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Natalie Talbot, technicienne en costumes de scène

Natalie Talbot, technicienne en costumes de scène

Qui êtes-vous et quel est votre parcours?

Native de San Diego en Californie, j’ai pourtant grandi dans le quartier Chomedey de Laval. J’exerce ce qui allait devenir mon métier depuis l’âge de 6 ans, en utilisant des vieux rideaux et les anciens vêtements hippies de ma mère. L’école d’éducation internationale de Laval m’a donné plusieurs outils ainsi qu’un code vestimentaire qui fut instigateur d’une certaine rébellion vestimentaire. Après un détour dans un double DEC en arts plastiques et sciences de la nature au cégep Montmorency, j’ai décidé de suivre ma véritable passion et de m’inscrire dans un DEC en Design de mode au collège Lasalle, spécialisation en costumes de scène. 

J’ai ensuite travaillé durant cinq belles années à l’atelier Dominique Dubé, où j’ai fait de la sous-traitance pour le Cirque du Soleil. Ensuite, je me suis lancée comme travailleuse autonome et je suis tombée amoureuse de ce style de vie. 

Votre emploi actuel: 

Je travaille en particulier pour l’atelier de costumes Julie Sauriol sur divers projets comme des pièces de théâtre, films, spectacles de musique et de danse, etc. Je travaille également pour les Grands ballets canadiens sur les nouvelles créations et à tous les ans, sur Casse-Noisette. Je suis aussi demandée à l’occasion sur des films américains ou québécois. J’ai récemment commencé à être enseignante à l’école Espace Fabrik, ce qui me donne l’opportunité de partager mes connaissances. Je travaille aussi avec de nouveaux entrepreneurs et créateurs: j’aime utiliser mon expérience en costume de scène dans d’autres domaines. En fait, Je trouve ça extrêmement stimulant.

Dans quelle ville: 

La ville de Montréal est une plaque tournante pour les tournages et les spectacles. Je n’ai jamais vraiment manqué de travail ici. Mais jamais je ne dis non à un contrat à l’étranger! Je suis une éternelle nomade.

Un mot pour définir quel type de travailleur vous êtes: 

Je travaille de manière très instinctive. J’aime bien avoir un certain équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle. Avoir un travail manuel peut être très dur physiquement par moments, mais aussi très apaisant. Heureusement, j’ai une énorme liberté étant travailleuse autonome: je peux façonner mes journées de manière à respecter mes mandats ainsi que moi-même. Cependant, le principe de «fin de semaine» en prend un coup parfois!

Quels outils sont essentiels à vos vies (app, logiciel)?

Une grande table, des machines à coudre industrielles, du papier à patron, des crayons, un gallon à mesurer, plusieurs ciseaux bien aiguisés, des épingles, une multitude d’aiguilles, un découseur, un coupe-fil. On dit des gens de mon métier que nous avons l’air sympathiques, mais malheureusement entourés de trop d’objets coupants.

À quoi ressemble votre espace de bureau? 

C’est un espace lumineux, avec de grandes fenêtres. Les diverses machines sont entourées de nos grandes tables blanches. Nous affichons sur les murs les  maquettes des projets sur lesquels nous travaillons ainsi que plusieurs images qui nous inspirent. Nous avons une pièce qui sert de cuisine et de salle d’essayage. 

Dans cette pièce, nous aimons avoir une ambiance plus chaleureuse et les murs sont tapissés de photos de costumes qui ont été réalisés à l’atelier. 

Qu’écoutez­-vous comme musique en travaillant?

Depuis peu j’utilise Spotify, alleluia!! Mais nous utilisons tout de même notre petite collection de CD qu’on pourrait qualifier de vintage. Je fais aussi des petites compilations maison que nous écoutons à répétition. La musique que nous écoutons à l’atelier est toujours choisie selon notre humeur, le moment de la journée et nos récentes découvertes. Elle est toujours un peu flottante et calmante pour nous permettre une bonne concentration.

Avez­-vous une façon d’organiser vos journées pour optimiser votre travail? 

J’adore prendre mon temps le matin. Une journée idéale et optimale pour moi commence à 10h et finit à 17h30. Au risque de me faire taper sur les doigts, je ne prend presque pas de pauses et je dine en 30 minutes. J’essaie toujours de faire les projets plus complexes et la résolution de problèmes le matin. La nuit apporte souvent plusieurs réponses à mes questions. 

Quels trucs donneriez­-vous pour améliorer la productivité? 

Souvent, quelques minutes de réflexion avant de commencer quelque chose nous empêche d’avancer dans le vide et de faire des erreurs de parcours. Il faut également savoir lâcher prise et s’accorder des pauses, même si c’est juste regarder par la fenêtre un moment.

 Vous êtes meilleurs que vos collègues de travail pour:

Je n’aime pas beaucoup la formulation de la question mais je pourrais dire que j’ai une facilité à travailler les matières extensibles, ce que souvent mes collègues détestent. J’ai aussi une habileté à la communication; le travail d’équipe est essentiel selon moi. De plus, mon galon à mesurer rose flash me donne des super-pouvoirs.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné? 

Si un matin tu n’as pas envie de te rendre au travail, alors changes. 

Quel est votre meilleur truc pour sauver du temps?

De manière inconsciente, nous faisons beaucoup de mouvements inutiles, savoir les éliminer fait gagner du temps. S’accorder plus de temps pour les tâches difficiles mais le reprendre lors des étapes plus faciles et répétitives.

Quelle est votre routine de fin et de début de journée?

Au début de la journée, je prends mon temps pour faire mon café, je choisis de la musique et je sors mes outils. En fin de journée, je place soigneusement le projet sur lequel je travaille, je passe le balai, je range mes outils et fais ma feuille de temps. Dit comme ça, toutes les journées se ressemblent, bien au contraire!!

Mis à part votre ordinateur et votre téléphone, de quel gadget ne pouvez vous pas vous passer?

Le gadget le plus utile que j’utilise peut paraître banal. Il s’agit d’un petit calepin. C’est mon meilleur ami lorsque je travaille. Je le laisse ouvert à côté de moi et j’y note les idées qui me passent par la tête, un dessin pour mettre mille mots en image, une mesure d’emmanchure ou le titre d’un film fortement suggéré par une collègue. Je les garde tous précieusement et je les consulte parfois par pure nostalgie. 

Remerciements: Julie Sauriol pour me permettre de vivre ma passion dans son atelier. Dario Brytwa pour les photos.

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