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Seize finissants en mode : du fast au slow fashion

Seize finissants en mode : du fast au slow fashion

Qui sont les designers de demain ? De quoi s’inspirent-ils et comment créent-ils ? C’est un peu pourquoi Baron s’est associé à l’évènement Défilé collectif, le défilé des finissants en design et stylisme de l’UQÀM 2014. L’objectif : mettre de l’avant les jeunes créateurs et comprendre leur processus créatif. Voilà pourquoi Baron présente, en parallèle au défilé, un dossier spécial sur l’événement et la nouvelle cohorte de designers. Prenez note que le défilé aura lieu le mardi 29 avril, dès 18h, et qu’il sera diffusé en direct sur Internet, à l’adresse suivante : www.defilecollectifuqam.com.

Cette année, ils sont seize à franchir la dernière étape de leurs études. Ils ont été encadrés par Milan Tanedjikov et Andrew McNally. En plus d’enseigner le marketing au niveau collégial, Milan est aussi le fondateur de la marque Perplex & Lola. Il a évolué dans la commercialisation de la mode, tout comme Andrew, qui enseigne aussi au Collège LaSalle et qui est également chroniqueur pour le Journal de Montréal. Baron s’est entretenu avec les deux chargés de cours en design et stylisme de l’UQÀM, pour en savoir plus sur les finissants 2014 et le développement de l’industrie de la mode.

Baron : Il est probablement difficile de comparer les différentes cohortes de finissants, année après année, mais comment qualifieriez-vous le groupe de 2014 ?

—> Milan Tanedjikov

Milan Tanedjikov : Selon ma perspective, la plus grande différence s’avère être le nombre de finissants. Comparativement aux années précédentes, la cohorte actuelle est deux fois grande. Du fait, en terme de logistique, tout est un peu plus compliqué, mais on y arrive. Le groupe de finissants 2014 est très motivé !

Andrew McNally : Il y a seize designers et chacun d’entre eux présente une collection d’environ huit looks. C’est vraiment particulièrement chargé cette année à cause du nombre de finissants qu’on a. Ce que je trouve de particulier à ce groupe, en terme d’esthétique, est qu’il y a beaucoup d’élèves qui tendent vers le slow design. Ils ont des valeurs très locales. Il y a moins de vêtements qui sont extravagants et tape-à-l’œil; il y a un plus grand souci de la fonctionnalité et de l’environnement. Au niveau des couleurs, le ton est, en général, très neutre et pessimiste. Il y a aussi beaucoup de silhouettes très androgynes. Il y a beaucoup de noir, de gris, de blanc, de marine. Il n’y a pas beaucoup d’accents. Si on compare les seize, ce sont plutôt des couleurs sombres.

M. T. : Une autre chose que l’on trouve assez particulière, cette année, est qu’il y a plusieurs jeunes parmi les élèves qui sont déjà en affaires. C’est quelque chose d’assez inusité, qu’on n’a pas vu dans le passé et qui nous donne quelques problèmes de droits d’auteur. Est-ce que c’est commercial ? Est-ce que c’est dans le cadre d’un projet d’études ?

B. : Est-ce qu’ils sont influencés par les tendances ? Comme ce sont les designers de demain, est-ce que qu’ils font les tendances ?

M. T. : On ne peut pas dire que les seize sont des lanceurs de tendances. Je dirais qu’il y a peut-être une volonté de créer de la nouveauté. Mais, quand tu veux, ça ne veut pas dire que tu réussis nécessairement.

—-> Andrew McNally

A. M. : Tout cela reste quand même le travail de fin de bac de jeunes universitaires et il porte beaucoup sur la réflexion qui est ensuite transposée dans le vêtement. C’est le produit de leur recherche.

M. T. : Il y a une certaine profondeur au niveau des concepts. Lorsqu’on discute avec eux de leur collection, leurs points de départ sont souvent issus d’un univers plus grand, de tendances sociologiques ou démographiques qui ont influencé leur vision. Ce n’est pas du fast fashion. On ne crée pas des collections en se basant sur des tendances superficielles. Par rapport aux autres institutions, ici, les élèves se démarquent par une grande profondeur au niveau de leur réflexion conceptuelle.

B. : Comment le métier de designer évolue-t-il ?

M. T. : Aujourd’hui, soit tu es un designer fast fashion, soit tu fais du slow fashion. Tu ne peux pas dire qui se situe au milieu. Les designers slow fashion veulent le faire à la main, ils renient la technologie ou ils l’emploient d’une autre manière. Quand on forme quelqu’un pour qu’il entre dans l’industrie, qui donne plus dans la mode rapide, l’approche est complètement différente que lorsqu’on essaie de former des gens qui sont des créateurs. Dans notre classe on a deux groupes comme ça.

On a remarqué que ce qui a beaucoup changé, c’est la mobilité. Les gens changent beaucoup d’emploi, travaillent de la maison comme pigistes. Aussi, j’ai remarqué qu’au niveau des spécialisations, il y en a beaucoup qui sont à la fois acheteur, à la fois concepteur de site Internet, à la fois designer de mode, à la fois designer graphique. Ils portent plein de chapeaux en même temps. Est-ce que les programmes dans les écoles s’adaptent à ça ? Je ne sais pas si ça se dit, mais il y a une certaine déspécialisation.

A. M. : C’est un peu à l’image du multitâche, il faut que tu sois capable de tout faire.

M. T. : Aujourd’hui, un designer doit comprendre ce qu’est un processus de mise en marché. Il est aussi impliqué dans le processus de développement de produit. Les frontières sont très floues et je pense que les gens qui sont capables d’avoir une vision globale ont la possibilité de se démarquer dans ces nouvelles conditions d’emploi. Je pense qu’il y a une grande demande pour les gens qui sont bons en design et en marketing en même temps.

» Consulter les entrevues avec les finissants 2014

Photographe: Rubenoit
http://www.behance.net/rubenoit
Assistants photographes: Michelle Triana Tormos, Laura Mogollón et Julia Mendiburu
Équipe maquillage/coiffure: Guillaume Gilbert, Émilie Bournival, Laurence Bruneau, Kathera Rezaye, Maude Duquette et Émilie Lizotte

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