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Cohesive Disorder de Payam Mofidi au FNC Lab

Cohesive Disorder de Payam Mofidi au FNC Lab

Tout juste revenu de Téhéran en Iran où il a présenté Cohesive Disorder, l’artiste Payam Mofidi reprend la section vidéo de son exposition dans le cadre du FNC Lab du Festival du Nouveau Cinéma. Rencontre.

Trois vidéos monochromes nous font face lorsque nous rentrons dans le foyer J.-A. de Sève de l’université Concordia pour l’exposition Cohesive Disorder. Dans la première, un jeune garçon se fait éponger par des mains aimantes le sang qui apparaît sur son visage. Dans la deuxième, une jeune femme se frotte l’œil, qui laissera couler de plus en plus de sang, alors que des mains anonymes la dominent. Dans la troisième, un homme se promène dans un champ, visiblement perdu mais heureux, alors que des mains cherchent à lui bander les yeux.

Ces vidéos n’auraient pas la même force de frappe si elles étaient présentées toutes seules, croit celui qui les a créées. C’est l’ensemble qui permet de bien interpréter le système de contrôle mis en lumière par l’artiste: « Cela montre une relation de contrôle avec le personnage, et les mains sont montrées à diverses étapes de cette relation, jusqu’à la troisième vidéo où les mains n’ont plus besoin d’être là: elles disparaissent dans la nature », nous explique Payam Mofidi.

L’artiste d’origine iranienne, établi à Montréal depuis trois ans, trouve intéressant de présenter son exposition à des publics aussi différents que celui de Téhéran et de Montréal, puisque ceux-ci n’ont pas les mêmes références pour interpréter: « En Iran, c’est d’abord la politique et la religion qui viennent à l’esprit. Ici, c’est peut-être la politique aussi, mais surtout les médias qui viennent en premier. Pour moi, il est toujours question de politique et de religion, et de la société qui contrôle! »

Pour exposer en Iran, Mofidi a bien sûr dû faire face à la censure : « Tu dois faire ça, sinon tu ne peux pas exposer! » Et paradoxalement, il croit que c’est cette censure qui a forgé les codes de l’art persan, puisque le pays a souvent connu des épisodes de censure dans son histoire : « Pour moi, c’est devenu un système que j’aime bien, parce que y a une relation avec la poésie persane. Les poètes ont toujours essayé de dire des choses par des symboles, des codes et des métaphores pour ne pas dire des choses qui les auraient mis en danger. Du coup, ils ont créé un système qui dure depuis longtemps, même s’il s’est modernisé avec le temps. » Ce n’est donc pas un hasard s’il se dit particulièrement inspiré par le cinéma de l’Europe de l’est, Tarkovski et Angelopoulos en tête, qui a aussi connu la censure.

À voir, pour s’interroger sur ses propres mécanismes de contrôle et constater l’esthétique unique de Payam Mofidi.

À voir jusqu’au 19 octobre.
Cohesive Disorder de Payam Modifi au FNC Lab.

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