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« L’avenir de la musique est dans le spectacle !» – Hélène McKoy, cofondatrice et attachée de presse à L’Écurie

« L’avenir de la musique est dans le spectacle !» – Hélène McKoy, cofondatrice et attachée de presse à L’Écurie

C’est en 2009 qu’Hélène McKoy a cofondé l’agence de spectacles et bookingL’Écurie avec Hugo Mudie. Alors qu’elle travaillait aux relations de presse aux Disques Indica, elle a rencontré son futur associé, qui en plus d’œuvrer dans le monde du booking, était chanteur de la feu formation The Sainte Catherines (il fait d’ailleurs maintenant partie de Miracles). « On s’est dit qu’on allait continuer ce qu’on fait le mieux, mais de nos propres ailes. Je m’occupe donc des relations de presse et Hugo est responsable du booking.»

Comment c’est, de démarrer une entreprise qui se spécialise en musique punk-rock dans un milieu en pleine mutation (ou crise, diront plusieurs)? « Nous avons une manière de pensée assez claire côté affaires: on ne suit pas la ligne, on va toujours un peu à côté. Nous nous sommes demandés qu’est-ce qu’on avait de plus que les autres compagnies. Déjà, il faut prendre en compte les nombreux contacts qu’Hugo a généré depuis une dizaine d’années en étant lui-même musicien. Un réseau à travers le monde qui nous aide avec les groupes dont on s’occupe. »

L’importance de bien s’entourer

La vision non-conventionnelle des fondateurs de L’Écurie leur permet certainement de tirer leur épingle du jeu. « On connaît notre niche: on sait qu’il y a des fans du genre de musique qu’on met de l’avant, mais on réalise pleinement que la source n’est pas infinie. Nous sommes aussi conscients de l’envergure de l’entreprise: nous ne sommes que deux, on ne peut pas faire des miracles! » Cette façon d’aborder leur rôle dans la vie des artistes transparaît autant dans la présentation des albums : « On y va souvent pour des vinyles, des belles pochettes. C’est très DIY: des budgets à 20 000$-30 000$ pour un album, on ne connaît pas ça. » s’exclame Hélène en riant.

Si bien que lorsque des artistes qui visent une percée dans la musique populaire approchent L’Écurie, c’est souvent à un refus qu’ils ont droit: « Si un musicien veut ce genre de carrière, je lui conseillerai d’aller vers une autre agence. Nous ne sommes pas assez impliqués dans le milieu conventionnel de la musique pour être une aide. » Bref, chaque artiste doit s’entourer d’une équipe qui convient à ses besoins. Même Hugo a respecté cette vision en se dirigeant vers Music Mansion Records pour la sortie de Motels de Miracles en avril dernier, un label qui correspond mieux au son country-folk de la formation.

Quels artistes ont le plus de chance de trouver ce qu’ils cherchent à L’Écurie? « C’est certain qu’on doit aimer la musique à la base. On essaie d’éviter la musique avec laquelle on n’a pas d’expertise. On reste dans le créneau du punk-rock. Et on veut faire venir des groupes des États-Unis et vice versa. Pour sortir du Québec un peu. » La cofondatrice de la boîte souligne aussi l’importance de la débrouillardise: « On aime beaucoup les groupes qui n’attendent après personne. Qui ont déjà tourné, enregistré. Pas de subvention? Pas grave, ils font un nouvel album quand même. Les artistes qui ne créent plus quand il n’y a pas d’argent, ça me dépasse. L’idée, c’est de ne pas pouvoir se passer de la musique, non? Et de jouer, jouer, jouer. L’avenir de la musique est dans le spectacle! » Et à travers la centaine de démos reçue par année, peu sont dans les élus. « On en choisit 10%, même pas. » Comme quoi si les artistes indépendants font bien de se monter une belle expérience en attendant leur tour!

Un tour qui peut mettre longtemps à venir, Hélène en est consciente : « Ça peut être très dur de continuer à poursuivre son projet musical quand on est découragé et sans le sou. Je vois plein de petits groupes qui abandonnent très vite. C’est dommage, mais normal: ça peut devenir difficile de faire face à l’attente du succès, qui ne viendra peut-être jamais, en parallèle avec les exigences de la société. Souvent, l’entourage ne comprendra pas ou peu la réalité des artistes. Le défi, c’est de rester fixé à son but. Peu importe la lourdeur que ça peut prendre quotidiennement parfois… » 

www.lecurie.ca

Photo: Cindy Boyce

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