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Comment se porte le milieu du design industriel au Québec ? Baron s’est entretenu avec quelques représentants et professionnels québécois pour en savoir un peu plus. Discussion avec Jean-François Jacques, designer industriel et cofondateur de Météore Design.
Jean-François Jacques est un designer de produits par passion et cofondateur en 1987 de Météore Design. Sa firme est un bureau, à la fois de commande et de projets, qui répond aux besoins spécifiques de ses clients et qui aime aussi construire et dicter ses propres règles pour de nouveaux produits à concevoir. Depuis plus de 20 ans, Jean-François Jacques enseigne à l’École de design industriel de l’Université de Montréal.
Baron : Pouvez-vous nous en dire plus sur Météore Design ?
Jean-François Jacques : L’innovation, l’ingéniosité, l’esthétique et l’harmonie du rapport usager/produit sont les caractéristiques que les designers de Météore Design intègrent à leur mandat. Tout au long du processus de création, notre entreprise apporte une analyse continue et n’hésite pas à bousculer l’archétype des objets. Ils désirent aussi développer des produits essentiels répondant à des besoins et usages renouvelés, conduits par les nouveaux codes de vie.
De plus, nos outils de conception sont à la fine pointe de la technologie. La validation est soutenue à tout moment par la réalisation d’images photographiques, d’animations, de maquettes et de prototypes. De la feuille blanche à la mise en marché, leur processus de création est enrichi par cette vision globale du développement d’un produit.
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B. : Quels sont pour vous les enjeux majeurs du design industriel de manière générale ?
J.-F. J. : Un produit novateur et intelligent avant tout. Avons-nous besoin de nouveaux produits ? Non, mais des meilleurs, oui ! Il y aura toujours de la place pour un produit inventif qui change et améliore notre comportement. De nos jours, il y a trop d’objets inutiles rendus indispensables.
B. : Pouvez-vous nous donner des exemples ?
J.-F. J. :
Il y a probablement trop de gadgets qui donnent l’impression d’améliorer notre vie, mais qui l’empoisonnent. Je ne veux pas parler du bibelot qui a un rapport émotif avec l’usager et qui est souvent indiscutable, mais de l’objet qui se veut fonctionnel tout en étant dysfonctionnel. Difficile pour moi de vous donner un exemple, car je ne m’entoure pas de ces objets. Il faut juste faire une tournée de détaillants pour en trouver de multiples.
B. : Comment le design industriel progresse-t-il au Québec ?
J.-F. J. : Il n’y a pas de frontière pour la création d’un produit, par contre la commande et la fabrication sont des facteurs de territoire. Le Québec possède de moins en moins d’entreprises manufacturières aptes à commander aux designers de nouveaux produits.
B. : Comment pensez-vous que la vapeur pourrait être renversé ?
J.-F. J. :
L’entreprise manufacturière est de moins en moins compétitive et distinctive au Québec. La concurrence asiatique est trop forte. Je crois qu’il faut foncer dans le développement de compétence spécifique forte à notre identité. La technologie de la voiture électrique aurait pu venir du Québec! Nous ne devrions pas avoir besoin d’acheter des bâtons de hockey d’un autre endroit que le Québec. Par contre, l’entrepreneuriat est stimulé par certains leviers économiques et des émissions télévisées telles que Dragons’ Den (CBC) et Dans l’oeil du dragon (SRC) sont des véhicules stimulants et éducatifs pour notre fibre d’entrepreneurs. C’est le jeu de l’offre et la demande. Devons-nous attendre la demande du consommateur pour agir ou créer une demande et y répondre? Les plus visionnaires vont créer cette demande et vont offrir.
Jean-François Jacques, Designer Industriel (ADIQ – ACID)
B. : Selon vous, comment prouver au milieu des affaires la valeur de votre profession ?
J.-F. J. : De dire tout simplement, au milieu des affaires, que la qualité et la justesse du design d’un produit passent par un penseur, celui qui aura pris le temps d’évaluer tous les enjeux de conception ; la fonction, l’esthétique, les facteurs de risques et la distinction.
B. : Quels sont vos atouts principaux pour rendre vos services attrayants aux yeux des entreprises ?
J.-F. J. : Nos atouts, mis à part la qualité de conception et l’objectif de l’excellence, c’est la connaissance et la vision d’un ensemble où se situe le produit à concevoir. Mais aussi, c’est surtout le questionnement que nous apportons pour nous amener vers de nouveaux chemins non défrichés.
B. : Comment gérez-vous le processus créatif lors la réalisation de vos projets et qu’est ce que cela représente pour vous ?
J.-F. J. : Avant tout, les meilleurs projets réalisés se sont faits en équipe. Cet échange est primordial, il faut être ouvert et à l’écoute des choses et des évènements qui nous entourent. La validation est de première ligne. De nos jours, les outils disponibles pour notre profession sont très performants, avant même d’investir dans un moule d’injection, nous aurons eu le loisir de valider tous les paramètres du produit. Notre firme possède aussi une imprimante 3D, ce qui nous permet de construire notre projet, sans frais important, pour évaluer le volume — l’ergonomie — les mécanismes et l’esthétique.
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