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The Carton est un magazine libanais traitant de gastronomie et d’art contemporain. Il est un autre média de niche du Moyen-Orient, qui nous amène à découvrir la jeunesse, la culture éclectique et les talents dont regorge la région. The Carton permet de découvrir tout ça en utilisant la gastronomie locale et les différents environnements artistiques. Entrevue avec l’éditrice, Jade George.
Baron : Comment The Carton a-t-il vu le jour?
Jade George : Nous voulions faire notre part pour le journalisme et pour notre culture.
The Carton est un manifeste de la culture alimentaire à travers les histoires et les mémoires – parfois satiriques – des personnes, qui dépeignent les divers aspects de leur culture. Que ce soit sous un angle sociopolitique, anthropologique ou psychologique, l’alimentation lie le voyage au magazine.
B : Comment décririez-vous votre ligne éditoriale?
JG : Nous prêchons pour le journalisme « lent ». Une grande partie de notre raison d’être est de documenter les aspects de la culture du Moyen-Orient qui n’ont jamais été archivés, du moins d’une façon différente. Une fonction clé du projet est aussi d’offrir une plateforme à la scène créative, au travail expérimental de ses acteurs; de donner à ceux-ci une voix qui leur est souvent refusée, pour enfin vous donner accès à une partie de leurs travaux.
B : Pourquoi avoir choisi le média imprimé?
JG : Nous utilisons un papier sans bois fabriqué à partir de pâte à papier provenant de forêts bien gérées. Si nous préconisons l’imprimé, nous devons au moins être sensibles à son contenu. Nous désirons produire un contenu qui soit digne d’être imprimé. Ce sont les normes que nous nous sommes fixées en matière de rédaction, de conception, de typographie et de raison d’être.
B : Quelle est la réaction du public?
JG : C’est le public qui nous garde motivés, et qui nous aide à nous réinventer à chaque numéro. Ils sont le carburant du projet, à une époque où le succès n’est pas traduisible financièrement.
D’une part, la presse internationale a manifesté son intérêt pour le projet, et notre pouvoir de négociation avec les distributeurs a changé. Les professionnels sont désireux de travailler avec nous dans l’intérêt du projet. En parallèle, le public fait preuve d’un grand intérêt pour notre vision dans son ensemble.
B : Quelle est votre stratégie de vente et de croissance? Publicité ou comarquage?
JG : Bien que la vente de magazines est importante, n’importe quel éditeur de magazines vous dira que ceci ne couvre pas la moitié du coût d’impression.
Il est bon de voir que tous les éditeurs indépendants sont dans le même bateau. Nous avons lancé des collectifs, des mouvements et des affaires pour nous inspirer les uns des autres et pour sensibiliser l’opinion autour du thème de « garder l’imprimé vivant ».
Ce qui est important, c’est que nous sommes tous d’accord pour dire que l’imprimé, pour les médias de niche, est une voie difficile. Nous espérons que la réussite à long terme se traduira par la viabilité commerciale, sans compromis sur la qualité. Cela implique de trouver des moyens alternatifs. La vente de chaque magazine doit être réfléchie. Nous devons trouver les bonnes marques et collaborer avec les bonnes personnes, des gens ouverts d’esprit qui sont prêts à croire en des solutions alternatives. C’est une recherche constante de la bonne équation; celle qui convient à tout le monde.
B : Avez-vous quelques projets à venir prochainement?
JG : Nous sommes en train de mettre en œuvre un programme d’alimentation scolaire dans les Émirats arabes unis. Nous collaborons aussi à quelques projets avec d’autres éditeurs indépendants. Nous avons également un projet avec le collectif LovePrint, éditeurs de magazines indépendants dans le Moyen-Orient.