Close
Lettres québécoises: Se réinventer pour l’amour des mots

Lettres québécoises: Se réinventer pour l’amour des mots

C’est une délicieuse nouvelle pour les amoureux des livres et des créations littéraires en tout genre: la revue Lettres québécoises s’est non seulement dotée d’une nouvelle signature graphique, mais est à présent portée par une équipe éditoriale renouvelée, et bien déterminée à faire rayonner la littérature de chez nous. 

Depuis déjà deux numéros, LQ affiche dans ses pages un design plus épuré, des photographies originales et inspirées, ainsi que des lectures illustrées.

Le magazine, qui puise sa force dans ses critiques et ses textes qui décortiquent méticuleusement et poétiquement l’industrie littéraire et les oeuvres québécoises contemporaines, est maintenant constitué de cinq volets distincts. En effet, un volet met en vedette un-e auteur-e, un cahier dossier se destine à l’analyse en profondeur d’un sujet, une partie de la revue demeure destinée aux critiques, le volet vie littéraire invite des chroniqueurs et chroniqueuses à réfléchir à des phénomènes littéraires et historiques, et enfin, le nouveau cahier création offre des textes et des illustrations inédites.

Nous avons posé quelques questions au trio derrière cette refonte rafraichissante: Annabelle Moreau, rédactrice en chef, Alexandre Vanasse, éditeur, et Jérémy Laniel, coordonnateur éditorial.

Quelle est l’histoire derrière le magazine?

Alexandre Vanasse: Adrien Thério a fondé le magazine en 1976. Il l’a dirigé jusqu’en 1991. Mon père, André Vanasse, qui y travaille depuis le premier numéro, a pris la barre comme directeur jusqu’en 2016. En ce qui me concerne, j’ai commencé à faire l’infographie dans les années 2000 et en 2009, je suis devenu administrateur. J’ai occupé le poste de président du Conseil d’administration à partir de 2014. À la fin 2016, mon père a pris sa retraite, tout comme son adjoint, Jean-François Crépeau, et la responsable de la production et de la publicité, Michèle Vanasse. André m’a demandé de reprendre le flambeau.

La situation financière de la revue était plutôt préoccupante. Les abonnements et la vente de publicité étaient en chute libre. Comme nouvel éditeur et seul membre de l’ancienne équipe, je devais former une nouvelle équipe. J’avais besoin de quelqu’un de jeune et dynamique pour combler le poste de rédacteur en chef. Sans hésiter, j’ai demandé à Annabelle Moreau, avec qui j’avais travaillé quelques années plus tôt au journal universitaire Quartier Libre. Elle a accepté avec enthousiasme et a proposé Jérémy Laniel, un jeune de 26 ans à l’époque, pour être coordonnateur éditorial. C’est ainsi que la nouvelle équipe de direction est née. Une équipe soudée, complémentaire et avide de changements majeurs pour la revue.

Comment est née l’idée de la nouvelle version du magazine?

Alexandre Vanasse: À l’été 2016, pour repenser la revue, nous avons créé un comité consultatif composé des différents acteurs du milieu littéraire québécois. Éditeurs, libraires, chroniqueurs, recherchistes, attachées de presse, lecteurs, abonnés de longue date, blogueurs et écrivains étaient tous représentés autour de la table. Tout a été remis en question, sauf le mandat premier de la revue: faire rayonner la littérature québécoise et franco-canadienne, ici, comme à l’étranger. Suite aux recommandations de ce comité consultatif, nous avons formé un nouveau comité de rédaction qui a planché sur les nouvelles lignes directrices de la revue. Nourris par toutes ces idées, Annabelle, Jérémy et moi avons mis au monde ce nouveau LQ.

Comment décririez-vous la ligne éditoriale de Lettres québécoises? 

Annabelle Moreau: LQ souhaite d’abord et avant tout témoigner de la vitalité et des talents du milieu littéraire québécois. Nous nous consacrons principalement à la critique d’ouvrages contemporains, et ce, dans tous les genres – roman, nouvelle, poésie, polar, littérature de genre, traduction, essai, bande dessinée, théâtre, beaux livres. De plus, avec nos dossiers, nous voulons entrer en profondeur dans l’univers créatif d’écrivains et comprendre mieux certains enjeux qui agitent le milieu des lettres et des idées. 

Le magazine se veut aussi beau esthétiquement parlant que pertinent du côté des contenus. Notre refonte complète de mai dernier (maquette revampée, renouvellement de l’équipe éditoriale, nouveaux collaborateurs, structure repensée, chroniques inédites) avait pour but de montrer que la littérature est toujours aussi essentielle pour penser le monde.

Pourquoi avoir choisi le média imprimé? 

Annabelle Moreau: Nous sommes présents dans ce format depuis 1976 (et depuis une dizaine d’années en format numérique), mais l’imprimé reste à la base de notre vision. Nous croyons au livre papier, aux librairies et aux bibliothèques, au temps essentiel qu’il faut consacrer à la lecture, à la réflexion, loin des écrans d’ordinateur, de télévision, de téléphone, et voulons que notre magazine s’inscrive dans ce besoin de lenteur, de littérature qui se tient entre les mains, qui se savoure une page à la fois. Ainsi, en plus d’avoir choisi le média imprimé, nous voulons en faire un bel objet, un magazine-objet que l’on souhaite conserver au plus près de soi.

Quelle est la réaction du public depuis la nouvelle formule?

Jérémy Laniel: Je crois qu’on pourrait dire qu’il y a un enchantement à plusieurs niveaux suite à la refonte. Les abonnés de longue date y ont vu là une nouvelle griffe, un renouveau qui, en quelque sorte, promettait une pérennité au magazine avec cette nouvelle équipe. 

D’un autre côté, on a eu une vague d’abonnements de lecteurs beaucoup plus jeunes, plus estudiantins. Mais au-delà de tout ça, il y a aussi eu une réaction très positive de la part du milieu – les éditeurs, les auteurs – les artisans de cette littérature, ils avaient enfin une enseigne où logeait la critique littéraire.

Quels sont vos projets à venir?

Jérémy Laniel: Si plusieurs nous ont félicités dès le lancement du numéro de mai dernier, on a toujours voulu nuancer: oui, il s’agissait pour nous de l’aboutissement d’un immense travail pour la refonte, mais au même moment, ce numéro-là est simplement le point de départ pour notre nouvelle équipe. 

De numéro en numéro on vise à s’améliorer, mais maintenant que le magazine est fait, que l’on sait avec quoi l’on travaille, eh bien on tente d’œuvrer à la création d’un écosystème LQ qui serait moins spontané et plutôt dans la durée. Un site web avec des critiques inédites, de la baladodiffusion, de la création de contenus, mais sans nécessairement nous écarter dans tous les sens: nous gardons bien en tête que la revue, c’est un peu notre vaisseau amiral. 

Le prochain numéro de la revue mettra en vedette l’oeuvre de Leonard Cohen.

Lettres québécoises

site web | facebook | instagram 

Close
0