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Être un entrepreneurs anonymes

Être un entrepreneurs anonymes

Comme tout ce qui porte à l’excès, l’entreprenariat est une forme de drogue. L’entrepreneur devient d’abord obsédé par un ou plusieurs projets, puis il se renferme et s’isole, sacrifiant peu à peu ses activités sociales pour se consacrer à son vice. Tout au long de son parcours, il devra faire face à des obstacles et prendre des risques. Il aura parfois l’impression d’être le seul à vivre ce genre de situation.

Il y a maintenant un an et demi, une dizaine de jeunes entrepreneurs décidaient de se rassembler une fois par mois pour discuter de leur situation. C’était pour eux une sorte de groupe d’entraide, où ils pouvaient partager leurs inquiétudes et leurs bons coups, et où chacun comprenait la vie de l’autre. Plus tard, ils ont décidé de donner plus d’ampleur au projet pour laisser la chance à d’autres entrepreneurs de vivre cette expérience. Les Entrepreneurs Anonymes venaient de naître. Baron a décidé d’en savoir plus sur ce projet. Bien que le groupe ne veuille pas faire trop de publicité, nous avons réussi à nous entretenir avec l’un des fondateurs, Louis-Philippe Maurice.

C’est au café Olympico que je rencontre Louis-Philippe afin qu’il me raconte la genèse des Entrepreneurs Anonymes. Lui-même est entrepreneur depuis l’adolescence. Il en est à sa troisième entreprise, Busbud, une application mobile d’information sur les horaires d’autobus qui permet d’acheter des billets pour des trajets d’autobus partout dans  le monde.

Baron: Qu’est-ce que les Entrepreneurs Anonymes?

Louis-Philippe Maurice: Entrepreneurs Anonymes, c’est un groupe d’entrepreneurs créé par des entrepreneurs pour des entrepreneurs. C’est ça, la philosophie du groupe. Il y a des entrepreneurs de tous les domaines, tant en culture et en arts qu’en technologie et en mobilité, passant par le design et de l’architecture. Il y en a  qui sont même issus du milieu du design et de l’architecture. On a décidé de regrouper tous ces gens-là pour qu’ils puissent partager leurs défis respectifs. Ils ont tous quelque chose en commun. Ils ont pris un risque dans leur vie et dans leur carrière pour faire avancer concrètement un projet. C’est généralement un projet d’entreprise, mais ça peut aussi être un projet à vocation sociale ou un projet qui les passionne et qui rallie d’autres gens autour d’eux.

B: En quoi consistent vos rencontres?

LM: Il y a une rencontre mensuelle de type 5 à 7. De temps en temps, on a des invités spéciaux qui sont généralement des entrepreneurs à succès dont l’histoire est d’intérêt général. Ce sont parfois des experts dans un domaine – par exemple, le marketing viral –, mais nous avons de plus en plus de membres de la communauté de l’entrepreneuriat à Montréal qui travaillent à des projets utiles pour la communauté. Par exemple, le mois dernier, Jean-Sébastien Cournoyer est venu à notre rencontre. Il est un investisseur chez Real Ventures. Il est venu avec son acolyte, Gabriel Sundaram, qui est responsable du projet Notman House. Le projet Notman House est une maison communautaire destinée au web. Il est venu parler de son projet et de ce qu’il voulait accomplir avec ça. On a des invités comme lui qui viennent parler pendant quinze minutes. Ensuite, l’invité reste et discute avec les autres entrepreneurs.

Pendant la première année, la formule était pas mal différente. On était une dizaine d’entrepreneurs. On y allait vraiment en profondeur; c’était comme un système d’entraide. On s’assoyait ensemble, puis on parlait chacun de nos problèmes. « Je viens de perdre mon vendeur, qu’est-ce que je pourrais faire? » Après un an, on s’est rendu compte que c’était une formule qui profitait à tout le monde, mais qu’on gagnerait à nous ouvrir davantage, question d’en faire bénéficier un maximum d’entrepreneurs. En janvier 2013, on a fusionné avec un autre petit groupe qui faisait pas mal la même chose que nous, mais qui n’avait pas de nom. On a atteint une trentaine de membres. Aujourd’hui, le groupe réunit environ 100 entrepreneurs. On reçoit de plus en plus de demandes.

B: Qu’est-ce qui distingue les Entrepreneurs Anonymes des autres forums?

LM: Il y a beaucoup de forums à Montréal où les jeunes entrepreneurs peuvent échanger des idées. Dans le domaine de la technologie, on peut penser à Startup Drinks Montreal ou à Montréal New Tech. Il y a aussi Founderdating pour les gens qui sont en prédémarrage et FounderProject pour les entrepreneurs universitaires. Mais nous avons réalisé que ce qu’il manquait, c’était un forum pour des gens qui avait déjà des projets en cours de réalisation. Que nos entrepreneurs aient 5 ou 50 employés, ils sont tous appelés à relever des défis qui leur sont propres. Ça importe peu qu’ils soient en technologie, en culture ou dans d’autres domaines. Nous avons beaucoup de sujets à discuter ensemble, autant sur des thématiques macro (du genre la croissance, l’innovation, l’inspiration) que sur des thématiques plus micro (Quels logiciels utilises-tu pour gérer ton horaire? Quel est le meilleur site à Montréal pour recruter des talents?)

Le temps passe et vite. Louis-Philippe et moi parlons chacun nos parcours avec beaucoup de passion. L’échange est inspirant. C’est ce à quoi pourrait ressembler une session au sein du groupe des Entrepreneurs Anonymes, mais avec beaucoup plus d’interaction et de rencontres.

Entrepreneurs Anonymes est un club privé. Vous êtes journaliste? Vous êtes en démarrage? N’essayez même pas, vous n’y serez pas admis. Parce qu’après votre inscription sur la page web, quelqu’un s’assure que vous remplissez bien le critère de sélection : être un entrepreneur. C’est simple, non? Donc, pour tous ceux qui se sentent directement concernés par le groupe, n’hésitez pas à vous y joindre!

entrepreneursanonymes.com

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