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Petits bonheurs et grandes rencontres pour la petite enfance

Petits bonheurs et grandes rencontres pour la petite enfance

Programme B

S’il y a deux écoles en matière de création jeune public, celle qui recherche le confort dans les sujets choisis et sa manière de les aborder, et celle qui défriche des terrains vierges en matière de création, avec la foi que les enfants sont des êtres intelligents capables de s’adapter et de saisir une panoplie de situations, on peut dire que le festival Petits bonheurs s’inscrit davantage dans la lignée de cette dernière approche. 

Il faut en effet beaucoup de courage et d’audace pour proposer à des enfants des spectacles intégrant de la musique électroacoustique ou de la danse. Cette audace accompagne la mission du festival, qui cherche à mettre l’enfant en contact avec le plus de formes d’art possible, toujours de manière sensible.

Nous avons demandé à la directrice des Petits bonheurs Marion Delpierre de nous donner ses coups de coeur parmi cette foisonnante programmation, tâche difficile s’il en est une. 

Dans ses recommandations, on compte le spectacle Histoire d’ailes et d’échelles, de Sylvie Gosselin, qui prend comme prétexte l’oeuvre de l’artiste visuel Paul Klee pour explorer l’imaginaire et l’abstraction. «C’est hyper intéressant pour les jeunes enfants – pas les bébés, mais les moyens, de pouvoir leur ouvrir ce genre de possibilités d’accès à l’art, de les laisser, eux aussi, créer leur histoire par rapport à ce que l’artiste propose.» 

Une autre proposition étonnante s’adressant aux nouveau-nés prend la forme d’un voyage sonore aux tendances électroacoustiques. Il s’agit des Matinées berçantes, de la compagnie Les Incomplètes. «On met l’enfant en direct avec la musique, avec les comédiens, en contact avec l’art, et on se laisse transporter», explique Mme Delpierre, qui confirme pour l’avoir vu que les bébés d’à peine quelques semaines réagissent à ce qu’ils entendent. «C’est magique comme moment.»

Un autre spectacle à ne pas manquer est Je me réveille, du duo français Mosaï et Vincent, «parce que ça décoiffe». Les deux musiciens passent de la pop très douce à l’électro, avec une interaction constante avec son public, invitant «les bébés et les un an et plus à danser, à gesticuler, à bouger, à interagir» à leur façon. 

Le spectacle de danse contemporaine Acuna, pour les 18 mois et plus s’ajoute aux recommandations de la directrice. «Je suis très contente de les accueillir, parce que je trouve que c’est une forme qu’on voit moins pour les tout-petits, et pourtant, le corps est très important.» 

En lien avec le désir de réconciliation et de créer des ponts avec les nations autochtones, le festival présente en première montréalaise Mokatek et l’étoile disparue des Productions Ondinnok. «Je pense que c’est la porte ouverte à d’autres compagnies et d’autres créations [autochtones], et je serai contente de ce premier contact.»

Ce désir de créer des ponts s’incarne également dans la mise en place, au fil des dernières années, du réseau Petits bonheurs, qui compte comme plus récent membre l’arrondissement Saint-Laurent, pour un total de quatre arrondissements et dix municipalités ou territoires. «C’est un réseau qui partage la même philosophie d’accessibilité aux arts, de l’importance du spectacle pour les tout-petits, la même tranche d’âge du 0-6 ans, et de travailler avec sa communauté.» Chaque membre développe donc des partenariats locaux pour présenter une programmation unique: « On ne veut pas que ça soit un festival culturel de diffusion, on veut vraiment qu’il y ait des ponts qui se créent avec la population, avec les organismes communautaires de leur quartier ou de leur territoire.» Ce regroupement permet, d’une part, «de pouvoir rejoindre le plus possible de familles sur un large territoire, et aussi de nous donner la chance d’accueillir des spectacles étrangers», puisque ceux-ci font une tournée à travers le réseau.

Et si ce regroupement un momentum pour la création jeune public entre la fin avril et la fin mai, Petits bonheurs n’oublie pas le quartier qui l’a vu naître, Hochelaga-Maisonneuve. Cette année encore, l’initiative des billets du bonheur se poursuit et permet de continuer à démocratiser la culture pour les tout-petits de tous les milieux socio-économiques. À la mi-avril, pas moins de 132 billets du bonheur, des billets sous forme de dons que les gens achètent et qui sont distribués à des organismes communautaires du quartier, ont trouvé preneur, un nombre significativement plus élevé que l’année dernière.

Réfléchir la création pour les tout-petits

«Le public des tout-petits est un public très exigeant, et très généreux», confirme Marion Delpierre. «De voir la multitude d’émotions qu’ils ont pendant un spectacle, c’est extraordinaire. Et c’est très difficile pour les artistes, parce que c’est un public qui réagit quand même beaucoup, plus que nous, adultes, qui sommes formatés de “bien se tenir” dans une salle de spectacle.» 

Tout spectacle destiné à la petite enfance doit impérativement faire l’objet d’une minutieuse préparation et de nombreux tests auprès de tout-petits, afin de valider les réactions et de réajuster le tir en conséquence. Le festival permet ce contact avec le public au sein même de sa programmation, sous la forme de banc d’essai, où des spectacles à la fin de leur processus de création viennent tester leur production, et qui seront souvent présentés dans leur forme définitive l’année suivante. C’est le cas de Récit d’une chaussure, de la compagnie Libre course, qui était justement au banc d’essai l’année dernière, et qui avait préalablement fait un atelier. Le festival est particulièrement investi dans le soutien à la création et aux jeunes compagnies, puisqu’il s’agit d’une des meilleures façons de continuer d’innover et de faire preuve d’audace dans sa programmation.

Pour le constater par vous-mêmes, rendez-vous du 4 au 13 mai dans l’Arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve!

Petits bonheurs

site web

Pour se tenir au courant des activités culturelles de l’Arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, rendez-vous sur le blogue Culture MHM

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