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« Artistes, écoutez-vous! » – Guillaume Moffet, premier rédacteur chez BRBR

« Artistes, écoutez-vous! » – Guillaume Moffet, premier rédacteur chez BRBR

»Consulter les archives de la chronique Dans les coulisses…

Mélomane depuis son plus jeune âge, Moffet a toujours baigné dans l’univers musical : « J’ai cette manie de connaître toutes les dates de sortie, de faire des liens. Je me rappelle de détails très précis par rapport à la musique, comme quand je travaillais chez Archambault : l’album de Céline Dion était à 14.99$. (Rires) J’ai des connaissances assez pointues qui me servent au final, même si sur le coup ça peut être vraiment ridicule. » C’est cette passion qui l’a poussé à étudier en communication à l’Université Laval et  à approfondir ses connaissances en radio à la Cité collégiale d’Ottawa. Qu’est-ce qui l’a mené à devenir premier rédacteur chez BRBR, une plateforme télévision et web pour la nouvelle musique à Toronto? « J’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes, de saisir les occasions. On me disait souvent à l’école que le journalisme, c’est 20% de talent et 80% d’attitude. Et je crois que j’ai une super bonne attitude. »

« C’est dur de rester à la page.»

Si BRBR – qui présente des entrevues, des critiques et des performances-, n’est pas encore devenu une référence comme «CISM, station à laquelle on envoie automatiquement son nouvel album », le réseau reçoit un nombre important d’offres musicales. « Notre sélection comporte un mélange de perches tendues à des artistes qu’on aime, des suggestions de rédacteurs et des artistes qui nous approchent. Pour choisir, on se base sur un point : est-ce que l’artiste est prêt? C’est loin d’être toujours le cas. Et même si notre plateforme peut devenir un premier pas dans les médias pour certains créateurs, on essaie de faire attention.»

Attention à quoi, plus particulièrement?« En plus des musiciens qui en sont aux premiers balbutiements, je dresse une ligne aux émissions de télé-réalité. Je trouve ça vraiment moins pertinent. Ces artistes ont déjà accès à une tribune de 2 millions de personnes : je ne donnerai pas une de mes vitrines au détriment d’un musicien qui a vraiment besoin de cette visibilité. »Si les collaborateurs de Guillaume sont invités régulièrement à donner leur opinion sur divers albums, c’est lui qui a le dernier mot.«  Je suis le chien de garde des décisions de la sorte. C’est dur de rester à la page : on essaie vraiment d’avoir les meilleurs bands»

« Aujourd’hui, il y a une confusion entre journaliste et fan. »

BRBR essaie d’être le plus concurrentiel possible dans un monde médiatique en pleine mutation.« Les médias traditionnels tentent de parler au plus grand nombre de personnes possible. Pour les artistes, c’est dur d’accéder à cette vitrine. Il y a aussi des questions d’espace, d’argent. »Et la montée des blogues et des webzines dans tout ça? « On n’a pas toujours affaire aux meilleurs journalistes! Aujourd’hui, il y a une confusion entre journaliste et fan. Parfois, j’ai de la difficulté à voir la pertinence de cette couverture… »

C’est pourquoi Moffet a à cœur de permettre à sa vingtaine de pigistes de voir BRBR comme une école, une plateforme propice à l’exploration : « C’est important que ces mélomanes trouvent leur propre point de vue. Dans notre équipe, certains ont une belle influence web, d’autres une super vision et/ou une plume efficace. On essaie de miser sur les forces.» Surtout, Guillaume souligne l’importance de garder une certaine distance: «Dans ce métier, c’est plutôt ardu de mettre une ligne entre le travail et les loisirs. Il faut que je garde en tête le p’tit gars en moi qui avait manqué l’école pour aller acheter le nouveau Smashing Pumpkins! Ce serait triste que mes collaborateurs soient blasés: c’est important qu’ils gardent la flamme», affirme Guillaume en riant.

Et maintenir la passion quand on est artiste indépendant… Possible?

Si le premier rédacteur chez BRBR croit que oui, il met tout de même en lumière l’importance du soutien envers les artistes. « Que ce soit par le public, le milieu ou ses proches, il ne faut jamais sous-estimer les bienfaits d’une tape dans le dos. C’est tellement louable de faire ça par passion! Je me prosterne à chaque fois. Ça prend des couilles, un amour véritable pour la musique.» Selon lui, cette passion peut même devenir un piège: « Certains artistes vont avoir tendance à aller dans des directions qui ne leur conviennent pas. Mon conseil: artistes, écoutez-vous! Il faut laisser parler sa petite voix intérieure et maintenir ses positions. Si tu aimes vraiment ce que tu fais, si ce que tu crées, c’est toi: ça va marcher un jour. »

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