Qui êtes-vous et quel est votre parcours?
Mon nom est Martin L’Allier, j’ai exercé pendant 20 ans la profession de designer graphique pour des agences et des clients divers, j’ai été et je demeure passionné par le design et les arts. En design, mes projets favoris ont toujours étés liés à l’image de marque, à la typographie et à l’emballage — je crois que l’on reconnaitra cela dans le design de MonsRegius bières artisanales. Il y a quelques années, j’ai découvert la création de bières et je suis tombé en amour avec ce monde de possibles.
Votre emploi actuel:
Artisan brasseur et cofondateur de MonsRegius bières artisanales. J’ai parfois envie d’utiliser un néologisme comme «designer en bière».
Dans quelle ville:
Le fermentorium de MonsRegius bières artisanales est situé à Saint-Bruno-de-Montarville.
Un mot pour définir quel type de travailleur vous êtes:
Le travail est une part essentielle de ma vie, elle participe à y donner un sens. Je ne pourrais être complètement heureux sans ressentir de la passion pour mon travail, pour la matière et sans reconnaître cette passion chez mes collaborateurs.
Selon la classification des types de personnalités Myers-Briggs, je suis un INTJ, un «architecte», je vous laisse aller lire: https://www.16personalities.com/fr/la-personnalite-intj.
Quels outils sont essentiels à vos vies (app, logiciel)?
Beersmith qui est un logiciel servant à concevoir des recettes de bières. J’utilise beaucoup la suite Adobe et, de plus en plus, Excel.
À quoi ressemble votre espace de bureau?
À la brasserie, j’ai un petit bureau avec une bibliothèque de références brassicoles. Je profite de l’ombre créée par les arbres pour travailler dehors, devant le fermentorium. Le reste de mes activités de bureau se fait de façon mobile via un MacBook Pro et un iPhone. Lorsque je le peux, je vais m’assoir sur une table de picnic ou un banc au Mont Saint-Bruno.
Qu’écoutez-vous comme musique en travaillant?
Johann Sebastian Bach tel que Glenn Gould et Jacques Loussier nous le rendent. Erik Satie est un vieil ami. Tout le courant New Jazz Scandinave (Nils Petter Molvær, Bugge Wesseltoft, Eivind Aarset, …) et le jazz instrumental chez ECM. J’aime découvrir, j’aime la variété. Bands de l’adolescence, Metallica et les Beastie Boys reviennent aussi régulièrement au travers de tous les autres.
Avez-vous une façon d’organiser vos journées pour optimiser votre travail?
Je planifie mon mois, en fonction du calendrier de production, et à partir de là les semaines et la journée en cours. Je suis fervent des listes to-do. Mais j’avoue avoir l’esprit rêveur et une perception floue du temps…
Quels trucs donneriez-vous pour améliorer la productivité?
Simplifier au maximum chacune des activités. Réduire ou éliminer les réunions. Élaguer le superflu… J’essaie de suivre ce régime.
Avoir une vision d’ensemble, construite sur l’expérience et l’intuition. Sentir le zeitgeist, sans pour autant tomber dans les modes passagères. Je suis quelqu’un qui est heureux dans le rôle de visionnaire. Le macro me stimule, le micro me demande beaucoup plus d’énergie.
Mais pour ce qui est de la gestion globale et de la logistique c’est mon amoureuse et associée, Véronique Givois qui s’en occupe. Elle a une capacité immense pour planifier et voir en détail. C’est une gestionnaire incroyable et MonsRegius bières artisanales ne pourrait réussir sans sa participation.
Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?
Un de mes profs en design à l’UQAM, Alfred Halasa, aimait bien dire qu’«il ne faut pas regarder le bifteck par la fenêtre». Par cela, il sous-entendait que l’expérience du réel ne peut se faire sans être en contact réel avec le sujet, avec la matière — le proverbial bifteck. L’ordinateur (la fenêtre) est un appauvrissement de l’expérience humaine, et un créateur doit être un être humain, c’est un animal comme tous les autres. Nous avons des sens et une corporalité que certains courants philosophico-religieux ont voulu nous faire oublier.
De nature cérébrale et rêveuse, il m’a fallu beaucoup de temps de vie pour comprendre cela.
Il faut sentir, toucher, goûter, écouter et regarder. Puis nous sommes fait pour bouger, pas être assis devant des écrans.
Avoir entre ses mains une de ses réalisations concrètes est hautement satisfaisant. La goûter c’est transcendant.
Quel est votre meilleur truc pour sauver du temps?
Simplifier. Le principe de Pareto (20% des efforts apportent 80% des résultats) devrait être enseigné à l’école. Le but n’est pas de prôner la paresse ou l’économie des efforts, mais bien plutôt de tenter de trouver les éléments les plus importants d’un problème ou d’un projet. Ceux qui auront le plus d’impact global et de ce concentrer sur eux pour maximiser sont travail. Le reste n’est souvent même pas perceptible.
Dans le champ de bataille qu’est la vie quotidienne, je ne m’en sortirais pas sans les incroyables talents de mon amoureuse et associée, Véronique.
Quelle est votre routine de fin et de début de journée?
Le petit matin est consacré à la vie familiale (les petits déjeuners de mes deux garçons, les lunchs, les sacs d’école, … et moi-même pour tenter d’arriver à temps). Par la suite, dès que je le peux, je prends un moment pour regarder la liste de choses à faire pour y déceler les incontournables, en prenant le café.
J’aime bien terminer ma journée sur une boîte de courriel vide.
Mis à part votre ordinateur et votre téléphone, de quel gadget ne pouvez vous pas vous passer?
Ma machine à espresso.
À la fin d’une journée, quelle bière buvez-vous pour vous détendre?
Une bière de garde ou une saison. Leur saveurs rustiques m’interpellent à la fois pour leur simplicité de surface et leurs complexités sous jacentes.
De quelle microbrasserie québécoise estimez-vous le plus le travail?
J’en admire plusieurs, mais je suis un fidèle de Dieu du ciel! pour leur créativité. Unibroue pour m’avoir fait découvrir le monde des bières artisanales, il y a maintenant longtemps.
Si je puis me permettre d’élargir votre question vers d’autres terres, j’admire plusieurs brasseurs italiens pour leur approche unique des bières pensées pour la table, celles-ci incorporant des ingrédients de leur culture gastronomique, le Birrificio Le Baladin en est un exemple loquace; aux États-Unis Jolly Pumpkin, créent des bières uniques, avec une grande maîtrise.