Ils sont deux, l’un s’occupe des oreilles et l’autre des yeux. Chacun de leur côté, ils ont manié leur domaine depuis plusieurs années déjà. Ils ont performé au vernissage de l’exposition Baronesque 2012, c’est pourquoi nous leur posons quelques questions…
Comment est née l’idée de former un projet audiovisuel tel qu’Organ Mood?
Christophe: Dans mon cas, je crois qu’il s’agissait d’une réaction à mon expérience de la scène à l’époque. On parle ici d’environ 2007-2008. À cause de mon travail, j’ai été exposé à approximativement 1500 spectacles en l’espace de 2-3 ans et j’ai été écœuré d’une certaine façon des contraintes qui sont imposées techniquement et conceptuellement aux performeurs de la scène musicale. On leur impose un format hyper étroit et conservateur. J’avais beaucoup de difficulté à m’imaginer faire la même chose…
Mathieu: De mon côté, c’est plutôt l’approche qu’on pourrait appeler
«élitiste» des arts visuels dont je voulais m’éloigner. L’attitude qui fait que les gens qui entrent dans une galerie sont presque gênés de regarder les œuvres. Je voulais voir jusqu’où pouvait se développer cette relation avec le public…
Organ Mood: Nos recherches étaient complémentaires et on s’est rendu compte qu’en collaborant on pouvait proposer un grand projet plutôt que de rester campés dans une attitude critique face à l’élitisme ou le conservatisme de nos disciplines. Ça nous permettait d’investir des lieux vraiment variés, autant des bars, des galeries, des espaces imprévus comme une église, ou l’édifice Gaston Miron, ou même le musée d’art contemporain dernièrement. On voulait offrir une mise en scène et une signature visuelle forte. Mais on garde toujours comme but d’amener les gens à se plonger dans l’environnement singulier qu’on crée à chaque spectacle.
Vous avez un album de 6 chansons. Comment fonctionnez-vous avec le visuel en concert? Avez-vous le même visuel propre à chaque chanson ou est-ce que c’est toujours un peu de l’improvisation?
Organ Mood: Autant pour la musique que pour le visuel, nos performances prennent la forme d’improvisation composée. On a choisi des éléments directeurs qui reviennent d’une fois à l’autre. Mais étant donné qu’à chaque show l’environnement et le public sont assez différents, la façon dont ils vont se présenter et s’enchaîner va toujours varier. C’est comme ça que se sont créées les trois nouvelles pièces du EP qu’on a lancé dernièrement. Elles ont pris leur forme à partir de variations qui survenaient en spectacle.
Quelle est votre relation avec l’art visuel vs la musique? Qu’est-ce qui vient le plus vous toucher ou qui vous inspire?
Organ Mood: C’est surtout les grands projets utopiques qui nous inspirent, par exemple, Open Source Ecology et leur Global Village Construction Set. Ils sont en train de construire un ensemble de machines modulaires qui permet de construire un village et des ateliers à partir de zéro, de manière complètement DIY. On est fascinés par ce genre de sujets. Souvent, au lieu de pratiquer, on passe du temps à en parler. Ça influence autant la musique, le visuel, que la manière dont on utilise nos instruments. On veut que ces visions utopiques soient visibles à travers ce qu’on fait. On n’est pas du genre à se dire: « Telle toune, tu devrais intégrer ça dans ta prochaine composition. » ou: « J’ai vu une installation, on devrait s’en inspirer. ».
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