»Consulter les archives de la chronique Dans les coulisses de la musique
Rien ne prédisposait Magali Ould à faire carrière dans l’industrie musicale, si ce n’est un grand intérêt. Et pourtant, sa carrière tourne maintenant autour de la musique. « C’est le hasard de la vie ! J’ai fait mes études à l’Université de Montréal en Études cinématographiques. Un certain Gourmet Délice m’a donné une chance, j’ai passé de merveilleuses années chez Bonsound et puis un jour, j’ai eu envie d’avoir une autre perspective sur mon travail… J’adorais déjà la majorité des artistes signés chez Secret City, je crois qu’en quelque sorte, c’était meant to be ! »
Secret City Records, jeune maison de disques et d’édition, se distingue par son désir de s’adapter à l’industrie musicale très mouvante, tout en gardant un certain esprit « old school ». On ne retrouve donc pas que des albums numériques dans cette boîte, qui croit encore au produit physique et qui respecte beaucoup les idées de mise en marché des artistes qu’ils représentent. Ne tarissant pas d’éloges sur le propriétaire de la compagnie, Magali souligne la passion de son patron: « Justin West est un homme d’affaires intègre, passionné et dévoué à ses artistes. C’est inspirant de travailler avec lui sur tous nos projets. Je préfère ne pas parler en son nom, mais de mon point de vue, je dirais que je mets tout en œuvre pour faire rayonner les artistes et les albums que nous sortons, en respectant toujours leurs visions artistiques et les grandes lignes de leurs choix stratégiques de mise en marché. »
« Rien n’est garanti. »
Parmi les protégés de Secret City Records, on compte Thus Owls, Plants & Animals, Suuns, Patrick Watson et de nombreux autres. De grosses pointures qui ont un point fort en commun: un grand talent. « Lorsque Justin arrive avec un album, si le sentiment général dans le bureau ressemble à « Oh mon dieu, c’est malade », c’est à ce moment qu’on sait qu’un truc magique se passe. Quand une chanson me prend par les tripes ou si elle me fait réfléchir sur mon existence, le sort en est jeté – j’irai au bout du monde pour qu’elle soit connue! » Une maison de disques animée par la passion? Il semblerait bien que oui! Et devinez quoi? Ça fonctionne.
La boîte procède donc à une sélection plutôt serrée, qui donne lieu à un ratio offre/acceptation assez inégal. « C’est impossible à imaginer, l’écart est trop grand et trop injuste! Mais je crois que c’est comme n’importe quelle forme d’art. Combien d’artistes-peintres aimeraient être représentés par une galerie d’art influente? Combien de cinéastes voudraient avoir leurs films distribués dans toutes les salles de cinéma en Amérique du Nord? Combien le sont vraiment? Je crois que peut-être trop de musiciens voit la signature avec une compagnie de disque comme une fin en soi. C’est pourtant tout le contraire: ce n’est que l’infime début et rien n’est garanti. Même avec le support d’une équipe qui travaille dans l’ombre, l’ultime test c’est l’amour du public. Aujourd’hui avec l’internet, il y a moyen de faire un petit bout de chemin pour le conquérir en parti avant même d’être signé. »
« Le succès, même lorsqu’il est au rendez-vous, est bien souvent éphémère. »
Réussir dans ce milieu, c’est possible ? Selon Magali, oui. Mais il faut tout de même garder les pieds sur terre. « Vivre de sa création est difficile dans n’importe quelle sphère artistique. Peu de chanceux y parviendront. Les difficultés sont nombreuses et le succès, même lorsqu’il est au rendez-vous, est bien souvent éphémère. C’est pire aujourd’hui, ce sont des succès instantanés aussitôt remplacés… Je dirais que la difficulté qui me frappe depuis quelques années est celle de perdurer dans le temps et dans le cœur du public. »
Tout de même, elle voit d’un œil positif le milieu musical. « L’industrie de la musique indépendante se porte très bien et n’a jamais eu autant de possibilités de se faire connaitre. Mais je ne dis pas que c’est facile! Notre époque est tellement branchée sur la musique… Imaginez être poète ou sculpteur aujourd’hui? Il y a clairement moins d’avenues possibles. »