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La Grosse Lanterne 2016: une édition nommée résilience

La Grosse Lanterne 2016: une édition nommée résilience

Arrivées sur le site vendredi à la tombée du jour, nous avons pu déambuler sur ce site qui accueille davantage de fans de jeux Grandeur Nature (jeux de rôle médiévaux) que de musique pendant l’année. Mathieu Pontbriand n’a pas nommé son festival Grosse Lanterne innocemment: il souhaitait donner aux jeux de lumière une place de choix dans son rendez-vous musical. Il fallait voir la rivière, où le vol de dizaines de ballons blancs paraissait suspendu, rejoints par des faisceaux de lumière qui les paraient tour à tour de bleu, jaune et magenta. Un tableau d’une magnifique poésie.

Il était d’autant plus navrant de voir toute la scénographie lumineuse progressivement se faire abimer par les trombes d’eau en cours de journée samedi: nous nous sommes consolés d’avoir pu en profiter la veille. Les nombreux hamacs suspendus aux arbres nous ont fait sentir le potentiel du site enchanteur, même si les éléments nous ont empêché de pleinement en profiter et ont donné du fil à retordre à l’organisation tout au long de la fin de semaine.

Si plusieurs festivaliers avaient opté pour la journée du samedi seulement, avec les têtes d’affiche Groenland, Lisa Leblanc et Dead Obies, la soirée du vendredi permettait une entrée en matière plus intime et atmosphérique. Après la prestation de Félix Dyotte, qu’un impressionnant bouchon de circulation nous a malheureusement fait manquer, c’est Pawa Up First qui prenait le relai, suivi d’Organ Mood et de Brown.

Après plus de dix ans d’existence, c’est pour une dernière fois que Pawa Up First (dont fait partie le fondateur Mathieu Pontbriand) présentait ses mélodies enveloppantes et cinématographiques devant public. Dans une petite auberge dont les poutres étaient ornées d’objets médiévaux, laissant voir l’usage usuel du site, la formation a donné une prestation émouvante. Peut-être était-ce l’imminence de la fin, l’impression d’assister à un moment privilégié, mais reste que nous nous sommes laissés bercer par le répertoire instrumental de la formation, appréciant au passage les très belles projections, en se disant que la fin de semaine allait être spéciale.

Suivait Organ Mood, transition logique avec ses mélodies à la fois oniriques et énergiques et son visuel immersif. À voir les nombreux yeux émerveillés devant la proposition unique du duo, gageons que la formation s’est faite plusieurs nouveaux fans. Un des moments forts de la programmation.

Brown terminait la portion musique live de la soirée. L’énergie du trio père-fils, accompagné de Toastdawg aux platines, fonctionnait très bien et la foule s’en est trouvée galvanisée.

Pour clore la soirée, les gens étaient invités à danser en plein air au son des DJs choisis par Moonshine, alors qu’un grand feu prenait place face à la scène. C’est là qu’on a terminé notre soirée, hypnotisées par les flammes.

Le lendemain, après une deuxième visite du site pour découvrir son visage de jour, Saratoga ouvrait le bal tout en douceur dans la petite auberge de bois, à l’abri de la pluie qui s’était mise de la partie. À la fin d’une tournée où le couple a fait près de 100 spectacles en un an, on les a senti solides dans leur répertoire (et particulièrement en feu sur les anecdotes). Le duo a présenté quelques nouvelles chansons, dont la pièce titre de leur album complet à paraître à la mi-octobre, Fleur. Une belle façon intime de débuter la journée.

Les Marinellis ont ensuite pris le contrôle de la scène. C’était audacieux de programmer ces rockeurs aux sonorités surf en plein jour, le chanteur Cédric étant reconnu pour son animation de foule ne convenant pas nécessairement aux mineurs (très peu nombreux par ailleurs). Mais ça a vraiment bien fonctionné: en plus des démonstrations plutôt sportives et des regards enjôleurs du chanteur et des deux tournées de shooters, les musiciens assuraient et la vague de décibels nous a atteint de belle manière.

IDALG a suivi avec une énergie tout aussi communicatrice. On sent qu’ils ont eux aussi de la tournée dans le corps: les musiciens sont soudés et les chansons rodées au quart de tour.

Dernière performance dans l’intimité de l’auberge avant de braver les douches intermittentes du ciel, Safia Nolin a joué devant un parterre et une mezzanine pleine à craquer. Elles en ont fait du chemin, les chansons, depuis la sortie de Limoilou: certains refrains étaient entonnés en coeur, les chansons attendues et célébrées. Ayant fait pratiquement tous les festivals de l’été, Safia s’est imposée comme une valeur sûre, où ses chansons mélancoliques sont balancées par son sens de l’humour cabotin.

Il était temps de se déplacer sur la grosse scène extérieure, pouvant accueillir davantage de gens… mais les laissant vulnérables en cas de pluie. Le chapiteau jouxtant la scène, où des énormes coussins moelleux avaient été posés au sol et où le bar et la nourriture avaient été déménagés, s’est avéré un excellent refuge pendant les nombreuses averses qui ont rythmé la soirée.

Il faisait bon de revoir la bande de Jimmy Hunt pour une démonstration de rock fort agréable à entendre. Klô Pelgag a enchaîné avec un spectacle à haute voltige visuelle, intitulé L’éloge des fruits. Ceux-ci lui ont donné un coup de pouce de dernier recours lors d’un épisode de très grande fatigue précédant la composition de son nouvel album à paraître. On a eu droit, en plus des pièces de l’Alchimie des monstres, à un chapelet de moments surréels, où on a réalisé qu’il n’était pas facile de jouer de la guitare lorsqu’on est une pomme grenade, ou qu’une guirlande de bananes lancée dans la foule constitue une collation bien plus nutritive qu’une baguette de batterie.

Groenland a ensuite pris place sur scène, entre deux rideaux de pluie. C’est là qu’on a constaté la vraie nature des festivaliers, une grande partie d’entre eux ne laissant pas la météo les empêcher de danser, de chanter et de montrer aux groupes sur scène leur enthousiasme. Chapeau bas!

Groenland a ainsi présenté de nouvelles pièces prometteuses, visiblement très heureux de se retrouver à nouveau sur une scène, en plus de quelques désormais classiques morceaux tirés de leur premier album The Chase. Lisa LeBlanc a enchaîné, avec toute l’énergie rock donc elle est capable. Pendant ce temps, la météo se déchaînait. Les Dead Obies ont profité d’une courte accalmie en débutant leur set, la pluie se remettant à tomber alors que Yes McCan y allait d’une incantation avec la foule pour que leur spectacle en soit épargné. Les trombes d’eau ont définitivement donné à leur prestation une intensité et un sentiment d’urgence particuliers, une récompense certaine pour les irréductibles qui ont bravé la déferlante de pluie.

Cette dernière performance a marqué la fin de notre périple béthanien. Est-ce qu’on y a passé un bon moment? Certainement. Est-ce qu’on y retournera? Assurément, en espérant que cette édition, charnière pour le festival, et les festivaliers moins nombreux que prévus (pour les 3000 espérés, 500 personnes ont bravé les éléments, selon ce que révélait La Voix de l’est) ne sonnent pas la fin pour ce charmant festival en forêt. Dame Nature, tu as intérêt à te tenir tranquille l’année prochaine.

Grosse lanterne

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