Médias et ordres professionnels réclament de plus en plus le recours aux concours architecturaux pour le choix des projets pour nos grands projets publics. Si ce processus de sélection gagne en popularité, on voit aussi s’accroître les questionnements et réflexions sur son mode de fonctionnement et sur sa place dans la pratique de l’architecture au Québec. Quel type de concours mettre en place (sur invitation, par phases, etc.) ? Comment établir le programme et les critères de sélection ? Qui fera partie du jury ? Quel mode de représentation doit être privilégié ? Le discours est déjà bien présent au sein des ordres professionnels et instances publiques.
En plus d’avoir consacré un numéro entier de la revue ARQ aux concours architecturaux (novembre 2013), l’Ordre des Architectes du Québec laisse une place de choix sur son site web à la présentation du principe de concours et offre même à ses membres des formations dirigées sur la présentation des mécanismes et règles qui en découlent. Toutefois, si dans certains pays les mécanismes des concours architecturaux sont déjà bien ancrés dans les commandes de bâtiments publics et dans celles de clients et investisseurs privés, au Québec, le principe de concours n’est pas aussi répandu dans la sphère privée. Une question de culture ou d’accès à l’information? Pour plusieurs d’entre nous, le potentiel que représente ce principe reste encore à découvrir. S’il reste encore beaucoup à faire en termes de diffusion de l’information au public à ce niveau, il y a tout de même de plus en plus d’outils disponibles et de nombreuses recherches universitaires se penchent sur la question et font parler d’elles.
Ainsi, le Laboratoire d’Étude d’Architecture Potentielle (LEAP) de l’Université de Montréal, mettra en ligne le 28 février la version revampée de son Catalogue des Concours Canadiens (CCC). La mission à la base de cette plateforme vient justement mettre en lumière au public la plus-value que peuvent représenter les concours en termes d’amélioration de nos milieux de vie. En rassemblant sous un même toit une série d’archives de concours et en présentant des analyses comparatives de propositions pour un même projet, la nouvelle plateforme du CCC permettra d’alimenter et de garder vivantes les réflexions lancées par les créateurs qui répondent de manière différente à un même problème. Comparativement au principe d’appel d’offres traditionnel, le principe de concours permet notamment de mettre de l’avant une multitude de réponses créatives qui placent souvent à l’avant-scène la question de l’expérience sensorielle de l’architecture et des espaces urbains.
Si les réflexions, souvent d’ordre social et culturel, soulevées par la variété des propositions à un même concours peuvent ainsi perdurer grâce à des groupes comme le LEAP, c’est qu’on y laisse une grande place aux projets qui n’ont pas été réalisés. Ces projets sont ainsi perçus comme d’autant d’architectures potentielles porteuses d’idées nouvelles et qui contribuent à définir la culture urbaine et architecturale dans laquelle nous évoluons. Donner place à ces projets non réalisés, c’est donner place au dialogue et aux échanges en matière de conception.
Photo d’entête :
Proposition de Fugère Architectes + BIG pour le concours de l’agrandissement du Musée National des Beaux-Arts du Québec.