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« On dénonce la complaisance et on s’en tient loin. » – Olivier Morneau, fondateur et rédacteur en chef de Feu à volonté

« On dénonce la complaisance et on s’en tient loin. » – Olivier Morneau, fondateur et rédacteur en chef de Feu à volonté

»Consulter les archives de la chronique Dans les coulisses…

C’est dans un petit café rue Mont-Royal que j’ai rencontré Olivier Morneau, Élise Jetté et Ève Lévesque de Feu à volonté. Le fondateur et rédacteur en chef du blogue indépendant portant sur la musique indie, alternative et locale, Olivier, se rappelle en riant des débuts : «C’est né dans le sous-sol de mes parents il y a quatre ans. J’avais envie de partager mes découvertes et c’est resté ce que c’était à la base : un hobby. Nous ne sommes pas payés pour faire ça.» Pourtant, le petit webzine de sous-sol est devenu depuis une référence certaine pour ceux qui aiment s’informer sur la musique plus underground.

« Il y a une certaine paresse intellectuelle.» – Ève Lévesque

Comment choisir parmi la tonne d’offres musicales? «Soyons honnête : on pourrait facilement écrire un article par jour sur des artistes émergents et ne jamais manquer de matériel. Il y a tellement de musiciens qui auraient besoin d’une couverture et qui n’en ont pas! On y va par passion, par intérêt. Au lieu de choisir seulement parmi les 200 courriels qu’on reçoit par jour, on se promène sur des blogues undergrounds, des pages Facebook d’artistes… Comme ça, on sort du lot.» explique Élise.

Très loin de trouver que la critique culturelle au Québec est appropriée, Olivier a choisi dès le début une ligne éditoriale qui s’en éloigne énormément : «On dénonce la complaisance et on s’en tient loin. Au Québec, on tire vers le bas en voulant se protéger. Un bon exemple : Mes Aïeux qui a encore été nommé le groupe de l’année à l’ADISQ. Sérieusement! C’est traditionnel chez nous d’avoir peur de perdre notre culture, notre langue. Conséquence : les critiques ont souvent peur de ce qui est anglo.» C’est d’ailleurs une des raisons principales de l’existence de Feu à volonté : la difficulté de certains groupes à faire parler d’eux à Montréal, surtout s’ils ne proviennent pas de la scène locale. Ève ajoute : « La presse ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Elle va affirmer qu’Arcade Fire c’est de la bombe, parce que tout le monde dit que c’est de la bombe. Il n’y a pas plus de questionnement.»

En plus du manque de couverture envers la scène de la musique indépendante, Ève soulève aussi le moindre intérêt d’une grande partie de la population envers la musique alternative, émergente, bref…différente? « Il y a une certaine paresse intellectuelle là-dedans. Ça se trouve autant du côté de la grand-mère qui commence à s’intéresser aux Sœurs Boulay seulement parce qu’elles passent à la télé que de celui de l’ado de 16 ans qui passe sa journée devant Musique Plus. »

« Il faut qu’on aime en esti la musique émergente et indépendante… » – Élise Jetté

Pour pourvoir à ce besoin, la quinzaine de pigistes de Feu à volonté passent beaucoup de temps à décrypter la scène musicale. «C’est énormément de travail de gestion, autant par rapport aux relations de presse, aux réseaux sociaux qu’au contenu.» avoue Ève. Malgré le manque de temps, le blogue offre approximativement 5 articles par semaine. Critiques d’albums, entrevues et opinions: le tout bénévolement pour tenter de dresser un portrait fidèle de l’actualité musicale. Et c’est Élise qui met le doigt sur l’aspect alarmant de la situation : « Il faut qu’on aime en esti la musique émergente et indépendante pour prendre de notre temps personnel, en plus de nos emplois de jour, pour travailler sur Feu à volonté! » Fou rire autour de la table. Oui, une chance que certains l’aiment à la folie parce qu’apparemment, elle semble manquer méchamment d’attention.

Photo: Emmanuel Delacour
Merci à Cheap Thrill pour les photos

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