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C’est tout d’abord comme spectatrice que Karine Isabel a mis les pieds au bar spectacle l’Escogriffe la première fois. Fan de la programmation décalée et hétéroclite, qui met de l’avant la relève et la scène underground, la mélomane est devenue une cliente régulière. Amie avec un des propriétaires, elle a vite été remarquée par l’équipe. « Mon ami m’a demandé de brasser un peu la programmation avec mon côté punk garage. Le premier groupe que j’ai programmé a été The Vibrators. Ça s’annonçait bien pour la suite ! »
Le mandat de cette salle de spectacles qui met de l’avant des styles musicaux aussi divers que le jazz, le punk, le rock n’roll garage et de nombreux autres ? « Diffuser et promouvoir la scène locale dans toute sa splendeur ! Donner la chance aux débutants de faire des concerts dans un bar avec un équipement de qualité et des employés dévoués et professionnels. À l’Esco, on veut être un endroit hors du commun en organisant des événements dont on se souviendra longtemps. » Côté sélection, comment ça se passe ? « Je reçois une cinquantaine de courriels par jour, en moyenne. Je demande toujours un démo. Ensuite, si ça concorde avec la direction artistique, je leur offre une date et c’est parti ! »
« C’est pas mal mort du côté de la couverture. »
Si le bar est devenu au fil du temps une institution bien connue sur la rue Saint-Denis, la couverture journalistique n’a pas nécessairement suivie. « C’est pas mal mort du côté de la couverture et c’est bien dommage, car la plupart des groupes qui deviennent « connus » passent par l’Esco… Je pense que certains journalistes ne prennent peut-être pas l’endroit trop au sérieux, car il a une réputation de bar trash, punk… Mais c’est loin d’être seulement ça. »
Malgré ce manque d’enthousiasme médiatique, la salle est souvent comblée. Sûrement à cause la programmation qui ratisse large, mais bien? « Je ne sais pas. Sûrement. Mais honnêtement, je m’en fous, tant que le bar est plein et que les gens viennent voir les concerts ! C’est pour eux que je fais ça. Ceux qui n’aiment pas ma programmation n’ont qu’à aller ailleurs où ils seront comblés ! Tout ce que je veux, c’est que tout le monde soit heureux ! »
Baignant dans le monde de la musique alternative, indépendante et émergente depuis plusieurs années, la responsable du booking et de la gérance à l’Escogriffe est aux premières loges pour tâter le pouls d’une industrie qui a ses difficultés oui, mais qui est tout de même encore très vigoureuse. « Depuis quelque temps, je remarque un côté DIY (Do It Yourself) un peu plus fort. Et vraiment, j’adore ça. Les musiciens recommencent à croire qu’ils peuvent y arriver par eux-mêmes et ça me rejoint énormément. » Et selon elle, quelle est la plus grande difficulté qu’un artiste indépendant risque de croiser au cours de son cheminement ? « Je pense que ça reste toujours les mêmes obstacles: le manque d’argent, de subventions et de reconnaissance dans le milieu de l’industrie de la musique au Québec.»