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« Un artiste, c’est une PME à lui tout seul! » – Patricia Lopraino, fondatrice et directrice générale et artistique du Festival Diapason

« Un artiste, c’est une PME à lui tout seul! » – Patricia Lopraino, fondatrice et directrice générale et artistique du Festival Diapason

» Archives de la chronique Dans les coulisses…

Patricia Lopraino n’est pas née de la dernière pluie. Depuis plus de 15 ans, elle s’intéresse à la scène alternative et à ses musiciens qui n’ont pas toujours accès à la tribune souhaitée. De l’organisation de spectacles au secondaire à la fondation de la boîte de gestion de tournées et de projets Publik en 2005, du concours Diapason la même année et du Festival Diapason en 2008, la visée est la même: offrir aux artistes, mais aussi à la région de Laval, des événements musicaux de qualité, qui mettent de l’avant la relève.

En 2007, Lopraino a été recrutée par la Centrale des Artistes en tant que coordonnatrice aux communications. Depuis, elle est devenue directrice générale de l’organisme et elle a amené le festival et le concours avec elle. « À Laval, c’était rempli de bars de danseuses et de karaokés! Il n’y avait pas de lieux de diffusion pour la musique. Avec la création du festival, on a voulu s’affirmer comme un événement alternatif dans la région et se dissocier du concours, qui est toujours en vigueur chaque année. J’ai Laval tatoué sur le cœur! » lance Lopraino en riant. Loin de se cantonner à des salles de spectacles traditionnelles, le Festival se promène dans toutes sortes de lieux atypiques: « On a présenté des shows au Vidéo 20/20, au Patio Vidal… On n’a vraiment pas de règles: on va où ça nous tente! »

« Ça se peut qu’on se pète la gueule, mais on assumera! »

Au fil du temps, le Festival s’est créé une belle réputation, mais a aussi dû s’adapter à son public. « On a plafonné vers la 6ème édition. La jauge de salle était de 80 à 120 personnes: ce n’était pas assez. C’est dur de créer un sentiment d’appartenance envers un événement! On a eu une grosse réflexion dans l’équipe. Soit on se donnait les moyens de grossir, soit on se contentait du résultat qu’on avait. On a été vers des salles plus favorables, pour faire valoir ce qui existe de bon à Laval. Pour mieux faire découvrir les artistes, etc. »

Parce qu’il faut le dire: ni le concours ni le festival n’ont eu droit à de l’aide financière, et ce, depuis leur fondation. « La porte est fermée pour nous. Il n’y a aucune écoute. On le sait: on vit une grosse vague d’austérité. Il y a des coupes tous les jours: les fonds publics sont jetés par les fenêtres… Mais on ne pleure pas sur notre sort. Je suis tannée de dire que la culture est l’enfant pauvre du Québec. C’est parfois pire ailleurs. Il faut arrêter de se victimiser! Ça se peut qu’on se pète la gueule, mais on assumera! Une subvention, ce n’est pas une béquille. C’est une opportunité. Fine, on n’a pas de financement. On va s’arranger! »

« Il faut s’informer, faire des efforts! »
Derrière le festival, le concours, il y a bien sûr les artistes. Des têtes d’affiche qui performent chaque année, mais surtout des musiciens de la relève, qui sont souvent de vrais néophytes de l’industrie musicale québécoise. « Chaque année, on reçoit 150 offres pour le festival. Environ 45 à 50 pour le concours. Pour choisir, on va chercher une qualité artistique. Certains arrivent avec une belle maturité, d’autres viennent seulement pour les commentaires. Il faut dire qu’on les chouchoute nos artistes: on veut leur offrir une belle expérience. » D’où l’existence de formations, comme la journée de l’artiste auto-produit qui a eu lieu le 16 octobre dernier dans le cadre du concours Diapason.

Ce que remarque la fondatrice de Diapason à force de croiser des artistes indépendants? « Le manque d’information. Certains se fient à des personnes pas très crédibles, ne vont pas valider des faits douteux. Il faut souvent les prendre par la main et les guider vers la bonne information. Parfois, ils vont dépenser de l’argent pour rien. Oui, il y a un manque de financement dans la culture. Mais il y a aussi beaucoup d’investissements pas très intelligents. Un artiste, c’est une PME à lui tout seul. Il faut s’informer, faire des efforts! »

La 9ème éditiondu concours Diapason a eu lieu en octobre 2014. La 7ème édition du Festival aura lieu en juillet 2015.

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