fraîchement importé de Chine, et le sert dans un gaiwan [petite tasse à couvercle, dans laquelle on fait infuser le thé]. Il ajoute aussi que c’est une «bonne année» pour l’Anji Baichai, un thé qu’il connaît depuis sept ans. En effet, le fondateur de Camellia Sinensis semble vouer un culte quasi religieux au thé; on pourrait d’ailleurs parler de vocation. 

Mais d’où provient cette «mission» de vouloir apporter le thé en Occident? «Le tout a débuté lors d’un voyage à Prague, en République tchèque, en 1997, où une amie m’a fait découvrir un salon de thé inspiré des traditions asiatiques. Cet endroit a été un véritable coup de coeur, se souvient-il. En revenant, je me suis demandé: où puis-je aller prendre le thé à Montréal? Il n’y avait pas de marché pour cela ici, le thé n’était pas très populaire à l’époque. Il y avait seulement deux salons de thé, plutôt “à l’anglo”.»

«Aujourd’hui, le thé est plus répandu dans les grandes villes, comme Toronto, Vancouver et New York, où il y a des maisons de thé intéressantes, explique-t-il. Il n’y a tout de même pas beaucoup d’établissements de ce type en Amérique du Nord, et même, dans le monde… Aussi, environ cinq maisons de thé à l’international ont la même démarche que nous». Véritable perle rare, la maison de thé Camellia Sinensis est ainsi devenue le lieu de nombreux «pèlerinages en terres saintes» vers ces précieux élixirs liquides tant recherchés par ses amateurs.

Voyager sur la route du thé

Hugo Américi parle de sa quête des saveurs et des arômes à la façon d’un récit initiatique. «Pour le thé, j’ai visité principalement la Chine, le Japon et Taïwan, mais je suis aussi allé au Vietnam et en Corée du Sud.» 

Camellia Sinensis présente effectivement le thé en fonction de sa provenance, ce qui diffère d’autres compagnies qui préfèrent classifier les thés par types. «En 2002, je suis allé en Europe avec Jasmin Desharnais [copropriétaire de l’entreprise], et on a rencontré Mme Tseng, de la Maison des Trois Thés à Paris. Elle nous a fait goûter des excellents thés, en on a eu la piqûre pour les thés haut de gamme, dit-il avec fierté. On a alors eu envie d’explorer. Maintenant, 200 thés proviennent de notre démarche.»

Il ouvre son salon alors qu’il est âgé de 24 ans, en 1998. «Je cherchais à créer quelque chose, ça faisait déjà plusieurs années que j’avais un plan d’affaires. Au début, c’était plutôt pour ouvrir un magasin/café avec des revues, ou un bar. Je me suis préparé pendant un an à l’ouverture du salon, avec des livres, des échantillons, et j’ai élaboré un menu.» 

À la recherche de l’effet de surprise

«Dans les premières années, tout était nouveau. Mais aujourd’hui, c’est devenu un défi d’être surpris», relève-t-il. Hugo Américi mentionne que le sentiment de surprise conféré par le goût d’un thé est vraiment particulier. «Il faut qu’on soit transportés ailleurs; il doit se passer quelque chose.» 

Il utilise des mots tels que «déclic, étincelle, petite chaleur, illumination» pour décrire cette sensation. Après vingt ans de dégustation de thés, l’expert indique qu’il peut presque prédire qu’il aura ce sentiment juste en regardant ou en sentant certaines plantes infusées. De façon presque mystique, il raconte qu’il a renoué avec cette délicieuse surprise pour la première fois en cinq ans, en dégustant un thé noir provenant de Taïwan, le Mi Xian Hong Cha. «C’est excitant de retrouver quelque chose qui émerveille, et ce thé a été très bien reçu, autant par le staff que par les clients.» Camellia Sinensis met d’ailleurs un point d’honneur à offrir des produits écoresponsables et biologiques.

Et d’ailleurs, quel est secret de la durée de vie de la maison de thé Camellia Sinensis, où une ambiance feutrée et calme règne depuis 20 ans? «C’est la passion, et le désir de faire plaisir. Derrière le service, il y a une intention de bien recevoir. L’authenticité joue aussi un grand rôle, d’où notre slogan “Pur et simple”.» 

Un livre acclamé

Le premier livre de la maison de thé, Thés, Histoire, Terroirs et Saveurs, paraît aux Éditions de l’Homme en novembre 2009. Celui-ci a connu un grand succès depuis. En effet, il a remporté le premier prix au Canada de la Guelph University, a fini troisième au Cook Book Award, et a même été best-seller en France. «Ce sont des “bonus de vie”! On a passé huit ans à accumuler de l’information, et deux ans à les rédiger. Il est maintenant utilisé dans presque toutes les écoles de thé. C’est un peu surréaliste, et on est super fiers. On ne s’attendait pas à ça!» 

La version anglaise a même remporté le prix du meilleur livre sur le thé au World Tea Awards. Traduit en russe en 2016, ainsi qu’en coréen en 2015, M. Américi annonce qu’il sera traduit à présent en italien cet été.

Une compagnie prolifique

Les projets de Camellia Sinensis demeurent nombreux. Parmi ceux-ci, l’ouverture d’un bar à thé à saveur très spécifique: le Bristol Chai à Montréal. Celui-ci charme les adeptes de cardamome et de cannelle. «L’endroit est né de l’une des thématiques à la maison de thé; les Lundis chai, où les gens en redemandaient!», souligne M. Américi. 

«On est également partenaires d’une fabrique de thé en Inde, le Tea Studio. Ça fait deux ans et demi qu’on travaille là-dessus; on a reçu les premiers lots en février.» 

À moyen terme, le fondateur mentionne vouloir offrir des voyages liés au thé, en proposant par exemple des formations pour les professionnels du milieu. «Il y a de la demande pour cela depuis une quinzaine d’années.» Il mentionne également, les yeux rêveurs, que des ateliers et des visites pourraient être offerts au grand public. Comme quoi Camellia Sinensis ne veut laisser personne sur sa soif… À savourer autant avec les papilles qu’avec l’esprit du voyage.

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