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SOIR: Accueillir la croissance tout en préservant son essence

SOIR: Accueillir la croissance tout en préservant son essence

Événement particulier à l’esprit communautaire, le festival SOIR favorise la déambulation des curieux dans différents commerces de la rue Beaubien, tous jumelés pour quelques heures avec différents artistes.

Avec sa programmation foisonnante comprenant 28 lieux de diffusion atypiques, une multitude d’artistes issus de nombreuses disciplines et plusieurs partenariats rendant le tout possible, il est facile de constater que les deux fondateurs Thomas Bourdon et Catherine Bilodeau ne sont pas restés assis sur le succès de la première édition de leur festival.

«On s’était mis comme objectif personnel de doubler l’ampleur du festival par rapport à l’année dernière, expose Thomas. Je pense que dans la programmation, on a réussi: on est passé de 14 commerces et lieux de diffusion à 28. Là, on aimerait qu’il y ait deux fois plus de gens qui viennent: l’année dernière on avait eu 3500 personnes, ce qui était déjà très bon, mais là on aimerait ça qu’au cours de la soirée il y ait 7000 personnes qui viennent.»

Au-delà du nombre de festivaliers, toutefois, le cofondateur souhaite que l’esprit soit préservé: «J’aimerais que malgré le fait que ça prenne autant d’ampleur, que tout se déroule dans l’harmonie et que tout se passe bien, et que les gens ait une expérience qui soit aussi positive que l’année dernière et aussi authentique.»

Car une attitude de respect et de curiosité de la part des festivaliers est un élément essentiel dans l’aventure SOIR. En contrepartie, c’est la motivation de faire vivre un moment particulier qui ne reviendra pas qui anime l’équipe. «On essaie toujours de faire un espèce de match poétique entre le lieu et les performances artistiques», résume Catherine, une ambition qui trouve écho chez les commerçants, qui se sont montrés pour la plupart enthousiastes à participer à l’aventure. «Depuis le début en fait, je trouve que les gens sont ben willing sur la rue Beaubien!»

L’appel à projets de cette année a particulièrement bien fonctionné et a donné naissance à plusieurs heureux pairages. Une exposition du collectif artistique Le Bled dans un restaurant de sushis, une installation/performance de Bébés fontaine dans une ruelle, de la littérature au Bruno Sport Bar, du théâtre et une expo photo chez les éditeurs Atelier 10, ou encore une exposition de collage dans la boutique de la designer Betina Lou: tout ça, et bien plus encore, figure donc au menu.

«Je pense que les gens avaient vraiment aimé le fait qu’on décloisonnait les disciplines et qu’on mettait de l’avant un ensemble de disciplines qu’on faisait parler ensemble, poursuit-elle. Les gens de différentes formes artistiques se rencontraient.» Cette année, question de poursuivre sur cette lancée, la danse et le cinéma ont été inclus au programme.

Ceux qui ont assisté à la première édition se souviendront des trottoirs qui débordent joyeusement, que ce soit devant une déclamation de poésie ou d’autres interventions. Cette année encore, malgré des prévisions d’achalandage accru, c’est dans les commerces, sur le trottoir et dans les ruelles qu’auront lieu les rencontres. «On est un festival qui veut promouvoir les particularités locales des quartiers où on s’installe, et donc on veut pas s’imposer dans le quartier et dans la rue en bloquant les rues et en chamboulant toutes les activités, précise Thomas. Au contraire, on voulait s’insérer là-dedans, donc on trouvait que ça fittait mieux avec notre identité de pas bloquer l’accès des rues.»

