C’est une foule allumée et diversifiée qui a assisté à ce triple vernissage jeudi dernier. Comme à son habitude, L’Écart a tenu une présentation des oeuvres par les artistes. Un contexte chaleureux et sans prétention pour mieux accéder aux oeuvres qui sont présentées.
Pour son installation De part et d’autre, qui avait été présentée plus tôt dans l’année à Art Mûr à Montréal, Karine Payette joue sur la frontière entre le vrai et le faux à travers la photographie, la vidéo et la sculpture. De ses portraits photographiques où la limite entre animal de compagnie et maître s’embrouille, alors que les bras humains adoptent le pelage du félin qu’il tient, ou encore le plumage du perroquet qui s’y pose, ou par ses sculptures hyperréalistes, l’ambiguité entre l’homme et l’animal domestique est centrale, et très bien exécutée.
Pour la pièce maîtresse, qui a suscité maintes questions toute la soirée du vernissage, soit un enfant et un loup dont les langues se touchent, tout est a été patiemment sculpté. Karine Payette a moulé le corps d’un enfant de 13 ans à partir de la taille, et a tout recréé en silicone avec l’aide du magicien du silicone et des effets spéciaux Rémy Couture. Contrairement à ce qu’on pourrait croire au premier coup d’oeil, le loup est lui aussi l’oeuvre d’une minutieuse sculpture. L’effet est happant de réalisme.
Pour Filles debouttes!, présentée dans la salle principale, les trois artistes Christine Major, Gabrielle Lajoie-Bergeron et Isabelle Guimond ont parcouru l’Abitibi-Témiscamingue une semaine lors d’une résidence d’exploration, afin de récolter rencontres et impressions. La série de tableaux qui en résulte, créée pour L’Écart, est revendicatrice et aborde le thème de la domination et de l’interdit.
Johannie Séguin, diplômée 2015 en arts visuels et médiatiques de l’UQÀM, est revenue s’établir à Rouyn après ses études, et District No 5 s’inscrit dans ce retour aux sources. Le nom de l’expo réfère au quartier de Noranda dans lequel est notamment situé L’Écart. L’artiste a d’abord envoyé des questionnaires aux résidants du district, dans le but de faire leur rencontre et de dessiner l’intérieur de leur maison. Elle a compilé les réponses, positives comme négatives, ainsi que les témoignages, et ceux-ci sont présentés avec ses aquarelles et ses dessins qui font la chronique du quotidien avec réalisme et poésie. Le résultat se vit comme un parcours exploratoire.
Johannie Séguin – District No 5
Karine Payette – De part et d’autre
Christine Major, Gabrielle Lajoie-Bergeron et Isabelle Guimond – Filles Debouttes!
à L’Écart
167, avenue Murdoch
Rouyn-Noranda
jusqu’au 10 avril