En travaillant l’univers sonore dans le contexte des arts visuels, Gabriel Coutu-Dumont permet le passage d’un vocabulaire à l’autre; il laisse le langage plastique interférer avec les codes de l’industrie musicale, les mixe. Au delà de cette simple imbrication des disciplines, il y a un désir de traiter l’image photographique, au mur en deux dimensions, ou au sol dans des boîtes lumineuses, comme un témoin de l’arrière-scène. Celle-ci tente de révéler les éléments techniques en les esthétisant et en les épurant. Le rôle des objets en trois dimensions ne se limite pas à l’utilisation des mêmes matériaux que ceux de l’industrie scénique. Il s’agit plutôt de proposer des sculptures déconstruisant les formes traditionnelles (le cube, la pyramide) en soulevant une interrogation sur la nature même de l’objet. Les œuvres de Coutu-Dumont proposent de déjouer les codes tout en admettant l’hybridité des disciplines comme une manière de faire.
Bio
Photographe et concepteur vidéo (scénographies, performances, installations) formé au Cégep du Vieux-Montréal (2001), Gabriel Coutu-Dumont est né à Montréal en 1978. Ses œuvres ont été présentées à Montréal, Matane, Edmonton et Berlin. Il est représenté par la Galerie Donald Browne. En plus d’avoir conceptualisé les scénographies vidéo de nombreuses éditions du festival MUTEK, il a participé à plusieurs projets internationaux. Depuis 2010, il est associé à Olivier Goulet au sein de Geodezik à titre de directeur de la création.
Expliquez-nous votre démarche artistique.
Mon obsession est celle de faire « voir » les sons et d’imaginer les différents niveaux de signifiants dans la culture musicale. Je visualise le tangible pour mieux le tordre et ainsi désarçonner le regardeur (trompe-l’œil ou autres aberrations visuelles, distorsions de sens, déplacements et – pourquoi pas – humour). Entre les deux, j’espère pouvoir offrir aux sens de nouvelles (?) avenues. On peut simplifier en parlant de faire dialoguer son et image (c’est la base de ce qu’on appelle « audiovisuel »), mais dans ce cas, avec ma singularité, dans le traitement varié des images source, entre photographie, dessin, vidéo et installations.
Parlez-nous des œuvres présentées lors de l’exposition.
Les quatre pièces dans l’exposition Baronesque 2012 proviennent du corpus intitulé « Living in Different Worlds » (2011). Elles proviennent d’une exploration des matérialités et du langage visuel de la musique. Le son et l’espace scénique sont explorés ici. Je manipule des images pour concevoir des photographies, des sculptures, des installations ou des vidéos ici tirées du monde du spectacle à grand déploiement. Acteur de ce milieu et traqueur de ses stigmates, je souligne les effets de sublimation induits dans les mises en scène dignes de rites spirituels ou de veaux d’or en l’honneur du quatrième art. L’expérience de ce monde parallèle s’incarne dans les œuvres par les miroirs, les noirs profonds et autres faisceaux lumineux qui flirtent avec l’ésotérisme et la science-fiction. Le corpus oscille entre gravité et légèreté, trivialité et spiritualité, unissant plusieurs mondes fantasmés entre plastique et métaphysique.
Quels sont les sujets qui vous préoccupent le plus et pourquoi?
Les sujets : la musique, la performance, le rapport performer / publics, les codes culturels rattachés à la musique, la culture populaire.
Comment vous positionnez-vous dans le milieu de l’art actuel montréalais? Vous sentez-vous appartenir à un certain mouvement, à votre époque, à votre ville?
J’utilise les outils de mon époque.
Comment voyez-vous votre travail artistique, qu’est-ce qu’ « être artiste » signifie pour vous ?
Être artiste, ça vient d’un besoin. La liberté de création est la plus parfaite des situations quand on parle de travail. La pratique de l’art répond sans doute à un besoin de trouver sa place dans le monde, d’intégrer le monde, une façon de comprendre ce qui nous entoure.
gabrielcoutudumont.com
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