À discuter ainsi avec Thomas Bourdon et Catherine Bilodeau, on ne peut qu’être impressionné par la cohérence de la vision qu’on les deux cofondateurs de leur événement, malgré que SOIR était l’année dernière leur première création événementielle. «À priori, notre vrai background, ça vient plus du fait qu’on a toujours été des gros consommateurs de culture et d’événements, et on a toujours été à l’affût de ce qui se faisait, admet Thomas. On a beaucoup appris en le faisant, et justement, avec l’aide d’amis et en demandant conseil un peu partout autour de nous.» Cette année, ils ont également assuré la conceptualisation de la programmation et gestion de l’Espace des mêmes (dont on vous parlait ici), en plus de simultanément travailler sur la deuxième édition rosemontoise et la première édition hochelagaise de SOIR, qui aura lieu en octobre.

Au niveau de l’équipe, si la première édition s’était articulée autour deux des cofondateurs, «qui ont donné tout ce qu’[ils] avai[en]t», épaulés par leurs amis dans la mesure de leurs disponibilités et de leurs intérêts, cette deuxième année a permis de consolider le noyau organisationnel. «On a pas mal tout rencontré notre équipe pour le festival en faisant l’Espace des mêmes», mentionne Thomas. Ainsi, ils sont maintenant accompagnés par Marie-Jeanne Gagnon, qui assure la coordination, Vincent Asselin à la production, aux communications et au marketing, Catherine Rondeau, elle aussi au marketing et aux communications, Camille St-Jacques, qui s’investit dans le volet musical et Miguel Marcil-Pitre, qui officie à la direction technique, pour ne nommer que ceux-là.

«On voulait quand même garder le feeling «tout le monde est invité à participer» un peu, à s’impliquer, à dire son mot aussi, assure Thomas. On essaie de ne pas avoir un rapport très hiérarchique dans la compagnie.»

Un élément qui revient au cours de notre conversation est la volonté de s’améliorer: «L’année dernière, on a dû partir de zéro et tout bâtir en quelques mois: on n’avait pas eu le temps de penser à tous les détails», précise Thomas. «Je trouve qu’il y a beaucoup de chemin à faire encore, entre autres au niveau de la représentativité. Je veux dire, c’est déjà pas pire pour ce qui est de l’égalité homme-femme dans la programmation. On a essayé autant que possible que ce soit 50-50. Mais y a plein d’autres questions, plein d’autres enjeux [où] on a beaucoup de chemin à faire, même au sein de l’organisation. Mais c’est des choses qu’avec le temps on va essayer de travailler. On ne peut pas tout faire en même temps, je pense, donc il fallait choisir nos combats.»

Pour financer un événement aussi singulier et aussi éphémère, les défis sont grands. Une deuxième édition (de par les statistiques qu’on peut fournir à propos de la première) est certainement facilitante en ce sens. «Cette année, on a été chanceux parce que l’arrondissement de Rosemont-Petite-Patrie, pour ce qui est de Rosemont, a vraiment embarqué et a vraiment aimé l’expérience de l’année dernière. Donc pour cette année c’est notre principal partenaire. Mais par exemple, pour Hochelaga, ça va être encore une fois juste de l’autofinancement et des partenariats privés.»

«On essaie autant que possible de s’associer avec des entreprises qui correspondent à nos valeurs, donc qui ont peut-être une dimension plus engagée ou plus sensible ou plus créative. C’est toujours ça le défi, c’est d’essayer de trouver des partenaires avec qui ça marche et des formes de partenariat qui ne dénaturent pas notre événement.» 

«À terme, on aimerait ça avoir une genre de formule hybride, pour rester aussi autonome [que possible] et ne pas être trop dépendant d’une forme de subvention en particulier. D’essayer peut-être d’augmenter notre financement autonome, pour vraiment justement pouvoir toujours garder notre identité comme on la veut et notre direction artistique forte.»

D’ici là, rien de mieux pour comprendre le phénomène SOIR que de le vivre: ça se déroule ce soir sur la rue Beaubien, et le 6 octobre dans Hochelaga-Maisonneuve.

SOIR

11 août de 17h à 3h

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Crédit photo en-tête: Camille Gladu-Drouin

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