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Félix Dyotte | Accomplir l’avalanche

Félix Dyotte | Accomplir l’avalanche

Avec son premier album solo, le musicien Félix Dyotte (notamment guitariste pour Pierre Lapointe, ex-Chinatown, ex-Undercovers) réalise plusieurs rêves gardés dans sa poche arrière. Il livre un disque fortement teinté par la chanson française des années 1960 pour un résultat doux, à mi-chemin entre mélancolie et récupération, dont l’écoute répétée risque de provoquer chez l’auditeur un bonheur grandissant. Entrevue.

En gestation depuis l’enregistrement du dernier album de Chinatown Comment j’ai explosé en 2012, Dyotte a pris son temps pour concocter l’album qui porte simplement son nom. L’enregistrement s’est échelonné sur presque un an, débutant alors que la composition n’était pas tout à fait terminée, principalement dans son studio maison mais se déplaçant aussi aux studios Victor, Breakglass et 7302 au gré des besoins.

Autoproduit et autoréalisé, Dyotte admet avoir toujours eu un penchant pour la réalisation: « Pour moi écrire des tounes, ça vient vraiment avec la section arrangement. » Il accomplit ici une idée qui le travaillait depuis longtemps, soit ajouter une section de cordes sur certaines pièces. Pour ce faire, il fait appel à Philippe Brault qui l’aide à réorganiser ses partitions et déniche le quatuor à cordes idéal. Dès le pied mis en studio, la magie opère: « La première chose qu’ils ont jouée, c’est les cordes d’Avalanches, et je pense que c’est cette première take-là qu’on entend sur l’album. »

Ce n’est pas la seule étape qui se passera bien pour la production de l’album. Il fait appel à des complices de longue date, dont quelques-uns rencontrés par Pierre Lapointe: Francis Mineau à batterie, Amélie Mandeville à la voix et aux synthétiseurs et Denis Faucher au piano. « J’étais vraiment fier de moi, vraiment fier d’avoir fait appel aux bonnes personnes. »

« Dessine-moi une tempête. »
C’est sa complice Jeanne Joly qui signe l’illustration de la pochette de l’album, réalisée lors d’une séance de dessin où Dyotte, tel un Petit Prince, lui demande de lui dessiner une tempête. Une fois le dessin achevé, il sait qu’il tient le résultat final. « La couverture de l’album, après plein d’essais, finalement elle s’est faite en deux secondes. Une fois que je l’avais, je n’ai pas eu à la remettre en question. »

Joly et Dyotte ont travaillé en étroite collaboration pour tout le visuel entourant le projet, lui créant pour illustrer les paroles des caligrammes à la dactylo ainsi que toutes les polices d’écriture figurant dans la pochette, alors qu’elle signe le design. « On dirait que nos deux mondes se sont associés vraiment très naturellement », créant un mariage visuel délicat et fluide, à l’image de l’album.

En plus du disque physique, qu’un nombre croissant de gens n’achètent plus, Dyotte voulait créer un objet d’art. En résulte un zine très soigné, appelé Annexes, où figurent non seulement les caligrammes des textes des chansons, mais plusieurs pages de photos et d’anecdotes entourant la fabrication du disque.

Un lancement élégant
« Je trouvais qu’il y avait quelque chose de spécial qui s’était fait à chaque étape de la production, et je me disais: “J’aimerais ça que mon lancement soit dans un endroit un peu inusité, quitte à ce que ce soit un peu plus difficile». » C’est donc au magnifique Bar sans nom de la rue Parc que Dyotte et sa bande ont présenté quelques chansons devant les très nombreux amis s’étant déplacés mercredi. Parmi les énormes chaises capitonnées et le décor moyen-oriental faisant oublier Montréal, le chanteur a livré ses chansons avec sensibilité et fébrilité, donnant un avant-goût concluant d’un spectacle plus consistant.

Nouvelle Vague
C’est à son amie de longue date Monia Chokri que l’on doit le très beau clip de la pièce Avalanches. « C’est un peu [son court-métrage Quelqu’un d’extraordinaire] qui m’a donné envie de la solliciter pour faire mon premier vidéoclip ». On y voit « le bourgeon d’une relation qui va naître » entre Èvelyne Brochu et Tim Fletcher (un de ses premiers frères d’armes musicales au sein de la formation The Undercovers). Les paroles de la chanson mises en parallèle avec le visuel de cette rencontre fébrile nous font « s’imaginer que c’est un match un peu catastrophique ».

Rien à voir avec la rencontre entre nos oreilles et les compositions de Dyotte, dont on ne regrette rien.

Crédit photo en-tête: Jeanne Joly
Crédits photos Annexes: tirées de la page bandcamp de Félix Dyotte

Félix Dyotte
site officiel | facebook | bandcamp
l’album Félix Dyotte disponible maintenant sur Coyote records

En concert le 13 juin en formule duo avec Amélie Mandeville
dans le cadre des Francofolies de Montréal

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