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Marie-Claude Abel, propriétaire de l’Abel Artisane

Marie-Claude Abel, propriétaire de l’Abel Artisane

PROGRAMME B

En collaboration avec l’École d’ébénisterie d’art de Montréal.

Depuis peu, Marie-Claude Abel œuvre dans le domaine de l’ébénisterie. Avec l’Abel Artisane, elle réalise des contrats de restauration, de finition et de création de bois. Elle offre également plusieurs créations de sculptures et de broches en bois. 

Quel parcours vous a mené vers l’ébénisterie?  

Je suis une artiste depuis mon plus jeune âge. J’étais intéressée par tous les arts: sculpture, peinture, dessin, gravure. Par contre, le marché des arts étant ce qu’il est, je devais me trouver une nouvelle formation pour pouvoir vivre. L’ébénisterie s’est imposée naturellement comme choix puisque j’adore le bois et j’aime la rigidité derrière la technique. Apprendre toutes les contraintes et limites du bois était, pour moi, fascinant.

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire carrière dans ce domaine?

J’aime le travail manuel, celui qui fait en sorte qu’on a envie de garder un objet longtemps, celui qui dure plus d’une génération. J’aime le travail bien fait, les vieux meubles de ma grand-mère, la beauté de la maîtrise d’une technique. J’aime penser que certaines de mes oeuvres seront encore là dans cent ans.

Quelle est l’histoire de L’Abel Artisane?

J’avais besoin de gagner de l’argent, en plus de mon emploi à temps partiel durant mes études en ébénisterie. Voyant toutes les retailles que nous gaspillons à chaque cours, j’ai eu envie de leur donner une seconde vie. J’ai commencé par fabriquer une fibule à châle de laine pour l’offrir en cadeau à Noël. Quand on est à temps plein aux études et qu’on travaille le reste du temps, magasiner pour les achats de Noël devient un vrai casse-tête! Tout faire de mes mains m’apportait de la fierté et s’imposait donc naturellement comme choix.

J’offre désormais plusieurs produits, bien que ma boutique soit encore en développement. J’espère pouvoir créer des jouets recyclés en bois et des produits de beauté comme des miroirs à main prochainement.

Quelle est la réalité d’une femme œuvrant dans l’ébénisterie, un domaine traditionnellement plus masculin? 

Je me suis souvent posé la question. J’ai eu assez de chance de ce côté; je n’ai pas fait face à beaucoup d’embuches pour me trouver un emploi dans le domaine. Par contre, je me souviens clairement d’une entrevue que j’ai passé où l’homme en charge me regardait de la tête au pied en me demandant si je pouvais soulever des plots de bois [larges «tranches» de bois faisant parfois 6 pieds de long] moi seule. Bien sûr, pour moi, c’est impossible, tout comme pour un homme d’ailleurs. Je crois qu’il a cherché à me «ramener sur terre», mais je n’ai jamais su la vérité. Bref, pas besoin de vous dire que je n’aurais pas accepté un emploi à ce genre d’endroit!

Vous êtes-vous heurtée à des difficultés en tant que femme entrepreneure?

Ma vie d’entrepreneure étant plutôt courte, je n’ai pas encore eu beaucoup de mauvaises expériences. Si quelqu’un me juge pour mon sexe, ce n’est que parce que cette personne est biaisée par des stéréotypes que, souvent, j’arrive à désamorcer à force de dialogue. Bien sûr, je me suis déjà fait dire que je n’y connaissais rien parce que je ne suis pas «gouine»! Dans le cas de ce genre de personnage, le dialogue ne sert à rien et je préfère passer à autre chose.

Dans votre domaine, l’entraide entre femmes est-elle présente?  

L’entraide est très forte dans mon milieu. Les femmes sont portées à se serrer les coudes. Parfois, la compétition s’installe entre nous, le marché étant difficile. Par contre, beaucoup s’entendent pour dire que la solidarité est beaucoup plus profitable pour nous toutes.

Selon vous, y aurait-il des moyens d’améliorer la situation des femmes entrepreneures? 

La meilleure façon d’aider les femmes, en général, serait d’abandonner les stéréotypes qui nous nuisent de femme faible, de femme fragile, de femme menstruée, de femme au foyer. À cause de ces stéréotypes, certains croient qu’une femme ne peut pas faire de travail physique! Ils ont tendance à nous faire moins confiance pour l’exécution d’un projet et plus pour la finition. Pour plusieurs, la finition est un domaine de précision et conséquemment, de femme, alors qu’il est bien plus intéressant de déligner une planche ou d’assembler son meuble!

Quels sont vos projets à venir? 

J’aimerais que mon entreprise de fabrication d’artisanat local en bois grandisse et que je puisse un jour en vivre. J’aimerais montrer à mes quatre nièces que le travail manuel est un domaine pour tous et qu’elles pourront, dans le futur, partir leurs propres entreprises dans un domaine les fascine, tout comme moi!

L’Abel Artisane

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