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«Bullshit Threshold»: la rupture sous toutes ses formes

«Bullshit Threshold»: la rupture sous toutes ses formes

Programme B

Marie Davidson est une artiste montréalaise qui produit une forme unique de techno minimaliste dotée d’un esthétisme sonore recherché. Au niveau lyrique, on dénote une sorte de froide sensualité combinée à une atmosphère légèrement sombre.

Elle débute sa carrière au sein du duo Les Momies de Palerme avec Xarah Dion en 2006. L’artiste est aussi connue pour le projet «Essaie Pas», accompagnée par son mari Pierre Guerineau. À l’automne 2016, elle fait paraître l’album Adieu au Dancefloor, un enregistrement qui véhicule sa vision désillusionnée de la scène électronique. Une position renforcée depuis son séjour à Berlin, cette véritable Mecque de la vie nocturne, où la décadence et l’excès sont la norme sur le circuit des boîtes de nuit.

Avec une pléiade de machines à l’ère du numérique, pourquoi privilégier du hardware plutôt que d’utiliser des outils informatiques pour la production musicale en 2018? «Franchement, c’est parce que je ne sais pas comment faire de la musique avec un ordinateur, je n’ai simplement jamais pris le temps d’apprendre. Ça ne me vient pas naturellement, j’ai besoin d’instruments tactiles, confie-t-elle. J’ai commencé la musique à dix ans, en débutant avec le violon et un apprentissage classique. J’ai pratiqué l’instrument pendant six ans avant de poursuivre dans une veine musicale plus expérimentale. Je viens d’un background de bands. C’est mon ami David Christian, avec lequel j’ai collaboré pour le projet DKMD qui m’a initiée aux séquenceurs et la musique électronique, en incorporant drum machines, synthétiseurs et des interfaces midi.»

Est-ce que Bullshit Threshold est justement un moyen de dire Adieu au dancefloor, en sortant un peu du circuit traditionnel de la musique électro? «En fait, c’est Olivier Bertrand [directeur à La Chapelle], qui m’a demandé de le reproduire puisqu’il avait assisté à la première mouture du spectacle au festival Phénomena et qu’il avait beaucoup aimé ma performance, relate l’artiste. J’étais à la fois surprise et heureuse de retenter l’expérience dans un contexte plus intimiste. Avec une capacité de cent personnes de la salle et son public réceptif, je considère que La Chapelle est un lieu idéal pour ce genre de show. Je l’ai produit au festival Sonar à Barcelone, c’est énorme et commercial, ça détonnait réellement… Je suis arrivée sur scène vers 20h, comme un extraterrestre parmi ces DJ sets, mais c’est intéressant au niveau sociologique, j’ai confronté les gens à ce moment-là!»

Entre collaboration et intimité

La collaboration avec John Londono et Gonzalo Soldi de HubStudio pour le concept visuel s’est matérialisée de manière très naturelle, nous dit-elle. «Je connais John depuis quelques années, nous nous sommes rencontrés grâce à des amis communs et ça a vraiment cliqué entre nous. J’admire son travail et quand on a eu besoin d’images pour la promotion de la tournée de l’album «Demain est une autre nuit» d’Essaie Pas, on a tout de suite pensé à lui, indique-t-elle. Il est tellement talentueux avec la lumière, il peut faire ce qu’il veut, modeler son sujet à sa guise. Avec l’ajout de Gonzalo, le spectacle a vraiment trouvé une dynamique singulière grâce à ses captations en direct par caméras infrarouges.»

L’artiste nous livre la genèse du projet et son association avec Les filles électriques. «À l’origine, c’est D. Kimm qui m’a passé une sorte de commande pour le festival Phénomena; comme elle apprécie mon approche scénique, elle m’a demandé de concevoir une performance plus théâtrale. J’ai toujours voulu être comédienne et j’adore le cinéma. Écrire a toujours été plus difficile pour moi, je préférais la composition. J’ai toujours écrit de la poésie, mais je n’avais jamais eu le courage de prendre position avant. Les thèmes abordés par «Bullshit Threshold» découlent d’une crise existentielle, de retour à Montréal en 2016 après une tournée. Il est question de relations humaines; de rupture avec son milieu, de rupture sociale et de rupture amoureuse, développe Marie Davidson. J’y aborde aussi la colère, la frustration, la peur, l’addiction, la consommation, l’ennui et il y a beaucoup d’autodérision.» 

Elle conclut: «C’est un spectacle à la fois drôle et vraiment sombre, sincère, profond et intime, définitivement psychologique, une forme de critique sociale. C’est l’occasion rêvée pour transposer mes textes de manière plus assumée et d’arrêter de me cacher derrière ma musique.»

Marie Davidson fera trois représentations du spectacle interdisciplinaire Bullshit Threshold à La Chapelle Scènes Contemporaines les 14, 15 et 16 février à 20h. Pour vous procurer des billets, c’est par ici

Marie Davidson 

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