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« Je ne suis pas une vendeuse de saucisses. » – Lise Raymond, fondatrice des Communications Lise Raymond

« Je ne suis pas une vendeuse de saucisses. » – Lise Raymond, fondatrice des Communications Lise Raymond

Ça fait plus de 30 ans que Lise Raymond fraie son chemin dans l’industrie de la musique québécoise. Aux premières loges d’un milieu qui en prend plein la gueule à cause du virage numérique, la passionnée de musique a été tour à tour agente de promotion, attachée de presse, responsable des communications… bref, a porté beaucoup de chapeaux avant de se lancer elle-même en affaires avec Communications Lise Raymond en 1996.

« J’étais rendue là, je pense», annonce d’emblée Raymond. « Les deux premières années, ça n’a pas été facile. J’ai dû trouver une clientèle, me démarquer. » Pari réussi après avoir pu mettre Les Colocs, Diane Dufresne, Éric Goulet et de nombreux autres sur la liste de ses clients. En plus des relations de presse au sens large, Communications Lise Raymond offre des services d’organisation d’événements et de gestion des réseaux sociaux dans le cadre d’une campagne de promotion. Tout ça, saupoudré d’années d’expérience et d’une vision très éclairée de l’industrie musicale.

Les journalistes, ces inaccessibles

Il faut dire qu’à ses débuts, la fondatrice de Communications Lise Raymond envoyait ses communiqués par fax. « J’ai vu passer plusieurs étapes du virage numérique. Je me rappelle très bien qu’on envoyait nos informations par la poste. On avait même une plieuse! Le contact était direct avec les recherchistes, les journalistes. » Si cette façon de travailler semble plutôt désuète à notre époque où on peut envoyer un courriel plus vite que son ombre, Raymond souligne toutefois ses bons côtés: « C’était plus spontané, plus naturel qu’aujourd’hui. Maintenant, les journalistes sont hyper sollicités. Ils ne veulent plus qu’on les appelle. La plupart ne répondent tout simplement plus. Mais je n’insiste pas ad vitam eternam. J’ai de belles relations avec les journalistes: je ne suis pas une vendeuse de saucisses. »

Rappelons qu’avec les nombreuses coupures dans les médias, plusieurs journalistes vont vers un autre domaine ou passent « de l’autre côté », dans le monde des relations de presse et des communications. Plus d’attachés de presse et beaucoup moins de journalistes, ça donne quoi? Souvent, des boîtes de courriels qui ne se vident jamais, des relationnistes qui appellent quelques heures – ou minutes – après avoir envoyé un communiqué pour « faire un suivi », des téléphones mis à mute par découragement et des journalistes dépassés par les événements. Comment couvrir une scène en pleine expansion à cause de la vague DIY avec de moins en moins d’effectifs? Trop vite, et parfois mal. Malheureusement.

Face à cette réalité, Lise Raymond doit offrir des pitchs de vente impeccables, dirigés vers la ligne éditoriale du média ou même vers les goûts du journaliste: « Je dois vraiment être préparée. J’en viens à connaître très bien les journalistes, je pense souvent à des angles d’avance pour certains médias… » Malgré tous ces efforts, Raymond avoue qu’elle « travaille souvent 10 fois plus qu’avant pour un cachet vraiment moindre. Je suis toujours en mode solution. »

« On risque de perdre notre identité. »

Du côté des artistes, ce n’est malheureusement pas plus rose. Dans l’explosion de talents à laquelle on assiste – bien réjouissante pour les amateurs de bonne musique toutefois – c’est loin d’être facile de faire son chemin. Celle qui conseille aux artistes qui se lancent de bien s’entourer est tout de même consciente que ce n’est pas tout le monde qui a cette chance: « Se trouver un agent de spectacle ou un attaché de presse, ce n’est pas toujours évident. Il faut jouer du coude. »

Les conséquences de cette dure réalité? « On risque de perdre notre identité. Heureusement, certains s’intéressent à la relève. Honnêtement, c’est quoi le pourcentage de jeunes qui achètent des albums québécois? » Tout est dans tout, n’est-ce pas?

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