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Alaclair Ensemble: Vive le Bas-Canada libre

Alaclair Ensemble: Vive le Bas-Canada libre

Le hip-hop québécois est en excellente santé, comme le démontre son omniprésence à la 24ième édition des Francofolies. Considéré comme un style marginal il y a quelques années seulement, le hip-hop local est en train d’acquérir ses lettres de noblesses. S’il fallait désigner un seul coupable pour expliquer le succès récent du genre, plusieurs doigts se tourneraient vers Alaclair Ensemble,  une troupe de rap locale.

    Le père spirituel d’Alaclair Ensemble est Robert Nelson, président provisoire de la République du Bas-Canada en 1838. Le groupe qualifie leur son de post-rigodon, l’hymne par excellence du Bas-Canada. Le groupe rappe de souper aphrodisiaque cuisiné avec de la viande de cheval, de la crainte d’une guerre nucléaire,  d’insectes, d’extraterrestres, etc.  À force de sortir des sentiers battus, Alaclair a créé une nouvelle manière d’approcher le hip-hop, infusant un vent de fraîcheur sur le style.

Maître chez eux

    Alors qu’une nouvelle génération de rappeurs, tels que Dead Obies et Loud X Lary X Ajust, avouent s’inspirer d’Alaclair Ensemble. Pourtant, Alaclair minimise l’impact de leur influence. Selon Ogden, l’un des rappeurs du groupe, le principal apport d’Alaclair à la scène de rap local est la manière dont le groupe diffuse sa musique. Tous les albums du groupe sont donnés gratuitement sur le net.

    « Je pense qu’Alaclair a démontré qu’on n’est pas obligé de se casser la tête pour diffuser sa musique. On peut simplement les partager sur le web sans avoir à passer par un label ou d’avoir une subvention. Il n’y a personne qui doit accepter notre produit avant de sortir un album », explique le chanteur dont les parents sont d’origine bosniaque. « Offrir sa musique gratuitement permet une plus grande liberté artistique. En bout de ligne, on peut se permettre de prendre plus de risque en tant qu’artiste. »

Révolution aux airs de Piu Piu   

Libre d’engagement, le groupe a pu laisser sa créativité s’épanouir sans contrainte. La démarche semble avoir porté ses fruits, car le groupe est considéré comme l’un des précurseurs du Piu Piu, un style de musique électronique d’origine québécoise.

Vlooper, l’un des beatmakers d’Alaclair, serait le premier avoir utilisé le terme Piu Piu lors d’une soirée. KenLo, l’autre beatmaker du groupe, décrit le style « comme un genre qui refuse de se cadrer dans une rythmique particulière, cherchant à se renouveler à chaque seconde ». Le résultat ressemble à ce qu’aurait pu jouer Miles Davis s’il avait créé de la musique avec un « Macintosh » plutôt qu’avec une trompette. De la musique improvisée, avec peu de mélodie mais qui touche l’auditeur par la créativité qui en émane.

Si le Piu Piu ressemble à la musique produite par le défunt rappeur J-Dilla et ses acolytes du même label de musique Stone Throw Records, le Piu Piu est un produit unique du Québec. « C’est sûr que les artistes d’ici s’inspirent d’ailleurs, explique KenLo, mais à un moment donné, il faut se permettre de se retrouver devant une page blanche et créer par nous même » philosophe-t-il.

À ne pas manquer aux Francopholies le 10 juin.

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