L’entrepreneure Sly Toussaint a vécu pendant trois ans à Toronto où elle a eu l’occasion de participer à plusieurs projets entrepreneuriaux, dont la création d’une première entreprise. De retour dans la Belle Province, elle nous parle de son expérience et de sa compagnie actuelle en nutrition santé. Selon elle, Toronto est une ville plus culturellement et traditionnellement tournée vers l’entrepreneuriat, que cela soit pour partir une compagnie ou tout simplement pour avoir un ou plusieurs projets sur le côté. De plus, elle pense qu’une effervescence multiculturelle semble se déployer davantage dans la Ville Reine. Rencontre.
Qui êtes-vous et quel est votre parcours personnel?
Mon nom est Sly Toussaint et j’aime me définir comme étant une «serial entrepreneure», mais encore plus comme personne de projets. Je suis passionnée par tout ce que je fais; que ce soit le côté fitness, le côté danse ou encore la mise sur pied d’entreprises. J’ai commencé à me définir comme entrepreneure lorsque j’ai commencé à faire de l’argent avec mes projets, au début avec la danse lorsque je performais. Récemment, j’ai commencé un projet de nutrition type «meal prep». J’ai ça en moi depuis que je suis toute petite et très tôt dans ma vie, j’ai commencé à organiser des événements et bâtir des projets.
Quelle business aviez-vous créée à Toronto?
À Toronto, l’entreprise que j’ai lancée était Ntensick et le cofondateur qui a continué la compagnie l’a renommée Aeronick Fitness. C’est une compagnie qui souhaite rendre le fitness le fun et intense, avec un bel esprit d’équipe afin que les gens puissent se remettre en forme ou garder la forme de manière accessible. Malheureusement, je ne travaille plus avec ce partenaire.
Vous êtes maintenant de retour à Montréal et avez fondé une compagnie récemment…
Oui, il s’agit de KOFÜD qui fait du meal prep [préparation de repas] santé, rapide et économique pour toute la semaine au prix de 60$ par personne. Les menus sont variés à chaque semaine. On fait l’épicerie puis on cuisine tous ensemble en groupe, les clients peuvent venir confectionner les repas avec nous puis ils repartent chez eux avec leur nourriture.
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Selon vous, quelles sont les différences notables entre Montréal et Toronto en matière d’affaires?
Premièrement, on y ressent beaucoup plus un «esprit entrepreneur». C’est d’ailleurs très rare de rencontrer une personne qui n’a pas une entreprise sur le côté! Par exemple, beaucoup de personnes achètent une maison ou un immeuble, pour y vivre certes, mais souvent pour en faire un immeuble à revenu ultimement. Que ce soit le sous-sol, le stationnement, etc. Les personnes vont chercher à louer et dégager des profits. Même constat pour Uber qui est plus populaire qu’à Montréal. Les personnes ont très souvent une deuxième source de revenus.
Tandis que je trouve que Montréal est davantage une ville «jeune» où les gens sont plus dans le divertissement. Il serait intéressant de comparer les démographies des deux villes! À Toronto, les gens sont plus «établis» et ils cherchent davantage à monétiser leur temps. Pour moi, ça a été plus simple de trouver des personnes motivées à partir en affaires, même s’il n’y avait aucune garantie de réussite au départ. Ils sont culturellement plus ouverts aux aléas de l’entrepreneuriat.
J’ai ainsi contribué à plusieurs projets et c’était très motivant de voir beaucoup de personnes et d’immigrants dans cette énergie-là. Toronto est encore plus multiculturelle que Montréal; ces gens viennent au Canada pour vivre une meilleure vie et c’est facile de connecter avec eux.
Considérant votre domaine, à savoir le fitness et la nutrition, s’il fallait choisir… Plutôt Montréal ou Toronto?
C’est une question difficile! L’une des choses les plus importantes quand on se lance en affaires, c’est le réseau. Étant une personne qui a grandi et vécue à Montréal toute sa vie, mon réseau est à Montréal. Si j’ai besoin de personne pour des photos ou pour m’aider en marketing, ici j’ai des contacts à bas prix. À Toronto, je suis repartie de zéro! Mais je pense que si j’avais eu plus de contacts à Toronto, ça aurait été Toronto. J’ai l’impression qu’il y a plus d’ouverture, d’octroi de bourses, d’opportunités, etc. Les affiches publicitaires et les pamphlets dans la rue parlent d’entrepreneuriat là-bas!
Bizarrement, l’entrepreneuriat est venu à moi à Toronto, alors qu’à Montréal, c’est moi qui vais vers l’entrepreneuriat.
En tant que Québécoise, aviez-vous eu la chance de vous faire aider par une quelconque ressource à Toronto?
La seule ressource que j’ai utilisée par mes propres moyens c’est le Toronto Public Library. Ils ont divers programmes afin de faire venir des professionnels qui donnent des conférences s’adressant aux gens en affaires. J’ai également beaucoup utilisé les applications Meetup et Shapr aussi.
Finalement, pensiez-vous avoir «idéalisé» la ville et son potentiel entrepreneurial?
Je ne pense vraiment pas avoir idéalisé les choses. Je suis partie élargir mes horizons, vivre des nouvelles expériences et évoluer dans un milieu anglophone. Dans un concept de mondialisation, l’anglais est essentiel et j’ai voulu améliorer mes aptitudes et rencontrer les bonnes personnes.
Au contraire, je n’avais aucun emploi, aucun contact, et je m’attendais à «souffrir» beaucoup plus! Pourtant, arrivée à Toronto, j’ai décroché un emploi dans mon domaine et j’ai avancé mes projets entrepreneuriaux avec sérieux.
Quels ont été vos plus grands défis en tant qu’entrepreneure Québécoise «expatriée» à Toronto?
Ça a été de recommencer à zéro. Un effort de connexion durable doit être fait lorsqu’on déménage ailleurs.
Car les connexions sociales, c’est ce qui rend une entreprise plus grande. Par exemple, un statut Facebook va nous aider à trouver du funding et des ressources, car nos amis et contacts répondent. Si on se trouve dans une ville où on ne connait presque personne, c’est plus complexe. Travailler son réseau, donc. J’ai longtemps sous-estimé l’importance de celui-ci!
Quels conseils donneriez-vous à un-e entrepreneur-e qui souhaite partir en affaire à Toronto?
Prendre du temps et se fixer un budget pour rencontrer des personnes et participer à des réseautages et nouvelles activités afin de pouvoir bâtir un réseau de qualité et solide. Tu vas toujours trouver des personnes qui ont des intérêts similaires aux tiens, mais ça prend du temps et de l’investissement pour les rencontrer! Des bonnes idées, tout le monde en a, mais pour pouvoir exécuter les projets correctement, ça ne se fait pas en solitaire.