Le Centre Canadien d’Architecture (CCA) présente l’exposition Comment les architectes, les experts, les politiciens, les agences internationales et les citoyens négocient l’urbanisme moderne : Casablanca Chandigarh, du 26 novembre 2013 au 20 avril 2014. L’exposition propose une nouvelle historiographie de l’urbanisme moderne inspirée de deux grandes expériences urbaines : les nouveaux quartiers résidentiels de Casablanca au Maroc, aménagés dans les années 1950 par Michel Écochard et une équipe de jeunes architectes français et marocains, et Chandigarh, la nouvelle capitale du Pendjab, état du nord-ouest de l’Inde, conçue au début des années 1950 par une équipe composée de Le Corbusier, Pierre Jeanneret, Maxwell Fry et Jane Drew, épaulés d’architectes et d’urbanistes locaux.
L’exposition souhaite ouvrir et nourrir de nouvelles discussions sur une forme d’urbanisme moderne ayant pris racine dans de multiples lieux hors des frontières géographiques et culturelles occidentales. Chandigarh et Casablanca offrent deux perspectives architecturales à la fois nouvelles et innovantes autour de la modernité ; celles-ci ont encore une pertinence pour notre conception et nos pratiques actuelles. Ces deux expériences nous invitent à découvrir l’essence de la ville moderne dans ses aspects quotidiens et non au travers de ses lieux et monuments emblématiques. Elles nous encouragent à voir l’architecture et l’urbanisme comme le fruit d’un travail collectif ou encore un résultat négocié entre divers acteurs. Chandigarh et Casablanca ont, l’une et l’autre, été à la hauteur de leur vocation durant plusieurs décennies. Elles ont, toutes deux, été transformées et redéfinies en fonction de l’évolution des modes de vie et des besoisn de leurs habitants, et aussi, selon leurs aspirations.
Réalisée sous la direction des commissaires Tom Avermaete et Maristella Casciato, cette exposition explore la relation entre les particularités locales et le langage universel de l’architecture moderne dans le contexte politique de la Guerre froide. Elle met également en lumière l’essor d’une coopération économique et politique encouragée par les Nations Unies. Cette exposition reflète aussi le parti pris du CCA non seulement pour la cohabitation possible d’idéologies à première vue inconciliables (ancrées dans des époques et des géographies différentes et issues de motivations variées), mais aussi, et c’est là tout l’intérêt, pour cette troisième voie authentique et productive qui découle d’un tel rapprochement.
L’exposition est en partie constituée d’objets provenant du Fonds Pierre Jeanneret, récemment donné au CCA par Jacqueline Jeanneret, de pièces prêtées au CCA par des institutions internationales d’envergure comme la Fondation Le Corbusier, la Cité de l’architecture et du patrimoine, le Gta/ETH de Zurich, le Trust Aga Khan pour la culture, les Archives de la Architectural Association (AA), les Archives de la bibliothèque Avery, Columbia University, les Archives diplomatiques de Nantes, l’Université de Bologne et l’Université de technologie de Delft.
L’exposition, de même que la publication, présentent aussi les clichés réalisés par Yto Barrada et Takashi Homma offrant une lecture actuelle de ces deux villes et illustrant leur capacité à se modifier, à s’adapter, voire à se transformer.
Près de 400 artefacts attendent le public, dont plus de 150 clichés historiques, des maquettes, des dessins et des plans, des cartes géographiques et des publications comme les rapports d’experts rattachés à des organisations internationales, et des photos et vidéos contemporaines.
