Il y a un an, les montréalaises Kim Knight et Shanelle Mckenzie ont eu l’idée de créer un organisme, une plateforme, qui rassemblerait les personnes de couleur, à l’image d’un safe space, tout en leur apportant du bien-être pour eux-mêmes à travers la pratique du yoga. Une initiative novatrice qui aspire à évoluer encore au gré du temps.
Après plusieurs événements de TrapSoul Yoga organisés à Montréal et Toronto ces derniers mois, les deux fondatrices de The Villij expriment ressentir de l’engouement de la part des participants envers leur concept qui les incitent au dialogue, à l’amour de soi, de leurs semblables, et au mieux-être. Rencontre avec les deux entrepreneures.
Bonjour Shanelle et Kim! Comment vous est venue l’idée de partir votre concept?
Nous vivons toutes les deux à Montréal. La famille de Kim vient de Jamaïque, et Kim a vécu au Canada et en Asie. Quant à Shanelle, elle a passé la plus grande partie de son enfance aux États-Unis et sa famille est originaire de Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Nos antécédents et nos expériences à l’extérieur du Canada ont façonné la façon dont nous percevons les différentes communautés des personnes de couleur et cela nous a aidés à comprendre un peu mieux ce dont notre communauté a besoin pour s’épanouir. Nous avons réalisé qu’il y avait un réel manque d’espaces, à la fois en ligne et dans la réalité du quotidien, où tous les gens de couleur pourraient collectivement apprendre et partager. Nous voulions raconter nos propres histoires, créer nos propres événements, et nous sentir libres tout au long du processus.
D’où vient le nom «The Villij»?
Le nom de notre compagnie s’inspire en fait du proverbe «il faut un village pour élever un enfant». Cela découle de l’idée que la communauté est essentielle et que, en tant qu’individus, nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes. Nous avons vraiment besoin les uns des autres pour grandir!
En plus d’avoir une présence positive sur les médias sociaux, vous organisez des séances de TrapSoul Yoga tout spécialement conçus pour les personnes de couleur. Qu’est ce que c’est le TrapSoulYoga?
Le TrapSoul Yoga, c’est tout simplement du yoga. Nous proposons lors des séances du hatha yoga et du yoga kémétique, mais accompagné de musique Trap Soul. Ainsi, au lieu d’écouter des sons de vagues ou d’oiseaux, nos participants écoutent des artistes comme Solange, SZA ou encore Daniel Caesar! De cette manière, nos événements fusionnent l’art, le yoga et la culture en mettant l’accent sur l’amour de soi. La séance dure une heure, elle est donnée par un-e professeur-e de yoga de couleur, et est suivie d’une discussion de groupe. Finalement, le TrapSoul Yoga c’est un safe space où les personnes de couleur peuvent se sentir à l’aise et se voir représentées dans l’industrie du bien-être.
C’est vrai que l’on voit très peu de personnes, issues d’une quelconque diversité culturelle, raciale, ou même de genre, représentées dans le bien-être…
Oui, la décision d’organiser des événements de TrapSoul Yoga spécifiquement pour les personnes de couleur découle de nos propres expériences. En tant que femmes pratiquant occasionnellement le yoga, nous n’avions auparavant jamais fréquenté un studio qui répondait à nos besoins. Et surtout, ces espaces étaient toujours extrêmement blancs… Après avoir parlé avec d’autres personnes dans le même cas, nous avons réalisé que c’était un énorme problème qui nécessitait des changements. Pour que les gens de couleur se sentent en sécurité et enfin à l’aise, nous devions prendre l’initiative de créer nos propres opportunités. Tout le monde mérite de se sentir appartenir à une communauté!
Et pourquoi se rassembler autour du yoga?
La pratique du yoga est spéciale. Si on se permet vraiment de se connecter, on devient non seulement en harmonie avec nous-mêmes et avec nos sentiments, mais on se connecte aussi holistiquement avec les autres dans la pièce! Nous voulions montrer que le self-care n’est pas uniquement réservés aux personnes blanches… C’est pour tout le monde!
Oui, car après tout le yoga ne provient même pas de chez nous, des pays occidentaux, on s’approprie tous cette pratique indienne quelque part! De plus, vous acceptez que des personnes qui ne sont pas de couleur participent à vos événements…
Il est certain que nos événements sont avant tout des safe spaces pour les personnes de couleur, mais oui, on demeure inclusif et tout le monde est le bienvenu. Dans le passé, nous avons eu plusieurs personnes non racisées qui venaient et qui, non seulement ont apprécié l’expérience, mais se sont senties très connectées!
The Villij a déjà de nombreux projets en cours pour 2018. Leur premier événement de l’année, prévu pour le 4 février prochain à l’Espace L, est une collaboration avec The Woman Power. Intitulé «Balance», cet événement inclusif destiné aux femmes mêlera le TrapSoul Yoga à une discussion ainsi qu’un atelier d’aromathérapie: plus d’infos ici.