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GAMIQ: Avec la dizaine, la consolidation

GAMIQ: Avec la dizaine, la consolidation

Alors que le Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ) s’apprête à tenir son dixième gala demain, nous avons rencontré Patrice Caron, fondateur et chef d’orchestre de l’initiative, qui dresse un bilan tout en regardant l’horizon.

Patrice Caron, ou Pat K, est à la fois un meuble de la scène locale et un « cheerleader de ce qui se fait ici ». En plus du GAMIQ qu’il a fondé, dont il est maintenant le producteur délégué, il est aussi le fondateur du Musée du rock’n’roll du Québec, qui tient en plus de ses expositions des camps de rock destinés aux adolescents.

« Après chaque gala, on se dit: « Ah c’est le dernier, j’en ferai plus d’autres ». Parce que un, c’est pas payant, au contraire, et puis deux, c’est beaucoup d’efforts pour deux-trois heures. » C’est pourtant la neuvième fois que Caron persiste et se remet à la tâche, et le désir de consolider ses efforts se fait de plus en plus présent.

Il souhaite donc « essayer de faire une job plus à long terme: soutenir les bands, leur donner de la visibilité, essayer d’aller leur chercher un peu de sous aussi dans différentes formes, détaille-t-il. C’est un peu l’esprit vers lequel on enligne le dixième anniversaire, qui est un genre de conclusion et de début de d’autre chose. »

Bloc de Béton
Dans cette veine, l’équipe du GAMIQ a décidé cette année d’innover avec un festival étalé sur deux jours juste avant la tenue du gala, Bloc de Béton, qui débutait hier et se poursuit aujourd’hui. L’événement compte 85 groupes à Montréal, et une dizaine à Québec, où l’événement se tient simultanément ce soir. Des groupes locaux, qui se produisent dans des locaux de pratique, pour les locaux.

« Avec la réponse qu’on a eue [de la part des bands], on s’est rendu compte qu’il y a un besoin pour ça. Moi je voulais le faire juste un an, juste cette année, mais là on est en train de voir s’il y a pas de quoi à faire sur le long terme. »

Pour garder une trace et permettre à ces étincelles musicales de nourrir la force vive locale à plus long terme, les performances des groupes seront enregistrées en vue de la compilation Papineau vol. 1. Papineau est un autre projet de Patrice Caron dont la mission, elle aussi, est de promouvoir et soutenir la scène locale à l’année. « C’est ça qu’on veut faire avec Papineau, c’est d’être un genre de haut-parleur pour ce milieu-là. »

Il aimerait créer un engagement de la part du public, un mécénat culturel à petite échelle. On ne peut pas accuser l’homme de ne pas avoir de suite dans les idées.

Alors que le GAMIQ comporte 55 nominations, entre 250 et 300 propositions musicales sont soumises, bon an mal an. Une richesse inestimable, selon Patrice Caron: « Ce que je trouve qui vaut la peine d’être mis de l’avant, c’est que chaque année, malgré tout, y a 300 bands qui font le processus. À ce niveau-là, pour moi, c’est remarquable, pis il faut mettre un spotlight là-dessus, et si possible, à l’année. »

En 10 ans, le principal changement dont peut témoigner l’organisateur se trouve dans le paysage médiatique. Les médias culturels grand public ont été décimés, alors que les blogues, plus mouvants et souvent plus spécialisés, ont explosé. « On a la moitié du monde sur notre mailing list, point de vue média. Ça a coupé en deux. Faut en faire une partie par nous-mêmes, mais c’est la problématique des médias sociaux: tu finis par évoluer en silo, et notre but à nous c’est de toucher à du monde qu’on ne connait pas pis nous connaissent pas. »

Le phénomène du silo se retrouve au sein même de la scène locale, d’où l’importance du gala pour rassembler les artistes le temps d’une soirée. « Il y en a beaucoup qui n’évoluent pas du tout dans les mêmes créneaux, donc ils ne se croisent jamais, donc ils ne savent même pas qu’ils existent. On a besoin de ce genre de choses-là, qui ne sont pas nécessairement du réseautage à 300$ le billet. »

Demain soir, 16 formations se produiront entre les remises de prix. « On a été avec des bands qui sont en nomination, pour être sûr qu’ils soient là » explique Patrice Caron, conscient du défi donné à son équipe technique. « Le gala, c’est un party de célébration de cette scène-là. Ça adonne qu’on donne des trophées pis qu’il y en a qui sont déçus (…) mais pour nous c’est un prétexte de réunir tous ces gens-là dans un événement. »

Le portrait ne serait pas complet sans mentionner l’ADISQ, avec qui les comparaisons sont inévitables: « On a beau vouloir en parler le moins souvent possible, c’est là, pis tout le monde le sait: y a une comparaison c’est certain, même si on a pas les mêmes moyens qu’eux autres. » Ce que ce routier de la scène déplore, c’est d’une part « de voir que tout le monde se garroche pour l’ADISQ, avec peu ou pas de résultat pis ça chiale après », le GAMIQ étant considéré par plusieurs comme un « lot de consolation ». D’autre part, la marge de plus en plus mince entre les groupes de l’ADISQ et du GAMIQ: « l’idée du GAMIQ c’est ça, c’est de propulser. Mais c’est plate qu’on perde certains bands dans ce processus-là. », faisant notamment référence à Galaxie. « J’aimerais sortir de cette dynamique-là [d’être en réaction] pis être encore plus complémentaire. »

Il reste encore de beaux défis pour le GAMIQ et son fondateur.

Bloc de Béton à Montréal
le 28 novembre
Dès 13h, à la Boîte à Musique (2222 Ontario est)
événement facebook

Bloc de Béton à Québec
le 28 novembre
Dès 17h au Studio Sismique (43, Côte de la Canoterie)
événement facebook

GAMIQ #10
le 29 novembre au Bain Mathieu
Lisez notre article sur le gala
événement facebook

» Voyez notre rétrospective photo sur les 10 ans du GAMIQ

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