« Nous voulions faire des trucs à découper et s’adresser aux enfants. » Le fanzine français Super Fourbi Géant est un média adressé aux enfants qui leurs donne la possibilité de créer des masques, figurines et maquettes à monter soi-même. Entrevue avec l’équipe.
Baron: Quelle est l’histoire derrière votre magazine?
En 2012, nous étions encore étudiants aux Arts Déco de Strasbourg et lors d’une conversation autour de thé et de gâteaux, nous avons imaginé des projets de microédition: nous avions envisagé une pochette surprise par exemple. Finalement, l’idée d’un fanzine entièrement à découper a fini par émerger.
Le premier numéro de Super Fourbi Géant a servi de coup d’essai et est très différent de ce que le fanzine est devenu par la suite: nous avons agrandi le format, changé la reliure et créé une charte graphique. Au fur et à mesure des numéros, notre cercle d’auteurs s’est agrandi, nous avons eu beaucoup de candidatures spontanées et cela nous a permis de rencontrer et découvrir le travail de nouvelles personnes.
Baron: Comment décririez-vous votre ligne éditoriale?
Au début la ligne éditoriale était très simple, nous voulions faire des trucs à découper et s’adresser aux enfants, ce qui était relativement rare dans le milieu du fanzinat.
Puis au bout de deux numéros, pour ne pas se répéter, nous avons commencé à imposer des thèmes: un numéro spécial masque puis un numéro pour adulte rebaptisé Super Fourbix pour l’occasion. Finalement elle s’adapte en fonction des envies et des projets, nous avons la volonté de rester dans le ludique.
Pourquoi avoir choisi le média imprimé?
On aime le papier! On aime concevoir l’objet, le façonner, l’imprimer, donc on est aussi parti du découpage pour avoir une bonne raison d’être sur papier. On s’est demandé ce qu’il était pertinent de faire sur papier à un moment où le numérique s’impose de plus en plus. Et puis on vient d’une école où cette culture du papier et de la microédition est très vivace, que ce soit avec des fanzines créés par des élèves ou par des anciens élèves (Nyctalope, Psoriasis, Biscoto, La tribune du Jelly Rodger, Matière Grasse, etc.), du coup il s’agissait aussi de se démarquer tant par le sujet que le public.
Quelle est la réaction du public?
Les personnes âgées nous adorent! Ça leur rappelle leur enfance, et du coup ils offrent notre fanzine à leur malheureux petits-enfants et les forcent à découper et coller nos dessins pendant de longs après-midis!
Plus sérieusement, on est très contents de la réaction du public, l’originalité du projet nous vaut beaucoup de compliments. On touche effectivement les personnes âgées et les enfants, mais aussi les amateurs de graphisme et d’illustration, les jeunes parents, etc.
Par contre, on a essayé les cosplayers et c’est clairement pas notre cœur de cible!
Baron: Quelle est votre stratégie de vente et de croissance? Publicité ou co-branding?
On est un tout petit collectif avec un noyau dur de quatre personnes, notre premier objectif c’est de ne pas perdre d’argent, et si possible d’en gagner pour financer le prochain numéro du fanzine ou des projets parallèles. On n’a encore jamais tiré à plus de 200 exemplaires mais petit à petit on a des projets plus aboutis et plus ambitieux. Avec Cabaret Fourbi, une pochette de pantins, c’était la première fois qu’on imprimait en offset.
Notre idée c’est d’arriver à faire de beaux objets mais abordables pour le lecteur et profitables au collectif, on a vu trop de projets de fanzines capoter faute d’argent.
On vend essentiellement sur les salons du livre et de microédition, sans doute parce que l’on peut montrer les objets des fanzines une fois montés. On est en dépôt dans quelques librairies et on a une boutique en ligne mais le format du fanzine (un A3) nous empêche de faire beaucoup de vente par correspondance.
Et comme tout le monde, on a bien sûr un site et une page Facebook !
Baron: Quels sont vos projets à venir?
On a toujours quelques petits projets en cours. En ce moment, parallèlement au fanzine, on travaille sur deux cahiers de coloriage: un pour enfants sur le thème de la parade, et un pour adultes sur le thème de la danse macabre.