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Marilyse Julien, artiste peintre et prof de maths au cégep

Marilyse Julien, artiste peintre et prof de maths au cégep

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

En 2008, alors que je terminais ma maîtrise en statistiques à McGill, j’avais l’urgent besoin de faire n’importe quoi sauf des maths! Je devais m’affranchir de toutes ces règles qui avaient régi ma pensée des années durant et renouer avec l’enfant en moi qui aimait tant s’exprimer par la création. C’est ainsi que je me suis inscrite à des cours de peinture le soir, après le travail. De fil en aiguille, j’ai monté une première exposition, et une deuxième, et une troisième…

Mon intérêt pour les arts remonte à très tôt dans l’enfance, alors que je demandais à mes parents de m’inscrire à des cours de piano et de théâtre. Dans le cahier de souvenirs que ma mère tenait, on retrouvait mes photos d’école et, année après année, dans la rubrique « Plus tard je veux être… » ces deux réponses: artiste peintre et scientifique. Aujourd’hui je suis prof de maths et artiste peintre, et je ne pourrais vivre sans un, ni sans l’autre.

Votre emploi actuel:

Enseignante en mathématiques au cégep et artiste peintre.

Dans quelle ville:

Montréal, ma ville d’amour. Je suis née à Montréal et j’y habite toujours. J’ai un profond attachement émotif à cette ville et je m’en inspire beaucoup pour mes peintures.

Un mot pour définir quel type de travailleuse vous êtes:

Je me permets de tricher sur cette question, car je n’arrive pas à choisir entre rationnelle et créative. Dans tous les aspects de ma vie, je suis une personne assez réfléchie, mais j’essaie de faire preuve d’inventivité dans tout ce que j’entreprends (oui oui, même quand j’enseigne les maths!). La peinture me permet de mettre le rationnel de côté et de me laisser guider par mes émotions et mon intuition. Malgré cela, quand je prends un peu de recul pour observer mes œuvres, il est clair qu’elles sont inévitablement imprégnées par ma formation scientifique, que ce soit par la géométrie des lieux ou l’organisation de l’espace. 

Quels outils sont essentiels à votre vie (app, logiciel)?

Je peins à partir de photos, ainsi une importante partie du travail de l’image se fait sur l’ordinateur. J’utilise Photoshop, mais aussi simplement Paint et l’outil de gestion de photos qui vient avec la suite Office.

À quoi ressemble votre espace de bureau?

J’ai converti une pièce de mon appartement en atelier. C’est petit mais intime. On y retrouve des canvas de tous les formats empilés d’un côté en cas d’inspiration soudaine. Une bibliothèque avec des pinceaux, de la peinture et tout ce dont je pourrais avoir rapidement besoin sous la main. Au centre de l’atelier se trouve une table couverte de taches et dont les pots de peinture placés sous les pattes me permettent de travailler debout, à plat. Mon atelier peut sembler chaotique, mais je sais exactement où se trouve chaque chose et j’avoue tirer une certaine satisfaction à me sentir sereine au milieu de ce désordre!

Qu’écoutez-vous comme musique en travaillant?

En général, du indie folk ou de l’électro. Quand j’aime un nouvel album, je l’écoute en boucle pendant des semaines, même des mois. En ce moment, j’écoute Peter Peter, Milk & Bone, Seoul, Tame Impala, Daughter et José Gonzalez.

Avez-vous une façon d’organiser vos journées pour optimiser votre travail?

On m’a souvent demandé où je trouve le temps pour travailler à temps plein et monter des expositions. Le secret c’est d’éteindre la télévision et de lâcher l’ordinateur! Ah Facebook quand tu nous tiens… Ça demande oh combien de volonté, mais après on s’en remercie.

Quels trucs donneriez-vous pour améliorer la productivité?

En faire moins! Oui, ça peut sembler contradictoire, mais j’ai toujours l’impression que lorsque j’en fais moins dans une journée, je le fais mieux et j’atteins plus vite mes objectifs. J’ai aussi l’habitude de dresser des listes de choses à faire, cela permet de me libérer l’esprit et d’être totalement concentrée sur ce que je suis en train de faire.

Vous êtes meilleure que vos collègues de travail pour:

C’est une question difficile! Le département de mathématiques de mon cégep est vraiment un extraordinaire milieu de vie. Mais, puisqu’il le faut, je dirais: organiser des événements! Avec l’aide de deux collègues aussi membres du comité social, je planifie entre autres les 5 à 7 et les partys de fin de session du département.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné?

Quand j’ai commencé à peindre, j’avais tellement peur de créer quelque chose que je ne trouvais pas beau! Un jour, j’ai entendu une artiste raconter que, lorsqu’elle n’aime pas une toile, elle la repeint tout en blanc avant que quelqu’un d’autre s’en aperçoive. Depuis que je me permets cela, il est plus facile de lâcher prise et de ne pas juger promptement. Avec l’expérience, j’observe aussi qu’avec moins d’attentes, meilleures sont les chance de se sentir connectée à son œuvre et de carrément vivre un coup de foudre: « Wow! c’est vraiment moi qui a fait ça? ».

Quel est votre meilleur truc pour sauver du temps?

Planifier. Lorsque j’ai une toile en tête, j’essaie de définir dès le départ l’atmosphère que je veux créer et je visualise les étapes de fabrication. Bien sûr, plus souvent qu’autrement, je me rends compte que finalement… c’est pas exactement ça! Telle couleur ou tel élément ne correspond pas au ressenti que j’essaie de transmettre. Mais n’est-ce pas là le plus grand avantage de l’acrylique: mets de l’eau au plus vite, efface ça pis recommence?

Quelle est votre routine de fin et de début de journée?

Pendant les sessions de cégep, je dois avouer qu’il est parfois difficile de trouver des moments propices à la création. Passez d’un mode rationnel à un mode créatif ne se fait pas en un claquement de doigts! Lorsque mon horaire de cours le permet, je préfère régler les tâches qui demandent de la concentration et un esprit plus analytique le matin. En après-midi, j’opte pour des tâches qui demandent plus de spontanéité. Il m’arrive souvent, qu’après une journée d’enseignement, j’aie l’impression qu’il ne me reste pas assez d’énergie pour la peinture. Mais, j’ai remarqué qu’il suffit souvent d’un petit effort pour que l’inspiration resurgisse comme par magie!

 Mis à part votre ordinateur et votre téléphone, de quel gadget ne pouvez vous pas vous passer?

Je ne suis pas très gadgets. J’ai eu mon premier iPhone il y a un an et je trouve que je passe beaucoup trop de temps dessus! J’essaie de faire preuve de simplicité volontaire de ce côté-là et ainsi limiter les tentations.

Crédit photo: JeanLeJacques.com

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