« Vous avez là le fruit de nombreuses années de recherche et d’efforts collectifs qui montrent que la rencontre entre différentes réalités urbaines remet en cause les gabarits normatifs, les bouleverse et les s’inscrit, au contraire, dans la productivité; ces réalités sont « l’affirmation d’un monde nouveau, d’une façon différente de voir et de penser le monde », explique Maristella Casciato. Pour Tom Avermaete, « Casablanca, tout comme des villes telles que Chandigarh, appartient à une nouvelle lignée de villes modernes. Alors que Brasilia, nouvelle capitale brésilienne aménagée à la même époque par Lúcio Costa et Oscar Niemeyer, propose un modèle statique de la ville moderne idéale, alors que Casablanca et Chandigarh donnent forme à un modèle urbain plus dynamique et ouvert, à l’image de ce que souhaitaient les urbanistes les ayant conçues. »
LES COMMISSAIRES
Tom Avermaete est professeur d’architecture à l’Université de technologie de Delft et s’intéresse tout particulièrement à l’espace public et à l’architecture des villes en contexte occidental et non occidental, sujets sur lesquels portent ses recherches. Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé Another Modern: the Post-War Architecture and Urbanism of Candilis-Josic-Woods (2005) et l’éditeur des ouvrages Architectural Positions: On Architecture, Modernity and the Public Sphere (2009), Colonial Modern: Aesthetics of the Past, Rebellions for the Future (2010), et Structuralism Reloaded: Rule-Based Design in Architecture and Urbanism (2011). M. Avermaete a également coédité la revue OASE Journal for Architecture, édité le numéro spécial intitulé L’Afrique C’est Chic et coréalisé le projet de recherche et d’exposition In the Desert of Modernity: Colonial Planning and After (Berlin 2008, Casablanca 2009). Ses projets actuels comprennent, entre autres, une contribution à la Biennale d’architecture de Venise en 2014.
Maristella Casciato est directeur associé du Centre d’étude du CCA. Elle a été professeure agrégée en histoire de l’architecture à l’Université de Bologne, boursière Fulbright (1992), chercheuse associée aux INHA de Paris (2004), boursière du programme de chercheurs Mellon du CCA (2010) et présidente de DOCOMOMO International (de 2002 à 2010). Ses travaux de recherche portent sur l’histoire de l’architecture européenne du 20e siècle, plus particulièrement sur la contribution des Pays-Bas, la culture nationale italienne et l’architecture de la reconstruction ayant suivi la Deuxième Guerre mondiale, ainsi que sur la théorie de la conservation de l’architecture du passé récent. Depuis la fin des années 1990, Mme Casciato se consacre à l’étude des travaux de Pierre Jeanneret et de sa participation à la construction de Chandigarh. Elle a déjà coordonné, à titre de commissaire, l’exposition Twilight of the Plan: Chandigarh and Brasilia à l’Académie d’architecture de Mendrisio (2007).
LES PHOTOGRAPHES
Yto Barrada est photographe et artiste en arts visuels. Elle vit et travaille à Tanger (Maroc) et à New York. Elle a étudié l’histoire et les sciences politiques à la Sorbonne (Paris) et la photographie à l’International Center of Photography à New York. Elle a fondé la Cinémathèque de Tanger, qu’elle dirige encore, et est membre de la Arab Image Foundation. Son travail, reconnu, lui a notamment valu le prix Artiste de l’année 2011 décerné par la Deutsche Bank.
Takashi Homma a étudié la photographie à l’Université Nihon de Tokyo et est professeur invité à l’École d’études supérieures de l’Université Tokyo Zokei. Après une période d’apprentissage dans une agence de publicité et du temps passé à travailler pour un magazine de mode à Londres, il produit la grande partie de ses œuvres à Tokyo. En 1994, il reçoit le prix de photographie 24 Ihei Kimura pour Tokyo Suburbia. En 2008, il publie Tokyo, un ensemble de documents photographiques sur l’expérience des changements de la ville constatés chaque jour du point de vue des enfants.
SCÉNOGRAPHIE DE L’EXPOSITION
Atelier Bow-Bow, firme de Tokyo spécialisée en design architectural et en urbanisme, a défini, en collaboration avec l’équipe de conservation du CCA, une approche conceptuelle de laquelle dérive la scénographie de l’exposition et ses trois grands thèmes : Exploration, Aménagement et Modelage du tissu urbain. La signature graphique de l’exposition est l’œuvre de FEED.
PUBLICATION
L’exposition Comment les architectes, les experts, les politiciens, les agences internationales et les citoyens négocient l’urbanisme moderne : Casablanca Chandigarh s’accompagne d’un ouvrage du même nom devant paraître en anglais et en français en février 2014. Copublié par le CCA et Park Books (marque de l’éditeur de Scheidegger & Spiess de Zurich dans le domaine de l’architecture), le livre suit le développement thématique de l’exposition et propose un récit interprétatif plus exhaustif et des images d’archives couleur ou noir et blanc de dessins et de plans, de photographies et de cartes géographiques. Prix : 42 $ CAN, 35 Euros.
(source: v2com)