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Jean-Michael Seminaro: mélancolique nocturne

Jean-Michael Seminaro: mélancolique nocturne

Il court les évènements à photographier pour Baron, mais Jean-Michael Seminaro fait aussi de la photo pour son propre plaisir. En fait, il présente sa première exposition de clichés, intitulée Le plus grand des mensonges, du 10 juillet au 4 août 2013, à l’atelier b.

Comme la majorité des communications avec notre collaborateur se fait via le chat de Facebook, pourquoi changer une formule qui fonctionne? Il était chez lui en train de préparer son exposition – et son imprimante commençait à manquer de cyan – quand je l’ai dérangé pour quelques minutes. Conversation avec un artiste qui côtoie la mélancolie… avec un sourire!

Baron: Allons dans le vif du sujet : que présentes-tu pour ta première expo photo?

Jean-Michael Seminaro : C’est une sélection de photos tirées principalement de deux projets en cours. Il y a une série de photos nocturnes, mélangée à une série sur mon père que j’ai commencée il y a longtemps. Le tout semble vouloir s’unir, car les deux projets constituent une recherche sur moi même.

B: Ok, donc, entre le « nocturne » et ton père, le lien, c’est toi?

JMS: Il y a la vision que j’ai de mon père et la personne que j’espère ou n’espère pas devenir. Le lien est la réussite dans une vie. La nuit, tout semble étrange et les détails, les indices se dévoilent. J’aime faire des liens entre les choses qui ne semblent pas en avoir entre elles. Des signes, des métaphores, mais aussi des liens formels. Comme les cheveux d’une personne ou la peau d’un arbre qui se meurt, tu comprends? Quand je photographie une plante, je photographie le fait qu’elle semble tomber, et non pas la plante en elle-même. Les objets parlent. Si une rue est triste, c’est parce que les objets le disent.

B: Tu sembles avoir une vision noire des choses et de la vie : tristesse, nuit, chute, perspectives sombres…

JMS: Assez, je dirais… Mais j’aime vraiment la vie, peut-être trop pour accepter des choses inévitables comme la mort.

B: Quel genre de personne espères-tu (ou n’espères-tu pas) devenir?

JMS: Je ne veux pas être une personne qui va finir par lâcher prise. Une personne avec un passé lourd et des remords. Il n’y a rien de spectaculaire dans mes photos. Je porte seulement une attention particulière aux détails, aux choses anodines. Ce que j’aime avec la photo, c’est d’avoir la chance de pouvoir faire « pause » sur une chose banale et d’y réfléchir vraiment.

B: Que fais-tu exactement pour réaliser le projet nocturne?

JMS: Je vais me promener; c’est l’exercice de la promenade solitaire. Prendre le temps d’être seul. J’utilise toujours le flash, car ça centre le sujet. En post-process, je travaille beaucoup avec les ombres, et n’importe quel sujet devient étrange. Le jour, je repère des endroits afin d’y retourner la nuit. La nuit a aussi une connotation triste.

B: Que trouves-tu beau dans la tristesse? Ou dans l’étrangeté?

JMS: Je ne sais pas trop. Je suis de nature mélancolique. Je ne comprends pas les gens qui sont toujours heureux, qui ne semblent pas voir la gravité de la vie. Mais j’ai sûrement tort, tout ceci n’est sûrement pas si grave.

B: Pour le projet sur ton père, que montres-tu de lui?

JMS: Pour l’expo, c’est la rue où il a grandi. Je parcours le quartier et je reviens à la maison; je cherche des indices.

B: Donc, c’est encore dans un esprit de promenade durant la nuit…

JMS: Oui, mais de jour avec un soleil fort, genre à midi. Aucune ombre.

B: Ok… Est-ce que ça signifie l’aspect contraire ou complémentaire, le jour et la nuit?

JMS: Je préfère laisser parler les images pour ce qui est de mon père.

B. En terminant, quel est, selon toi, le plus grand des mensonges?

JMS: Ahaha! Le poids de la vie! Cela peut être plusieurs choses, tout dépend de l’interprétation.

Ne vous méprenez pas, Jean-Michael est un bon vivant très souriant. Venez découvrir son univers lors du vernissage, qui aura lieu le mercredi 10 juillet dès 17 h à l’atelier b., situé au 5758, boulevard Saint-Laurent.

jeanmichaelseminaro.tumblr.com

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