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Floramama: solution locale pour beautés florales

Floramama: solution locale pour beautés florales

Née à Montréal en plein Plateau Mont-Royal, Chloé Roy a toujours été attirée par la campagne. Lorsqu’à l’âge de onze ans, son père déménage à Bedford en Montérégie, elle ramène de ses visites des sacs ziplocs remplis de foin, dont l’odeur agit comme un baume sur ses semaines passées en ville. « C’était vraiment viscéral. », raconte-t-elle, un grand sourire aux lèvres.

Il n’est donc pas surprenant de la retrouver, une vingtaine d’années plus tard, propriétaire d’une ferme à Frelighsburg, à une heure de Montréal et un jet de pierre de la frontière américaine. « Je trippe tellement! C’est un métier vraiment complet. » Du travail physique dans les champs à l’assemblage de bouquets, requérant délicatesse et créativité, en passant par l’électricité, la plomberie, la menuiserie et les réseaux sociaux, Chloé Roy s’accomplit dans la diversité.

Elle acquiert sa formation en agriculture sur le terrain, en travaillant deux ans aux Jardins de la Grelinette, ferme reconnue pour ses pratiques de l’agriculture biologique intensive inspirant de nombreux fermiers québécois. Elle croyait toutefois trouver sa vocation dans les légumes, pas les fleurs. « Je voulais me partir une ferme. Je devais faire des légumes, et je cherchais un légume ou une culture qui allait faire que j’allais me démarquer. »

Le destin se terre parfois dans les détails: c’est en feuillant la publication agricole Growing for Market qu’elle tombe sur la section fleurs tenue par Erin Benzakein de Floret Flower farm. « J’ai vu ses mains qui tenaient un bouquet dans la lumière divine, et j’ai eu l’illumination, c’était instantané: “My god, ça se peut faire ça? C’est trop beau!” » Voyant son enthousiasme, Jean-Martin Fortier lui confirme la possibilité, et même la viabilité d’un tel projet: « Les fleurs, c’est la culture la plus onéreuse: c’est la culture qui vaut le plus par rapport à ce que tu dépenses. » L’idée était semée et n’allait pas tarder à fleurir sous le nom de Floramama.

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Résultat ! #floramama #fleurslocales

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Chloé Roy opère donc pour la troisième année son entreprise, une ferme de fleurs cultivées de manière intensive, c’est-à-dire sur une petite parcelle de terre avec peu d’espace entre les fleurs (et incidemment pour les mauvaises herbes), avec un nombre étourdissant de variétés, de la manière la plus naturelle qui soit. « Je cultive sans tracteur, exactement comme la Grelinette, mais version fleurs, explique-t-elle. Je ne suis pas certifiée, je ne peux même pas utiliser le terme bio, mais j’utilise zéro intrant chimique. » Les cultures rapprochées physiquement se font de la compétition, « donc [les fleurs] poussent beaucoup plus hautes, et ça fait que je peux gérer l’espace beaucoup mieux, beaucoup plus rapidement. Pas d’énergie fossile, that’s it. » Elle s’insère dans le mouvement Slow Flowers, qui gagne en popularité aux États-Unis depuis quelques années.

Cette manière de faire va de soi pour Chloé Roy, heureuse d’offrir une alternative écolo et éthique à l’industrie des fleurs, polluante et malsaine à bien des égards. Les fleurs que l’on offre proviennent souvent de Colombie ou d’Israël, complètement dopées aux additifs. « Même s’ils ne [la] shootaient pas, la fleur a pris l’avion, elle vient de 5000 km d’ici, c’est hallucinant! » La Floramama en chef souhaite éduquer les gens et leur prouver qu’une alternative locale existe, très belle de surcroît. « On n’a déjà pas beaucoup de culture de la fleur [au Québec], constate-t-elle. C’est pas comme en Europe, où dès que tu vas chez quelqu’un t’amène des fleurs. En plus, si quand t’en offres, ça vaut même pas la peine, que ça veut rien dire… C’est pas un beau cadeau! »

Les fleurs n’échappent pas aux modes, surtout avec les mariages qui constituent une bonne part de la clientèle de Floramama. « Ça va tellement vite! » confirme l’agricultrice. Alors que pour les légumes, on trouve généralement entre une dizaine et une quinzaine de variétés par espèce (à l’exception des tomates, où ce nombre explose), le nombre élevé de variétés par type de fleur (environ 300) peut donner le vertige. « T’es tout le temps en train de courir en arrière: “C’est quoi la nouvelle affaire?” » Chloé Roy demeure donc à l’affût, épluchant plusieurs blogues de fermières de fleurs qu’elle estime pour guider ses choix de cultures ainsi qu’à Facebook, qui permet des recherches visuelles et intuitives.

Et cette recherche en amont permet de se distinguer. L’année dernière, Floramama était la seule au Québec à produire des dahlias couleur café au lait, qui ont fait un malheur. Cette année, ce sont plutôt les renoncules, à la fois délicates et robustes, qui remportent la palme. Si les mariages constituent la plus grosse part de sa clientèle, elle vend également aux fleuristes et offre des abonnements de bouquets de fleurs, sur le même principe que les paniers de légumes bios. Elle offrira d’ailleurs l’année prochaine une formule de bouquets printaniers, avec anémones, renoncules et des tulipes aux formes et couleurs étonnantes.

Pour faire fonctionner son entreprise, Chloé Roy a recours à sa débrouillardise. N’ayant pas eu droit à aucune subvention pour démarrer Floramama puisqu’elle se tombait entre les cases, elle a puisé dans sa créativité: un prêt personnel, beaucoup d’efforts, et pas d’employé. Elle accueille plutôt des woofers de la mi-mars au mois d’août, prenant part à un réseau mondial d’agriculteurs biologiques qui permettent aux participants bénévoles de travailler sur des fermes en échange d’un toit et de nourriture. Un travail colossal, comme pour tous les artisans de la terre, où elle doit à la fois planifier sa saison et savoir s’adapter aux aléas de la météo. Derrière chacune des magnifiques fleurs de Floramama se trouve donc chaque fois une série de petits miracles.

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