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Retombées des Francofolies pour étiquettes de disque et artistes : Chère visibilité

Retombées des Francofolies pour étiquettes de disque et artistes : Chère visibilité

Après le tourbillon musical, en français s’il-vous-plaît, qui a déferlé sur le Quartier des spectacles durant les 11 derniers jours, l’heure est aux bilans. Quels bénéfices les artistes et les étiquettes de disque récoltent-ils d’un tel festival? Les intervenants interrogés s’entendent sur un point : c’est la visibilité qui prime.

« Malgré l’ampleur et l’aspect très « structuré » du festival, Les Francofolies de Montréal ont cette qualité rare de conserver un esprit de plaisir et de découverte dans la programmation », ouvre d’emblée Julien Manaud, ex-Chinatown et fondateur de l’étiquette Lisbon Lux Records. Alors que l’entreprise spécialisée dans l’électro-pop d’ici et d’ailleurs soufflait récemment sur sa première chandelle, ses artistes Le Couleur et Sans Sébastien se produisaient au festival cette année. Pour la formation colorée, il s’agissait d’une troisième participation dans sa courte carrière. « J’imagine que l’équipe de programmation des Francos est contente de voir que le groupe avance dans sa carrière, a de plus en plus de visibilité et présente un show de plus en plus solide, avance Manaud, qui raconte du même souffle à quel point les Francos ont été présents tôt en carrière pour la bande. Chaque prestation aux Francos nous aide dans ce développement.»

« Ça reste l’un des principaux festivals incontournables, depuis longtemps. Il n’y a rien qui se compare en terme de public, d’exposure », confirme Philippe Archambault, directeur des communications chez Audiogram. La maison de disque, qui célébrera ses 30 ans le 2 septembre prochain avec un projet spécial, s’est transformée en coureuse de fond et a présenté pas moins de 14 concerts. En plus des artistes établis de la boîte qui ont accès aux grosses scènes, notamment Pierre Lapointe  lors de son concert extérieur sur la grande scène Bell, certains artistes qui débutent ont l’opportunité de présenter leurs pièces dans un contexte privilégié. Bernhari, qui vient de lancer Kryuchkova, un EP de deux pièces en vue de son album complet à paraître à la fin août, s’est retrouvé au Théâtre Maisonneuve le 15 juin dernier en première partie de Fontarabie.  « C’est des tremplins vraiment le fun pour eux! » s’enthousiasme Archambault.

Du côté des artistes indépendants, la visibilité qu’offre les Francofolies est tout aussi bienvenue. Donzelle, projet rap hétéroclite de Roxanne Arsenault, va dans le même sens que les autres artistes interrogés : « C’est sûr que ça m’apporte une visibilité par rapport à d’autre monde. Juste d’être sur le site des Francos, d’être sur la programmation, même si le monde ne viennent pas, à la limite, ils voient le nom, ils le voient circuler. » La scène ou la salle, l’heure de la performance et les autres groupes invités influent sur la composition du public qui sera exposé au répertoire des artistes. « C’est sûr que quand on joue sur des grosses scènes, c’est aussi l’occasion d’essayer des contextes complètement différents. Quand tu joues devant un public, par exemple à l’extérieur, surtout pour des paroles comme les miennes, c’est comment tu ne te censures pas mais comment tu rends ça accessible comme spectacle. Et pour moi ce sont toujours des exercices qui sont super intéressants. » explique-t-elle. Manaud ajoute : « En effet, les Francos, de part leur visibilité grand public, présente des projets, parfois de niche, à « monsieur et madame tout le monde ». Vu que Le Couleur s’adresse pour le moment à un public spécifique, beaucoup de gens découvrent encore leur nom, leur musique. »

En terme de rentabilité, les retombées s’avèrent plus difficiles à chiffrer. Pour Lisbon Lux, la vente d’album est marginale : l’important, c’est de faire parler des artistes et de circuler pour le plus grand nombre d’oreilles possible. Les Francos leur ont donné un important coup de pouce en ce sens, notamment pour la formation française Sans Sébastien, qui était invitée à se produire ici pour la première fois. « Dans leur cas, c’est aussi grâce au fait qu’ils soient sur la programmation des Francofolies qui nous a permis de faire parler d’eux dans les médias. Sans spectacle, cela aurait été beaucoup plus difficile de promouvoir la sortie de leur EP Sous Ma Jupe sur le label. », spécifie Manaud. Pour Audiogram, qui compte sur un catalogue plus garni et des moyens plus grands, les Francos créent un momentum auprès des magasins de disques et de Itunes qui rend la vente de disques plus propice: « C’est tout un mouvement qui fait en sorte que la musique francophone est mise de l’avant pour cette période-là, donc c’est sûr que ça a un impact direct sur les ventes d’album. » Pour Donzelle, le cachet remis aux artistes pour leur performance est directement investi dans le spectacle, notamment dans les costumes : « Ça nous permet de confectionner des trucs qui sont un petit peu plus élaborés qu’à l’habitude. »

Les retombées sont donc très variables en fonction de la taille des joueurs impliqués. Une chose est sûre toutefois : il s’agit d’une belle fenêtre pour tous les artistes qui y participent, année après année.

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