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Entrevue – MASSIVart exporte Chromatic à Paris

Entrevue – MASSIVart exporte Chromatic à Paris

 Du 2 au 4 avril dernier, la Cité de la Mode et du Design de Paris a accueilli la première édition internationale du festival Chromatic. Baron s’est entretenu par courriel et par téléphone avec Philippe Demers, cofondateur et directeur général de MASSIVart, initiateur de l’événement. 

Installations, photographies, street art et concerts, le festival made in Montréal s’exporte dans la capitale française. Au programme, plus de 110 créateurs de Paris et Montréal qui ont bénéficié d’une belle vitrine outre-Atlantique. Toutes deux en amour avec les arts visuels, sonores et interactifs, Paris et Montréal se sont rencontrées au bord de la Seine durant 3 jours d’expositions et d’activités culturelles.

Pourquoi avoir choisi la ville de Paris pour votre première à l’international? 
Il y a toujours eu des liens privilégiés entre MASSIVart et la France. D’une part​,​ notre équipe est composé​e de plusieurs français installé​s​ à Montréal qui ont des réseaux très actif​s​ sur la ville lumière. ​Ensuite​, pour Montréal, les relation franco-québécoises​ n’ont jamais été aussi actives, avec un nombre record de touristes, d’immigrants et d’investissements français ces dernières années. Enfin, il faut dire qu’il existe un préjugé favorable envers Montréal chez les Parisiens: la ville y est perçue comme créative, numérique et audacieuse. Paris ​s​’est imposé​e​ comme une ville parfaite pour une première édition internationale.

Quelles sont les difficultés d’organiser un événement à distance, à cheval entre deux villes? Comment s’est déroulée la collaboration?
La collaboration a​ vraiment été au​-​delà de nos attentes. Nous avons été accueilli avec chaleur par la Cité de la Mode et du Design qui ont accepté de coproduire l’événement avec nous. Ils se sont avéré​s​ de ​bons​ alliés ! Il est certain que travailler sur deux fuseaux horaire​s​ ​a​ été un défi en soi. Notre agenda commun était rempli tous les jours de 3h​00​ à​ 21h00.  Nous avons eu la chance d’être hébergés dans les bureaux de Sid Lee Paris​, ​dès le départ du projet. Les ​co-​d​irectrices​ de Chromatic Paris, Claire Baron et Valery Lajoie, ont dû être présente​s​ en France pour mettre l’événement en branle. Je ne crois pas que nous aurions pu le faire sans une présence physique à Paris.

Comment avez-vous choisi les différents créateurs présents à l’événement?
La programmation est sous la supervision de notre d​irecteur de programmation, Arthur Gaillard. Avec l’aide d’un jury, il a sélectionné les artistes en fonction de la thématique, C​olor, mais aussi selon leur nationalité. Nous tenions ​à​ avoir un mélange 50/50 d’artistes ​de Montréal et Paris, pour vraiment créer des ponts et des échanges entre les créateurs. 

Désirez-vous encore vous étendre? Des projets futurs sont-ils déjà en réflexion ou en cours de réalisation? Peut-être d’autres collaborations en vue d’événements dans d’autres pays encore? L’équipe MASSIVart a un petit côté mégalomane qui fait en sorte que nous pensons déjà à la Chine, Washington, New York, Toronto, Boston, Chicago, etc. Mais nous y allons brique par brique et travaillons avec la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain à rédiger un plan d’exportation de MASSIVart et du festival Chromatic à l’étranger. Pour l’instant, on souhaite surtout consolider notre présence sur Paris et profiter du buzz qu’on a créé ​l​à-​bas avec la première édition de Chromatic Paris.

À Paris, le monde est-il plus enclin à investir dans la création? Les mécènes y sont-ils plus généreux qu’à Montréal?
Il est certain que les gens sont mis en contact avec l’art et la création très jeunes et cela leur donne une curiosité que j’ai rarement vue ailleurs dans le monde. Cela fait en sorte que les corporations et les mécènes investissent généralement plus massivement dans la culture.  Mais comme l’offre est tellement immense et les réseaux assez fermé​s​, c’est aussi très difficile d’attraper l’attention des individus. 

Quelles sont les grandes différences entre les milieux artistiques de Montréal (ou du Québec/Canada) et de Paris (ou la France en général)?
Dans un contexte de production événementielle, la plus grande différence à​ mes yeux est la lourdeur administrative de la France en ce qui a trait aux autorisations, à la sécurité et aux protocoles en général. Même si je connaissais la réputation de la France sur ce plan, je ne me serais jamais attendu à une telle complexité. Au niveau des créateurs, je dirais que là, Paris et Montréal sont sur la même page. Les inspirations, les tendances, les thème se rejoignent beaucoup, ​mais chacune des cultures a des forces qui lui sont propres. À mes yeux, les Français sont très forts en graphisme, en design, en illustration alors que les Montréalais excellent en installation, en arts numériques et en street art. 

Crédits photo: courtoisie MASSIVArt

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